Travailler ou lutter il faut choisir

Ne nous berçons plus d’illusions : l’école n’est pas faite pour l’épanouissement des enfants. Ce que disent les costardscravates à travers les réformes actuelles, c’est que le temps de s’en souvenir est revenu. Les enseignants sont des travailleurs dont la tâche est de formater de futurs travailleurs, maîtrisant le «socle commun» et les codes de base, à charge pour eux de faire ensuite la preuve de leur flexible «employabilité».
Le souci des dirigeants est le triptyque «lire, écrire, compter» accompagné d’une demande d’enfermement des enfants, d’enfermement des activités intellectuelles dans l’enceinte de l’école, la fin du vagabondage de l’esprit et son assujettissement au travail et au devoir. Le livret de compétences en maternelle est exemplaire à cet égard.
C’est pourquoi notre réponse se situe à ce niveau : en cessant de travailler, en refusant d’appliquer les réformes Darcos, et même en diminuant notre temps de travail (rappelons que nous n’avons pas eu droit aux RTT), nous affirmons notre refus de concourir — autant que possible dans le cadre tel qu’il est — à cette entreprise de déformation de l’enfant. Et, en passant : pourquoi toujours plus de travail sur les épaules des enfants ? Est-ce que deux heures de classe de plus ou de moins changeront quelque chose à l’épanouissement des gosses ? Et pourquoi accepter que le temps de l’école soit calé sur le temps de travail des parents ? Les parents doivent pouvoir rencontrer l’école et pas seulement les résultats de leurs enfants.
Dans ce contexte, notre appel à la grève ne se veut ni incantatoire ni abstrait : la souffrance des enseignants est en augmentation, celle des élèves ne sera mesurée par aucune évaluation, étouffée à coup de ritaline (ou de chimie) ou éloignée par l’exclusion. Il est temps de dire stop ! De nous arrêter pour empêcher ces contre-réformes réactionnaires et décider un retour de liberté.
Nous sommes capables d’organiser les écoles sans ministre, ni chef d’établissement EPEP. C’est ce que nous faisons depuis des lustres avec les conseils des maîtres. Parce qu’enseigner est incompatible avec un fonctionnement hiérarchisé et autoritaire.
Dans des grandes villes, des collègues ont amorcé des grèves reconduites. En l’absence d’appel des directions syndicales nationales qui jouent leur rôle de diversion, organisons-nous ! Plusieurs assemblées générales de villes y appellent déjà : mettons en place une coordination nationale du mouvement, composée de représentant-e-s des AG locales, pour décider d’actions communes.
Zéro de conduite no 56, décembre 2008
Syndicats CNT des travailleurs de l’éducation d’Île-de-France.
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