Boycottons les Prud'homales !

Publié le par la Rédaction

Boycottons les Prud’homales !

On nous demande de voter pour les Prud’hommes le 11 décembre en nous vantant leur aptitude à régler tous les litiges du travail pourtant, les tribunaux de Prud’hommes sont loin d’être la solution. Au vu du taux de participation, de plus en plus de salariéEs s’en aperçoivent…

Viré par les patrons, jugé par les patrons !

Le conseil des Prud’hommes est un organisme paritaire. C’est à dire que les délégués qui représentent moins d’un million de patrons ont autant de pouvoir que ceux qui représentent les 20 millions de salariéEs. Est-ce juste ? Maintenant, imaginez un tribunal dont le rôle serait de juger les voleurs et dont le jury serait composé pour moitié de ces mêmes voleurs. Croyez-vous que leur avis serait juste ? Pourtant la grande majorité des dossiers traités par les Prud’hommes sont dirigés contre des patrons et sont jugés par… des patrons. Les patrons n’ont rien à faire dans les tribunaux ou alors seulement devant !

Trop de proximité Patron/Syndicat mène à la cogestion

Il y a en gros deux manières de juger une affaire. Le jugement sur la forme, le jugement sur le fond. Le jugement sur la forme, rendu généralement en référé (procédure rapide) se borne à l’application de la loi. Même si le droit du travail dans son ensemble est généralement en faveur des exploiteurs, les lois qui garantissent des droits aux salariéEs sont assez bien appliquées… mais, souvent trop tard. Le jugement sur le fond est quant à lui le résultat d’une négociation secrète entre patrons et syndicats. Et bien sûr c’est souvent les délégués patrons qui ont le dernier mot. Par exemple, si un jugement risque de mettre en cause la pérennité d’une entreprise qui sacrifie-t-on ? Le salarié bien sûr ! Hé oui, l’impunité zéro, c’est seulement pour les pauvres ! Bilan, on en arrive à des jugements absurdes : en 2001 un conseil de Prud’hommes a jugé normal qu’un salarié soit licencié pour être venu travailler en short… Les Prud’hommes existent pour laisser un espoir aux salariéEs injustement licenciéEs. Comme ça, le départ se fait sans bruit, le salarié et ses collègues espérant un jugement favorable des Prud’hommes alors que la seule solution pour empêcher un licenciement c’est de se mettre en grève immédiatement. Sinon, deux ans plus tard, quand le jugement tombe, l’histoire est diluée dans les souvenirs et tout le monde s’en fout !

Le jour du vote, sortez prendre l’air. Une pause d’une demi-heure, c’est toujours bon à prendre mais ne cautionnez pas cette (in)justice. Code du trav. Art L513-4 : «L’employeur est tenu d’autoriser les salariés à s’absenter afin de leur permettre de participer au scrutin. Cette absence ne peut donner lieu à aucune diminution de rémunération.»

Autogérons nos luttes, luttons pour l’autogestion !

Union départementale des syndicats CNT de l’Isère, décembre 2008.



Boycottons les Prud’homales !

Les travailleurs ne sémanciperont pas en élisant leurs juges ! Avec constance depuis 1979, la CNT soppose aux élections prudhommales. À partir de raisons dévidence (voir encadré), nous appelons au boycott de ces élections, fantômes dune démocratie de curieuse conception : moins d’un million de patrons élisent 7308 conseillers prudhommes quand 20 millions de salariéEs élisent aussi 7308 conseillers prudhommes !

Lutter plutôt que juger :
Reprendre le combat de défense ouvrière par l
action directe suppose un rejet des institutions de collaboration de classes tels les comités dentreprises ou les commissions paritaires dans la fonction publique. Alors a fortiori, quand linstitution est un tribunal, nous navons pas à y collaborer : les travailleurs/euses nont pas, avec les employeurs, à juger dautres travailleurs. Laissons les patrons faire seuls leur sale boulot !

Défenseurs, pas juges ! La CNT n
est pas absente des conseils de Prudhommes : chaque fois que cest nécessaire, elle est au côté des travailleurs/euses pour participer à leurs défenses, comme elle le fait devant nimporte quel autre tribunal, directement quand elle le peut, par ses avocats dans le cas contraire.

Contre l
’injustice, la lutte et la syndicalisation ! Tous nos acquis sont le fruit de nos luttes, de celles de nos anciens. Il nous faut revenir à cette vérité première : État et Patronat ne donnent jamais rien dautre que ce que nous leur arrachons.

Électeurs, nous ne sommes que des pions choisissant entre telle et telle organisation syndicale. Et selon leur poids électoral, elles pèseront plus ou moins dans lappareil d’État et pourront continuer den être les rouages rémunérés.
Acteurs, nous nous syndiquons et nous agissons pour lauto-organisation des travailleurs !

Autogérons nos luttes, luttons pour lautogestion !


Des arguments pour casser du Prud’homme !
Des raisons de principe :
— Un travailleur n’a pas, de concert avec un patron à juger un autre travailleur.
— Un travailleur n’a pas à élire des juges du système judiciaire capitaliste.
— Les travailleurs n’ont pas à appliquer et à se soumettre au droit du travail capitaliste.
Des raisons syndicales :
— La campagne électorale nous détourne des vrais problèmes, de l’action directe et de la lutte des classes.
— Elle divise les travailleurs en instituant des élections de représentativité.
— Il est plus efficace pour faire respecter nos droits de créer des syndicats et sections syndicales, unir nos forces pour organiser la riposte.
Des raisons institutionnelles :
— Le conseil des Prud’hommes a une compétence très limitée : les litiges individuels relevant du contrat de travail, les licenciements et le paiement des salaires.
— Même s’il voulait juger plus en conscience qu’en légalité, même s’il prenait systématiquement le parti des salariéEs, la hiérarchie judicaire viendrait réviser ses décisions.
— Le paritarisme est un leurre puisque si juges, patrons et salariéEs ne parviennent pas à se mettre d’accord, c’est le juge d’instance qui départagera.
— Si l’affaire va en appel ou en cassation, c’est de nouveau des juges professionnels qui statuent.

Union départementale des syndicats CNT de l’Isère, décembre 2008.

Publié dans Colère ouvrière

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