Report de la réforme des lycées

Les bonnes nouvelles dans le monde de l’Éducation étaient rares ces dernières années. Réduction des postes d’enseignants, suppression des RASED, mise au pas de l’ensemble des personnels des établissements scolaires, volonté de libéralisation du système…
Les derniers gouvernements de droite s’étaient donc régalé à détricoter un univers qu’ils trouvaient sûrement trop égalitaire (égalitariste diraient-ils) et pas assez rentable. Mais les résistances existaient… Peu nombreuses, trop éclatées, trop divisées, mais toujours présentes. Le ministre, dit-on, vient de reculer à propos de la réforme des lycées. Face à la pression d’un mouvement lycéen ascendant, Xavier Darcos a donc préféré reporter son projet. Certes la mobilisation lycéenne n’avait, semble-t-il, pas atteint son apogée. Certes le monde enseignant ne s’était pas encore joint au mouvement. Certes reporter un projet, c’est reculer pour mieux sauter. Mais cela prouve, une fois de plus, pour celles et ceux qui pouvaient en douter, que rien ne vient tout seul et que c’est en bougeant qu’on obtient des victoires (même minimes).
Mais cette éclaircie cache peut-être autre chose…
La réforme des lycées avait été budgétisée. Elle devait correspondre aux fameuses économies «inéluctables» auxquelles devait s’attendre le monde lycéen. Maintenant que ce projet est remis sur un coin du bureau, on peut se demander qui va payer… La victime semble toute désignée : les lycées professionnels !

L’an dernier déjà, ils ont eu à subir un rude coup : la généralisation du BAC PRO en trois ans, et par là même, la suppression du BEP. Cette subite attaque, totalement déconseillée par de nombreux inspecteurs (qui ne sont pas de dangereux anarcho-syndicalistes !), va contraindre un grand nombre d’élèves à quitter le système scolaire. En effet, auparavant beaucoup d’élèves parvenaient à obtenir le BEP mais pas le BAC PRO… Ce changement brutal conduira donc ces mêmes jeunes à quitter le lycée sans avoir obtenu le moindre diplôme. Cela arrangera bien les affaires de l’Apprentissage (Lycée des Métiers et autres CFA), financé chaque année davantage par les collectivités locales (merci la décentralisation !).
Ce glissement progressif n’a qu’un seul but : accentuer la sélection du lycée, réduire les postes d’enseignants ainsi que les filières professionnelles, grignoter le temps d’enseignement des matières générales… Un bon élève est un élève ignorant qui va lui-même chercher son patron et ses stages, c’est sûr que c’est moins dangereux qu’un élève informé et mobilisé lorsqu’on l’attaque ! L’enseignement professionnel est donc dans le collimateur et le ministre espère sans doute que les élèves de ces établissements bougeront moins que leurs camarades des lycées généraux. C’est pourquoi il faudra rester attentifs et solidaires, de la maternelle à l’Université. Les projets contre lesquels nous luttons depuis déjà trop longtemps sont cohérents et obéissent à une idéologie libérale et destructrice.
Nous n’aurons que ce que nous prendrons !
École solidaire no 1, janvier 2009
Bulletin de la CNT Éducation des Hauts-de-Seine.
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