Halte au terrorisme policier à l'école !
après une opération antidrogue en classe
Un rassemblement contre la «terrorisation» des élèves est prévu vendredi devant le collège de Marciac (Gers) à la suite d’un contrôle antidrogue mené par des gendarmes avec des chiens dans une classe de 3e, a-t-on appris mardi auprès d’un parent d’élève à l’origine du mouvement.
Le parquet a rappelé la légalité de ces contrôles, 25 dans le Gers depuis le début de l’année, mais l’inspecteur d’académie a promis que tout contrôle serait désormais «précédé d’une rencontre pédagogique avec les élèves».
Le ministre de l’Éducation, Xavier Darcos, s’est étonné mardi dans un communiqué «des conditions d’intervention des forces de gendarmerie». «Il rappelle qu’il existe, dans la quasi-totalité des départements, comme dans le Gers depuis 2006, des conventions de partenariat entre les ministères de la Justice, de l’Intérieur et de l’Éducation nationale permettant de concilier l’efficacité de l’action judiciaire et le respect de l’intégrité des établissements scolaires où la pédagogie préventive est à l’œuvre quotidiennement», lit-on dans le texte ministériel.
Le ministre de l’Intérieur, Michèle Alliot-Marie, a adressé mardi une circulaire aux préfets pour qu’ils veillent à ce qu’il n’y ait aucune confusion entre les actions de sensibilisation et les opérations de contrôle menées par police et gendarmerie dans les établissements scolaires.
Dans ce texte le ministre souligne la «pertinence et l’efficacité» des actions de sensibilisation aux drogues menées en milieu scolaire (…) mais appelle à ce qu’elles ne soient pas confondues «avec des opérations de contrôle entrant dans un cadre judiciaire, sous l’autorité du procureur».
«De telles confusions sont de nature à nuire à la compréhension et à la clarté de l’action de nos services», poursuit le ministre, et «tout doit être fait pour éviter qu’elles se produisent», souligne Mme Alliot-Marie.
M. Frédéric David, à l’origine du rassemblement devant le collège, a affirmé avoir reçu «près de 600 messages de solidarité de personnes et d’associations» après avoir mis en ligne le témoignage écrit de sa fille Zoé, 14 ans.
«Je ne souhaite pas de banderole politique, mais je veux dire oui à la prévention, non à la terrorisation», a déclaré à l’AFP M. David, responsable d’ateliers de création et d’expression dans un centre psychiatrique pour adolescents à Aire-sur-Adour (Landes).
La jeune fille a affirmé que les gendarmes avaient fait entrer un chien dans leur classe pour renifler les sacs et les vêtements en déclarant : «Mettez vos mains sur les tables, restez droit, ne le regardez pas, quand il mord ça pique !» Plusieurs enfants ont ensuite été fouillés à l’extérieur de la classe. Une gendarme «fouilla dans mon soutif et chercha en passant ses mains sur ma culotte», a encore écrit la collégienne.
Le procureur de la République, Chantal Firmigier-Michel, a indiqué à la presse ne pas avoir été saisie «d’éventuelles irrégularités». «Les élèves ont peur de ces contrôles ; ça crée de la bonne insécurité, satisfaisante à terme en matière de prévention», a ajouté la magistrate.
Presse jaune (Yahoo! Actualités), 3 décembre 2008.