Témoignage de Vichy
Par rapport à Vichy, j’y étais donc depuis lundi soir. Des conneries de chaque côté militants accueillants comme activistes, et il ne faut pas rester sur de mauvaises critiques des militants les uns envers les autres, pas constructif et c’est la tension qui a fait s’échauffer les nerfs.
CAR la répression de la police a été terrible, et c’est sur ce sujet que je parlerai ensuite.
Manif départ 18 heures, première attaque des policiers 19 heures je crois, ils ont tiré sur tout le monde avec des tirs de FlashBall et des lacrymos projetés sur les premières lignes à bout portant et aussi à plus de 60 mètres, afin d’encercler manifestants mélangés : au milieu des enfants de 6 à 10 ans, pour l’instant personnes n’en a encrore parlé mais des gamins restés par terre sans que les parents ou les accompagnants et aussi des personnes âgées puissent réagir tellement l’attaque a été brutale et massive. Ensuite une partie de la manif a continué devant la mairie mais entretemps une grosse partie de l’arrière été en retrait après une première avancée des Crs. il restait donc une bonne partie de la manif, on a décidé de s’avancer un peu pour soit tourner vers la mairie par une rue parrallèle, soit continuer à pilonner les Crs. Deuxième charge de ces derniers beaucoup plus grande et là beaucoup de monde en pouvait plus : tout le monde est resté en reculant puis a trouvé des petites rues parrallèles jusqu’à retrouver l’avant de la manif qui avait fait le tour devant la mairie et où c’est parti dans les affrontements avec des Crs très nombreux et qui ont pris des gens au hasard dans les gaz lacrymos, au faciès quoi, qui ont eu la malchance de se trouver isolés dans le chaos. Deux voitures sont brûlées par on ne sait pas qui. C’est pas tout nouveau les membres de la police ou d’extrême droite qui foutent le feu eux-mêmes ou des militants d’extrême droite qui détruisent aussi pour récupérer un peu d’électeurs sur Vichy.
Ensuite la manif se retrouve devant la gare, les affrontements continuent avec encore beaucoup d’enfants et des personnes qui ne savaient pas comment réagir, scènes de fuite où les gens tombent et se font relever par le monde autour, et encore des lacrymos, il y a un pont pour être chassé de Vichy, par une armée de flics bleue, c’est vraiment l’expulsion du centre ville d’une manifestation de 2000 à 3000 personnes. Ils continuent à envoyer des lacrymos, vraiment l’image trouvée par une militante de «concours de tirs de longueur» va parfaitement. Les actifs, et activistes, et résistants et des militants tirent les grilles devant le chantier de la gare pour ralentir leur avancée et essayer de ne pas être renvoyés de la ville. Les cartouches de lacrymos continuent, qui rebondissent sur les toits (et même dans l’appartement d’un habitant) et ensuite nous gazent. Les flics vont jusqu’après le pont, mais finalement ne vont plus rien lacher, une troisième voiture (un 4×4) est à nouveau enflammée, c’est la technique du «on maintien l’ordre mais on continue à leur en mettre plein la figure» pour : — se défouler ; — continuer à repérer les militants, venus de toute l’Europe et ainsi les ficher européennement ; — mettre en application leur théories de répression de rues.
Sur le point de départ de la manif, sur l’esplanade d’un lycée, des militants n’ont pas pu rejoindre la manif et se sont fait prendre par une partie de flics dans les derrières du lycée, les témoignages ne devraient pas tarder à suivre. On continue de se replier, et les flics ne suivent plus la grande partie de la manif, mais on apprendra plus tard que des gens sont rentrés en courant d’un peu partout depuis Vichy ; séparés de la manif tout au long des différentes charges des policiers, et qui nous informe que pas mal de personnes se sont faites arrêter arbitrairement et qui n’avaient rien fait. Pendant ce temps un ou deux hélicos tournent et n’arrêteront pas jusqu’à minuit.
À l’espace Chambon, donc un kilomètre plus tard de trajet, ça se calme : par contre les deux voitures de policiers qui avaient ouvert la manif nous ont raccompagné jusqu’à 500 mètres de l’espace Chambon, c’est stupide car ils ont été bien sûr pris à partie, les Crs sont donc revenus en nombre devant l’espace Chambon, des barricades se sont montées et les échanges de tirs de Flashball et cailloux ont duré 45 minutes voire une heure. C’était incroyable de voir la différence entre le meeting dans la salle (désolé pour la plupart âgées) et le reste du groupe (désolé majoritairement jeunes) durant tout ce temps sans que tous se réunissent.
Les deux situations étaient bordéliques et rien ne se déroulait dans la discussion, pendant ce temps-là, côté barricades, des missions de flics attrappaient des gens qui revenaient de la manif ou des personnes proches des barricades.
Le Maire a négocié la sortie des personnes du meeting sans attaque des policiers, le Maire a fermé la salle où de nombreux militants jeunes arrivés le lundi soir avec nous ont pu dormir. Et donc : — La salle étant fermée et les gens du meeting partis, des dizaines et des dizaines de personnes ont été mises à la rue et on a dû tourner une bonne partie de la soirée pour voir des attaques et un quadrillage du petit village où nous étions affreux. — Dans le froid il fallait se cacher, l’hélico tournant avec sa lumière, sur le terrain : policiers en civils, Crs et gros bras en bombeurs avec brassard police, maîtres chien, voitures banalisées feront le tour de toute la ville partout jusqu’on ne sait quelle heure. Une équipe de flics a détruits cinq ou six tentes sur le camping du stade, en donnant des coups de pied et en déchirant la toile ensuite, d’autres faisaient fouille des véhicules entièrement, d’autres ont lâché les chiens dans le dos d’un mec, des personnes se sont prises contrôle sur contrôle, sans savoir où dormir, pas de nouvelles à l’heure où j’écris.
On a réussi à trouver un hébergement dans la nuit, merci la solidarité des «Justes» de Vichy et d’ailleurs.
Rentré dans la journée, sur le retour policiers dans les centres villes des patelins environnants, des contrôles, mais sous la pluie ils sont plus feignants donc on a pu passer sans arrestation. Et sur une aire d’autoroute une compagnie Crs de Dordogne, un convoi de vingt fourgons avec grilles anti-émeute dans les remorques, deux voitures banalisées et un bus rempli soit 150 personnes.
Courage à toutes et tous qui sont séparéEs de leur proches.
Témoignage reçu à l’adresse du Jura Libertaire,
le 5 novembre 2008.