Parole de flic : "L'ultragauche tisse sa toile en Europe"

Publié le par la Rédaction


L’ex-DCRG décrivait en juin dernier la «renaissance» de laction violente.

Épais de 41 pages, le rapport avait été rédigé par l
ex-Direction centrale des renseignements généraux en juin dernier. Estampillé «confidentiel défense», il était intitulé «Du conflit anti-CPE à la constitution dun réseau préterroriste international : regards sur lultragauche française et européenne». Les auteurs y assuraient que «la fin de lannée 2005 marque la renaissance dune ultragauche violente». Convaincus que le CPE a permis à lultragauche de «capter une nouvelle génération dactivistes», les services ont recensé près de 70 «passages à lacte violent» depuis janvier 2006. Les ex-RG, situant «la mouvance squat de type anarcho autonome au centre des violences», passent en revue des sites clandestins où ont été saisies des «substances explosives» ou encore de la littérature du type «Pourquoi nous haïssons la police». Daprès les policiers, le prétendu «préterrorisme» des «anarchos autonomes» est établi après larrestation, à Toulouse en 2007, de suspects essayant «un engin explosif » et mis en examen pour lincendie dune voiture piégée à Rennes.

Aucune preuve matérielle

Le rapport revient aussi sur l
interpellation, le 23 janvier 2008 à Vierzon, de deux activistes en possession «de 1,6 kg de chlorate de soude, dune documentation écrite en plusieurs langues relative à la fabrication dengins explosifs ou incendiaires artisanaux». Achevant leur rapport sur l«ébauche dun réseau européen», lex-DCRG écrivait il y a six mois quun «groupe informel dactivistes dultragauche de type autonome» disposait au domicile parisien de Julien Coupat — dont le maintien en détention a été confirmé hier en appel — «dun local intitulé Le Vouvray ou Jargon libre, utilisé comme lieu de réunion, dhébergement danarchistes étrangers de passage (…)». Évoquant les «bases arrière logistiques souvent difficiles daccès», le rapport désignait déjà le site du «Goutailloux» à Tarnac comme étant le «point le plus stratégique» où transitaient les «membres de lultragauche européenne». Cinq mois plus tard, un coup de filet y était mené en vue de démanteler un présumé groupuscule soupçonné davoir saboté des lignes TVG.

Pour l
heure, aucune preuve matérielle nimplique aucun des suspects. Dans son chapitre sur les «activistes présents sur tous les fronts de lultragauche européenne», les anciens RG affirment : «Très mobiles, la plupart dentre eux ont été signalés à loccasion de rendez-vous internationaux de la mouvance, comme à Barcelone, Séville, Thessalonique, Athènes, Gênes, Milan, Genève, Rostock…»

Le 9 février 2007, plusieurs militants français auraient par ailleurs été repérés par des agents de liaisons à une réunion anti-G8, à Varsovie (Pologne). Julien Coupat, soutiennent les auteurs du rapport, a participé à des réunions similaires en mars dernier à Berlin tandis que sa compagne Ydulne se serait rendue le mois suivant à une réunion similaire à Brighton. «Ce qui n
en fait en rien des terroristes», concède un policier. Si «les activistes présents ont décidé de mettre en place une force de subversion», lextrême gauche radicale resterait, selon les ex-RG, «dune dimension et dune capacité de nuisance sans commune mesure avec celle de la fin des années 1970».

Christophe Cornevin - Le Figaro, 3 décembre 2008.

Publié dans La police travaille

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