Le très haut débit relance le débat sur les risques sanitaires dans le Jura

Publié le par la Rédaction


L’arrivée de la fibre optique à partir de février, si elle ouvre la voie au très haut débit dans le Jura, repose aussi le problème des risques pour la santé, surtout avec l’installation provisoire du wimax.

Fin janvier ou au plus tard début février, la fibre optique arrivera presque partout dans le département. Autrement dit le Jura aura posé la colonne vertébrale d’un système qui, à moyen terme, devrait permettre à tout le monde d’accéder au très haut débit. Comme le souligne Jean-Claude Servillat, élu en charge du dossier au Conseil général : «On pourra avoir du haut-débit, mais il faudra l’amener partout et passer très vite au très haut débit. En 2009, notre travail va consister à répondre aux besoins. On envisage des liens avec l’Ain et la Suisse pour permettre aux habitants d’avoir un accès et une vision du monde comme l’ont les habitants des grandes métropoles.»

Voilà pour la finalité. Reste les modalités pratiques, et là, des distorsions apparaissent car si la plus grande partie du territoire sera couverte, il subsistera des zones blanches qui vont nécessiter l’implantation de nouveaux émetteurs. Or à Aiglepierre, par exemple, la population s’y oppose en invoquant le principe de précaution par rapport aux risques éventuels sur la santé.

Le Conseil général va devoir tenir compte de ce risque d’opposition qui s’est déjà manifesté cet été en Saône-et-Loire par la voix d’un collectif (lire ci-dessous), mais pour Jean-Claude Servillat, c’est la loi qui compte : «Nous avons mandaté un concessionnaire, ce professionnel applique les textes en vigueur qui imposent des normes de puissance et de propagation. On travaille donc dans un contexte d’autorisation d’État, on est dans la légalité et notre matériel agréé. Sur les pylônes existants, il y a déjà toutes sortes de choses et on a fait des études, on est de 100 à 200 fois en dessous des puissances autorisées. Quand il faut installer un pylône, on fait attention d’être assez loin des habitations. Le wimax — qui est une solution intermédiaire — sera utilisé pour atteindre les gens qu’on ne peut pas toucher autrement, mais les ondes reçues ne sont pas plus importantes que celles émises par des antennes paraboliques, il n’y a pas de critiques réelles du wimax.»

Le Conseil général veut bien entendre les doléances, mais sa stratégie est définitivement adoptée, d’autant que les cas de refus d’implantation d’émetteurs par les élus sont rares. Quant aux personnes électro-hypersensibles (les HES) qui ne supportent pas les ondes, il n’y aura — semble-t-il — pas grand-chose à faire pour elles : «C’est une maladie qu’on ne connaît pas bien, certaines personnes peuvent être plus sensibles aux ondes que d’autres, on ne sait pas pourquoi. J’admets que ces gens puissent être malheureux, qu’ils puissent ressentir des troubles, mais il n’y a pas de preuves scientifiques que c’est consécutif à une sensibilité aux ondes radio et ça n’a jamais provoqué de cancers. Il y a une différence entre la réalité et le ressenti des gens !»

Armand Spicher


En Saône-et-Loire, des opposants demandent des «zones blanches»

Cet été, le collectif des HES de Saône-et-Loire a adressé un courrier au président du Conseil général, Arnaud Montebourg, et à plusieurs présidents de communautés de communes afin de les sensibiliser aux dangers pour la santé des ondes pulsées du wimax.

Ce collectif, en relation directe avec l’association Robin des Toits qui milite activement au niveau national contre l’implantation d’émetteurs, rappelle que certaines personnes dites électro-hypersensibles (HES) ne supportent pas les ondes émises par les émetteurs et que leur vie devient d’autant plus insupportable que ces émetteurs se répandent partout sur le territoire.

En Saône-et-Loire, le Conseil général a choisi le wimax pour amener le haut et le très haut débit dans les zones non couvertes par l’ADSL. Le collectif pose donc la question de l’avenir de ces personnes dont la seule solution semble la fuite… et va même jusqu’à demander la création de zones blanches, protégées des émetteurs, pour que ces personnes puissent trouver un lieu de vie durable.

Par ailleurs, le collectif a fait savoir au président Montebourg qu’il le tiendrait responsable des conséquences sanitaires dues à l’éventuelle exposition des gens aux ondes wimax.

On n’en est pas encore là dans le Jura. À l’heure actuelle, aucune personne électro-hypersensible ne semble avoir été répertoriée, ce qui ne signifie pas qu’il n’y en a pas, mais le collectif citoyen d’Aiglepierre qui se bat pour refuser le wimax démontre bien que ce système ne fait pas l’unanimité et soulève des craintes, certes plus ou moins justifiées.

Il n’est pas exclu dans ce contexte que ce collectif puisse être rejoint à plus ou moins court terme par d’autres opposants, sachant qu’il existe encore plusieurs dizaines de zones d’ombre dans le département (près de soixante-quinze répertoriées officieusement) et qu’a priori, la solution envisagée pour les «arroser» reste le wimax.

Pour ceux qui refusent cette technologie (au demeurant coûteuse malgré les aides promises par le Conseil général) des sous-répartiteurs, autrement appelés NRA zones d’ombres, sont envisagés, mais compte tenu du nombre éventuel à installer, la facture risque d’être lourde. En tout cas, le budget global voté pour le haut débit dans le Jura (près de 40 millions d’euros) risque bien de s’alourdir s’il faut répondre à tous ces «cas particuliers».

A.S.


Pour y voir un peu plus clair
Dans le Jura, le Conseil général a décidé depuis plusieurs années d’amener le haut débit et très vite le très haut débit dans chaque foyer.
De discussions en études, le choix s’est porté sur la fibre optique.
Des câbles enfouis amèneront à peu près partout la possibilité d’obtenir le haut débit. Cette première étape que constitue ce travail d’acheminement doit s’achever dans les semaines qui viennent. À partir de là, il faudra dans une seconde étape «vendre» le haut débit à la population et l’inciter à se connecter pour pouvoir utiliser Internet de manière satisfaisante en terme de vitesse.
C’est l’objectif que s’est assignée l’assemblée départementale en 2009.
Malgré cette «couverture» par fibre optique du territoire, il subsiste un certain nombre de zones où l’ADSL ne passe pas, bref où on ne peut pas se connecter à Internet.
Pour répondre aux besoins des habitants de ces zones, une solution transitoire a été choisie, c’est la technologie du wimax placé sur un pylône (la plupart du temps existant et servant déjà à d’autres systèmes de communication sans fil). Contrairement à la fibre optique, le wimax fonctionne par ondes pulsées et doit être tenu à distance des habitations. C’est cette technologie que certains dénoncent pour ses risques éventuels sur la santé. L’autre solution éventuelle, c’est le NRA zones d’ombres, autrement dit, une technique de sous-répartiteurs.

Le Progrès (édition du Jura), 4 janvier 2009.

Publié dans Terre et environnement

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