Avignon : Un an de prison pour les "anarcho-communistes"
À la barre du tribunal correctionnel d’Avignon, Damien, 30 ans et Grégory, 21 ans, ont eu bien du mal, hier, à tenir un discours politique cohérent pour expliquer leur geste. Malgré un nombre important de sympathisants «anarcho-communistes», installés dans la salle Beccaria.
«On voulait que les gens réfléchissent»
Pour lutter contre le tapage médiatique fait autour des élections présidentielles, ils ont décidé d’incendier le local de campagne de Michèle Fournier-Armand, situé boulevard Saint-Michel, autour des remparts, dans la nuit du 30 au 31 mars 2007. Elle était alors candidate aux élections législatives à Avignon.
Après avoir confectionné trois cocktails Molotov, Damien Barrière et Grégory Molina les ont lancés sur la permanence. Avant de s’être assuré que personne ne vivait à l’étage du dessus, pourtant deux voisines avaient été incommodées par les fumées. Le but de l’opération : montrer qu’il pouvait y avoir un ras-le-bol, une contestation face au tapage médiatique fait durant cette période post-électorale. «On voulait que les gens réfléchissent» a sobrement commenté Damien Barrière. Pourtant, leur acte, ils ne comptaient pas le revendiquer.
Pour Thierry Villardo, procureur-adjoint : «On ne peut que déplorer les conséquences sur le plan de la démocratie.» Pour «débanaliser les faits qu’ils ont commis», le ministère public avait requis trois ans de prison dont un avec sursis. Il avait également demandé un mandat de dépôt. Par la voix de Me Patrick Gontard, la partie civile a demandé un euro symbolique de dommages et intérêts.
«Une erreur de parcours»
Dans sa plaidoirie, l’avocat a relevé «le discours incompréhensible» des prévenus et s’est interrogé : «pourquoi la révolte dans la violence ?» Me Valéry Dury, conseil de la défense, a qualifié l’acte de ses clients «d’erreur de parcours». Finalement, le tribunal les a condamnés tous les deux à trois ans de prison dont deux avec sursis, mise à l’épreuve pendant trois ans. À l’énoncé du délibéré, quelques voix se sont élevées. Mais après avoir quitté la salle.
Vaucluse Matin, 27 novembre 2008.