Terrorisme patronal à Athènes

Quand ils attaquent une d’entre nous,
c’est nous tous qu’ils attaquent !
Aujourd’hui, 27 décembre, nous occupons les bureaux centraux de ISAP (RATP d’Athènes) comme une première réponse à l’attaque meurtière au vitriol sur le visage de Constantina Kouneva le 23 décembre, quand elle revenait du travail.
Constantina est aux soins intensifs à l’hôpital d’Evangelismos avec des problèmes respiratoires et des problèmes de vue.
Qui est-elle et pourquoi l’a-t-on attaquée ?
Constantina est une des centaines de travailleuses immigrées qui travaillent dans le ménage pour une entreprise privée, coopérant avec la société de transport public. Secrétaire générale du syndicat Panattica (de tout le département de la capitale) de nettoyeurs et femmes de chambre, très engagée et connue des patrons pour cela. La semaine dernière elle s’est disputee avec la compagnie (Oikomet) revendiquant toute la prime de Noël pour elle et ses collègues, en dénoncant les actes illégaux des patrons. Avant cela, sa mère a été virée par la même compagnie. Elle-même a été déplacée loin de son premier poste de travail, alors qu’une rencontre, après ses accusations, devrait se faire avec ses patrons et la Commission de Travail le 5 janvier 2009. Ce sont des pratiques tres répandues dans le secteur des compagnies de nettoyage qui embauchent des travailleurs précaires.
Les contrats en retard, les salaires jamais payés, les heures supplémentaires non payées, la différence entre ce que les travailleurs signent et ce qui se passe vraiment, le choix d’embaucher presque exclusivement des immigré(e)s, qui ont peur de perdre la carte de séjour, l’argent qui n’est pas declaré à la sécurité sociale, et ceci toujours sous la protection du secteur public et de ses membres corrompus, qui connaissent la situation et renforcent ces conditions d’esclavage moderne… ce sont les règles dans ce domaine.
C’est spécialement le cas d’Oikomet, une compagnie de nettoyage qui embauche des travailleurs précaires partout en Grèce, appartenant à Nikitas Ikonomakis (membre du PASOK, le parti socialiste grec) qui emploie officiellement 800 travailleurs (les travailleurs parlent du double, tandis que les trois dernières années plus de 3000 y ont travaillé), où le comportement mafieux illégal des patrons est un phénomène quotidien. Par exemple, les travailleurs y sont obligés de signer des contrats blancs (les conditions sont écrites par les patrons ultérieurement) qu’ils n’ont jamais l’occasion de revoir. Ils travaillent 6 heures et ne sont payés que pour 4,5 (salaire brut) pour ne pas dépasser les 30 heures (si non ils devaient être inscrits dans la catégorie de travailleurs à haut risque). Les patrons les terrorisent, les déplacent, les licencient et les menacent avec des démissions forcées (une travailleuse a été retenue de force dans un bureau de la compagnie pendant 4 heures jusqu’à ce qu’elle signe sa démission). Le patron crée lui-même un syndicat afin de manipuler les travailleurs tandis qu’il licencie et embauche à sa guise sans permettre la communication et l’action collective entre les travailleurs.

Oikomet a le monopole du nettoyage chez ISAP (comme dans d’autres services publics) car elle «offre le paquet le moins cher avec les conditions d’exploitation et de dévalorisation du travail les plus élevées». Tel sont les termes «d’offre et de demande» mis en place par les services publics, auquel ISAP participe. ISAP est complice du maintien de ce statut d’exploitation sauvage malgré les dénonciations continues de la part des travailleurs. L’attaque meurtrière contre notre collegue a un caractère de vengeance et de punition exemplaire.
La cible n’était pas choisie au hasard. Femme, imigrée, syndicaliste active, mère d’un adolescent ; la plus vulnérable aux yeux des patrons.
La manière n’était pas choisie au hasard. Elle relève des pratiques d’autrefois et a comme but de stigmatiser, de terroriser et de montrer ce qui les attend.
Le moment n’était pas choisi au hasard. À l’heure où les médias, les partis, l’Église, les entrepreneurs et les chefs des syndicats essayent de décrédibiliser le mouvement d’explosion sociale, où l’assassinat de sang-froid se transforme en un rebondissement de la balle, l’attaque contre Constantina passe inaperçue.
L’attaque meurtière des patrons a été minutieusement préparée.
Constantina est une d’entre nous. La lutte pour la DIGNITÉ et la SOLIDARITÉ est NOTRE LUTTE.
L’attaque contre Constantina a marqué notre mémoire des rafles racistes, des camps de concentration, des attaques paramilitaires, des accidents du travail, des assassinats de l’État, des conditions de travail d’esclavage, des inculpations, des licenciements jusqu’au terrorisme — montrant le long chemin de la lutte sociale et de classe. Notre cœur est rempli de douleur et de rage. On va seulement dire :
Les assassins vont payer !
Le terrorisme patronal ne passera pas !
Assemblee en solidarité à Constantina Kouneva
ΚΑΤΑΛΗΨΗ ΗΣΑΠ - Indymédia Nantes, 27 décembre 2008.