Cinquième semaine de lutte des gaziers et électriciens

coupent l’électricité du centre-ville
Cinquième semaine de mobilisation des agents ERDF. Confrontés au mutisme de leur direction, la cinquantaine de salariés présents devant le poste de Béthune ont choisi de couper l’électricité du centre-ville, hier matin. De la rue des Treilles à la place Joffre, on a donc vécu une heure sans courant.
Les grévistes d’ERDF s’étaient retrouvés à 9h30 autour du rond-point de Bridgestone. Une habitude depuis cinq semaines et le démarrage du conflit qui les oppose à leur direction nationale. «J’ai été surpris. Je ne pensais pas que les agents voulaient couper. On était juste partis pour mettre en heures creuses», explique Nicolas Duriez, responsable CGT à Béthune. Une radicalisation qui témoigne d’un «véritable désarroi du personnel», selon le délégué syndical.
Depuis cinq semaines, les assemblées générales se succèdent. Et les agents ERDF ne sont pas près de céder. En tout cas tant que les négociations ne s’ouvrent pas. «On a coupé la sous-préfecture. Il y a eu des coupures à Auchan, à Faurecia, sur la zone commerciale de Bruay.» Le Bruaysis, relié au poste de Gosnay, vit d’ailleurs en heures creuses depuis jeudi. Un bénéfice non négligeable pour les clients du secteur, une grosse perte pour la direction d’ERDF.
Des actions grâce auxquelles les grévistes entendent partager le gros gâteau des actionnaires. Contre qui Nicolas Duriez tempête : «Le symbole, c’est Albert Frère, le copain du président, 20 millions d’euros de dividendes en 2007. C’est le premier actionnaire de GDF Suez. Moi, j’ai dix ans d’ancienneté, je touche 1200 euros par mois. Nous, on veut la règle des trois tiers de profits annoncée par Sarkozy. Ça nous va bien. Ça ferait une augmentation de 10% sur nos salaires.»
Les agents d’ERDF s’insurgent aussi contre la pénibilité de leur travail. Ce depuis l’ouverture du marché en 2007. «Les clients sont mécontents parce qu’ils ne comprennent plus rien. Moi, je suis technicien, je me fais engueuler tous les jours. Je n’ai plus le droit de conseiller les gens, de jeter un œil à leurs factures parce qu’on ne peut pas favoriser EDF. On nous a pourtant formés pour ça pendant des années. Maintenant, on est juste des bras.»
Concrètement, ils réclament 5% d’augmentation et une prime de 1500 euros au regard des «profits record» d’EDF et GDF Suez. Sinon, la grève et les coupures se poursuivront. Le mouvement se radicalisera. «Les renseignements généraux sont en alerte totale. Le capitaine m’appelle tous les jours.»
Leur presse (La Voix du Nord), 6 mai 2009.

Tulle : Bloquage de l’immeuble consulaire par des camions
Cette action, dont les syndicats nient toute responsabilité, intervient en pleine négociation avec la direction d’EDF-GDF Suez Corrèze-Cantal.
Le mouvement social se durcit à EDF-GDF Suez Corrèze-Cantal. Dans la nuit du lundi au mardi, une quinzaine de véhicules de l’entreprise appartenant aux filiales RDF et GRDF ont été dérobés sur les sites du Cazeau et de Poissac, afin de bloquer l’entrée à l’immeuble consulaire de Tulle, abritant, entre autres, la CCI de Tulle-Ussel. Le blocage a été accompagné par la coupure du courant alimentant l’immeuble et quelques entreprises alentours (l’électricité a été rétablie vers 9 heures).
Une plainte pour vol

Fait inédit, ceux qui d’habitude donnent le «la» dans les opérations semblables, voire les syndicats de l’entreprise, nient toute l’implication dans le blocage tulliste. «Nous avons été prévenus de cette action tôt ce matin par les Renseignements généraux. Il s’agit d’une initiative isolée des agents en dehors du cadre syndical», affirme Armelle Thomas, secrétaire générale adjointe de la CGT Énergie Corrèze-Cantal.
La direction de l’entreprise a quant à elle porté plainte pour vol de véhicules. Trois agents du commissariat de Tulle ont relevé des empreintes. Selon Jean-Pierre Rouzaud, adjoint du directeur territorial de RDF-GRDF Corrèze-Cantal, «il s’agit ici d’un mouvement qu’on ne peut que déplorer. Il faut être clair. Aujourd’hui, sur toute la France, lorsque les exactions sont commises sur des biens publics ou des personnes, les plaintes sont déposées et l’entreprise compte aller jusqu’au bout. Le droit de grève est à respecter. C’est normal que les agents s’expriment, mais il n’est pas normal d’empêcher les gens de travailler.»
Leur presse (Pierre Destrade, La Montagne), 6 mai.

Les salariés de ERDF mettent le feu… devant les locaux du Medef
Le mouvement à ERDF (ex-EDF) n’en finit plus. Les agents d’Électricité Réseau distribution de France combattent depuis des semaines, pendant qu’à Paris, les négociations entre partenaires sociaux vont et viennent. Il est clair que localement la tendance n’est pas à l’apaisement. Freinées un moment, les tractations auraient tout de même retrouvé une vitesse de croisière.
Hier matin, le site de l’avenue Pablo-Picasso à Bourg a été le théâtre du rassemblement des agents du département. Une assemblée générale s’est tenue qui a débouché sur la décision de transporter le conflit en dehors des murs de l’ancien siège départemental.
La cible a été les bureaux du Medef à Péronnas. Vers midi, le siège du «patronat français» a vu débarquer plusieurs dizaines de manifestants. Les pneus et les palettes ont été débarqués avant d’être incendiés par des grévistes de plus en plus remontés. la crise a sans nul doute franchi une étape supplémentaire.

Leur presse (Le Progrès de l’Ain), 6 mai.
ERDF-GRDF : 41e jour de grève, et un passage au commissariat de Foix
Quarante-et-unième jour de grève pour les employés ERDF et GRDF de la CGT et un conflit qui selon eux se durcit. Mardi 5 mai à 14h30, Sébastien Cruz, délégué syndical a été convoqué au commissariat de Foix pour y être entendu en qualité de témoin : «On lui reproche des faits qui auraient eu lieu dans le cadre de l’action revendicative a expliqué Marc Courdés, responsable régional CGT. Nous sommes aujourd’hui au quarante-et-unième jour de grève, une grève difficile parce que la direction ne nous épargne rien.»
Peu avant d’entrer dans les locaux du commissariat Sébastien Cruz déclarait : «Je ne sais pas pourquoi on me fait venir…» Sur le perron du commissariat, une dizaine de policiers en tenue ou en civil a accueilli les manifestants, mais tout s’est déroulé dans le calme.

Leur presse (La Gazette ariégeoise), 5 mai.
EDF-GDF : Les gaziers s’invitent chez les actionnaires
Manifestation, hier, devant le Palais des congrès, à l’occasion de l’assemblée générale des actionnaires de Gaz de France. Les grévistes disent leur détermination.

Reprendre l’outil de travail
«En nous empêchant de distribuer notre tract, le pouvoir a choisi son camp : celui des actionnaires. Grâce à lui, Gérard Mestrallet et Albert Frère vont pouvoir se distribuer 6,8 milliards d’euros alors que le bénéfice est de 6,5 milliards. Le groupe va s’endetter pour les rincer !» s’insurge Thierry Chevalier, secrétaire régional de la CGT énergie. Dans les rangs, la colère est palpable. Les grévistes revendiquent les coupures de gaz et d’électricité. «Ces reprises en main de l’outil de travail sont assumées collectivement en assemblées générales. On nous stigmatise mais nous, nous n’avons pas de sang sur les mains», poursuit Thierry Chevalier, qui rappelle l’explosion du transformateur d’EDF, la semaine dernière, qui a tué un agent, ou les explosions de gaz de Mulhouse et d’autres villes. Seule concession aux manifestants, une délégation d’agents a été reçue par Bernard Parmentier et Muriel Morin, respectivement directeur et directrice adjointe des ressources humaines de GDF Suez. Dans une salle à l’écart de l’assemblée générale et isolée, «comme pour un malade de la grippe porcine», par de nombreux vigiles, refusant de s’asseoir pour «protester contre le dispositif policier» et exprimer «leur refus d’être traités comme des délinquants», ils ont exigé «la réouverture immédiate et sans condition des négociations au niveau de la branche et des entreprises».
Prêts à un conflit long
«Nous refusons le saucissonnage. Négocier filiale par filiale revient à diviser pour mieux régner. Nous ne sommes pas dupes», assène Pascal Lacroix, négociateur CGT. Cédric Liechti, secrétaire du syndicat CGT de Paris, rappelle les revendications des grévistes (1500 euros de primes, 10% de revalorisation salariale, l’alignement du traitement des retraités sur celui des actifs et l’arrêt des externalisations d’activités) et interpelle vigoureusement les dirigeants : «Vous avez misé sur le pourrissement du conflit. Vous pensez sans doute que la répression et le découragement vont vous permettre de l’emporter. Sachez que cela a l’effet inverse. Nous sommes prêts à un conflit long. Chaque jour le mouvement s’étend. Les agents ne lâcheront rien ! Après six semaines de grève, nous n’avons plus rien à perdre !» Alors que les agents quittent la salle pour «protester contre l’absence de dialogue social et faire respecter leur dignité», Muriel Morin, visiblement embarrassée, leur affirme : «Les négociations continuent.» «Les négociations continuent ! Mais madame, vous les avez déclarées unilatéralement closes il y a plus d’une semaine !» lui rétorque un membre de la délégation. Interrogés par l’Humanité, les deux dirigeants se refusent «à tout commentaire». Dehors, après un compte rendu de l’entretien avec la direction, Thierry Chevalier invite les agents à rejoindre leur site et à accroître la mobilisation et la pression. «Tous ensemble, tous ensemble.»
Pas de stock-options
À la suite d’un mouvement de protestation parmi les syndicats, Gérard Mestrallet, PDG et Jean-François Cirelli, vice-président de GDF Suez, avaient renoncé fin mars au 1,13 million de stock-options qui leur avaient été accordées au titre de l’année 2008. Hier, lors de l’assemblée générale des actionnaires, Gérard Mestrallet a annoncé «renoncer dès à présent à toute attribution de stock-options au titre de l’exercice 2009» pour les 19 membres du comité exécutif.
Leur presse (Pierre-Henri Lab, L’Humanité), 5 mai.