"Ni prêtre ni dieu Ni juge au-dessus des hommes..."

Publié le par la Rédaction

Tribunal du Puy-en-Velay :
le curé ne faisait pas que regarder…
il photographiait les jeunes filles nues


Si les voies du Seigneur sont impénétrables, la cloison de la salle de bain de l’ancien prêtre des Estables (il a été muté depuis) offrait un champ de vision plus large à l’occupant des lieux.

Homme d’Église estimé, le curé assurait également les fonctions de chauffeur de cars et animait une association faisant dans l’aide humanitaire, ainsi que dans les échanges entre jeunes Français et Lituaniens. Tout se passe pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au début 2008 où, lors d’un voyage, des jeunes filles lui demandent son téléphone portable pour passer un coup de fil à leurs familles.

Une mauvaise manipulation sur le clavier et les adolescentes découvrent d’étranges photos : des clichés montrant une jeune fille du groupe nue, prenant une douche dans la salle de bain au presbytère. D’autres se reconnaissent sur les photos suivantes.

La gendarmerie alertée, une perquisition est menée chez le prêtre. Outre des vidéos et revues pornographiques, on y découvre un aménagement pas franchement catholique dans la salle de bain : un trou dans la cloison dissimulé derrière une glace sans tain.

À la barre, le curé se confond en excuses et déclare s’être inspiré d’un film pour son stratagème. «C’était l’occasion de voir ce que je n’ai jamais vu : une femme nue. J’avais totalement oublié ces photos sur mon téléphone, elles étaient mauvaises en raison de la buée sur la glace.»

Au sentiment de trahison déploré par l’unique partie civile de ce procès, le ministère public met en évidence «la capacité de réflexion et d’organisation» du prévenu afin d’assouvir ses pulsions. L’accusation brandit alors le spectre d’un risque de passage à l’acte à l’avenir.

La défense, quant à elle, prêche en s’appuyant sur les conclusions d’une expertise : risque de récidive faible, pas de tendance à la pédophilie, acte isolé qui relève de la solitude d’un homme de soixante ans vivant dans sa prêtrise.

L’ecclésiastique est condamné à huit mois de prison avec sursis. Une peine assortie notamment d’une interdiction d’exercer une activité le mettant en contact avec des jeunes.

Christophe Bouyer - Le Progrès
(édition de la Haute-Loire), 17 décembre 2008.
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article