Qui outrage qui dans ce pays ?

Publié le par la Rédaction


Nous sommes environnés de policiers lourdement armés, avec pistolet automatique, flash-ball et Taser électrique. À la ceinture une matraque Tonfa, les pincettes et la bombinette de gaz lacrymogène. En opération, ces défenseurs de l’ordre public sont casqués, tiennent un bouclier en mains, et se protègent les parties sensibles avec des éléments en plastique, articulés, les faisant ressembler à des crustacés, lors des contacts avec des manifestants sans principe. C’est cette chevalerie moderne qui ne cesse de geindre, de se plaindre de ne pas être respectée et, pire encore, de se voir constamment outragée par une population où les «individus», nécessairement suspects, seraient bien plus nombreux que les citoyens respectables.

Ces braves défenseurs de l’ordre public, qui voudraient nous arracher des larmes de compassion, encombrent les tribunaux correctionnels avec leurs plaintes pour outrage à leur précieuse personne. Face à ceux qui se hasarderaient à ne pas les respecter, nos gardiens de la paix se consolent en faisant appel à la justice. De plus, l’outrage peut également rapporter de l’argent — ne serait-ce, éventuellement, que pour payer les traites de la voiture… Cette véritable armée en campagne est composée de citoyens d’une sensibilité incroyable. Le policier s’estime outragé lors que l’on se risque à lui adresser la parole tout en refusant de lui faire la révérence obligée : «Oui, Monsieur l’agent ! Bien, Monsieur l’agent !»

Autrement plus grave, la victime d’un coup de matraque bien ajusté, ou d’un passage à tabac affectueux, peut se voir poursuivre pour outrage. Ce qui, espère le policier, peut l’exonérer de poursuites pour son comportement brutal. Il va de soi que les juges estiment, le plus souvent, que les brutalités policières sont proportionnelles à la dangerosité de ces trop nombreux «individus» qui menacent l’ordre public.

Maurice Rajsfus
Éditorial du no 26 de Que fait la police ?, janvir 2009
Bulletin d’information anti-autoritaire.


CODEDO

Suite aux nombreuses plaintes pour outrage déposées par des policiers ou de très importantes personnalités de l’État, un Collectif pour une dépénalisation du délit d’outrage —CODEDO— s’est constitué. Il va de soi que l’Observatoire des libertés publiques fait partie de ce collectif dont les prises de position peuvent être consultées sur Internet à cette adresse.



Informations nécessaires
Depuis notre passage du bulletin papier à Internet, l’audience de Que fait la police ? s’est considérablement développée mais, dans le même temps, votre courrier n’a fait que se tarir. N’oubliez pas que les coupures de la presse régionale sur les bavures et les dérives de la police et de la gendarmerie nous sont précieuses car nombre de ces «faits divers» ne sont pas relatés dans la pesse nationale. Nous vous rappelons notre adresse : Observatoire des libertés publiques, c/o NSP-Agora, 20, rue Courat, 75020 Paris.

Publié dans La police travaille

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article