Cesare Battisti enfin libre ?
Le ministre de la justice brésilien, Tarso Genro, a décidé d’accorder, mardi 13 janvier, le statut de réfugié politique à l’ex-activiste italien d’extrême gauche devenu écrivain, Cesare Battisti, 52 ans. Après avoir fui la France en 2004, Battisti s’était réfugié au Brésil où il avait été arrêté en 2007. Il était écroué dans l’attente d'une éventuelle extradition vers l’Italie, où il avait été condamné à la prison à perpétuité par contumace pour l’assassinat de quatre personnes entre 1977 et 1979.
Battisti, qui nie avoir participé aux quatre homicides dont il est accusé, avait quitté clandestinement la France, où il avait trouvé refuge en 1981 sous la présidence du président socialiste François Mitterrand, avant que la justice française donne le feu vert à son extradition vers l’Italie en octobre 2004. Dans un entretien publié le week-end dernier dans l’hebdomadaire Epoca, Cesare Battisti avait affirmé craindre pour sa vie s’il était extradé. «Je suis certain que si je vais en Italie, je serai l’objet de vengeance. Je serai assassiné», avait-il assuré.
Il avait appelé Tarso Genro, «qui a lui-même personnellement souffert de la répression politique quand il était militant» sous la dictature militaire (1964-1985), à refuser son extradition. Le ministre de la justice est allé à l’encontre d’une décision du Comité national pour les réfugiés du Brésil, où siègent notamment des représentants du Haut Commissariat de l’ONU aux réfugiés, qui avait rejeté le 28 novembre sa demande de réfugié politique, ce qui ouvrait la voie à son extradition.
Jusqu’alors, le Brésil avait toujours refusé les demandes d’extradition vers l’Italie d’anciens activistes italiens, notamment des Brigades rouges, considérant qu’ils étaient poursuivis pour des délits de nature politique. Mais en avril, le procureur général de la République, Antonio Fernando Souza, avait rendu un avis favorable à la demande d’extradition de Cesare Battisti, refusant de considérer ses crimes comme «politiques». Il avait estimé qu’«ils avaient été marqués par une certaine froideur et un certain mépris pour la vie humaine».
Le ministère des affaires étrangères italien a demandé au président brésilien, Lula da Silva, de revoir la décision de son ministre de la justice. Une association italienne de victimes du terrorisme et de la mafia a dénoncé l’octroi du statut de réfugié politique à Cesare Battisti. «Nous prenons acte de la victoire du terrorisme dans notre pays (…) de l’humiliation pour les victimes et du mépris [exprimé] envers elles», a dénoncé dans un communiqué Bruno Berardi, président de l'association Domus Civitas.
Presse policière-bourgeoise :
Le Monde / AFP, 14 janvier 2009.
L’ex-activiste italien Battisti pourrait être libre dans les 24 heures (avocats)
L’ex-activiste italien d’extrême-gauche Cesare Battisti pourrait retrouver la liberté dans les 24 heures, ont estimé mercredi ses avocats après la décision du gouvernement brésilien de lui accorder l’asile politique.
«Nous estimons que le processus de libération devrait prendre quelque 24 heures», a déclaré à l’AFP un porte-parole du cabinet d’avocats qui l’ont défendu.
Le ministre de la Justice Tarso Genro a accordé mardi soir le statut de réfugié politique à Cesare Battisti, détenu depuis 2007 dans une prison de Brasilia où il attendait une décision du Brésil sur la demande d’extradition de l’Italie.
L’ancien militant, 54 ans, a été condamné par contumace en Italie à la prison à vie pour quatre assassinats à la fin des années 1970 mais a toujours proclamé son innocence.
La décision du gouvernement devait être communiquée mercredi à la Cour suprême brésilienne à qui il appartient d’ordonner la libération de Battisti, selon le ministère de la Justice.
Alors que l’octroi de l’asile politique à Battisti a provoqué l’indignation en Italie, une source à la présidence a affirmé que le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ne reviendrait pas sur cette décision, comme l’a demandé le gouvernement italien.
«C’est notre tradition d’accorder l’asile quand il y a un risque de persécution politique», a souligné cette source qui a requis l’anonymat.
Presse policière-bourgeoise :
Le Monde / AFP, 14 janvier 2009.