"Tartagueule" : Dix ans et toutes ses griffes !

Et il n’est toujours pas près de rentrer dans l’âge de raison… Dix ans qu’il nous donne du grain à moudre (articles de fond sur nos métiers, chroniques de lutte, information sur les mobilisations professionnelles et interpro…). Il se veut à la fois le reflet des luttes qui concernent tous les travailleurs de l’éducation, en refusant tout corporatisme. Il fournit également des outils d’analyse nécessaires pour passer au crible les politiques éducatives. Mensuel et régulier, d’un format facile à lire (même dans le métro !), le Tarta mérite bien un petit hommage.
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Tarta
Le Tarta est l’affaire de tous les militants : il se construit au cours chaque réunion mensuelle de la CNT-Éducation du Rhône. Chacune propose des articles en fonction de l’actualité de terrain ou nationale. Une fois la trame décidée, le mandaté maquettage reçoit les textes et les met en page. Le tirage se fait la semaine suivante, toujours collectivement. Pour l’écriture, on se lance d’abord timidement avec une petite brève et en quelques mois, sans y prendre garde, on se retrouve à écrire des articles de fond !
Dix ans d’implantation de la CNT dans l’éducation
Revenir sur ces dix années, c’est avant tout évoquer une dimension rarement mise en avant : celle de la formation interne. Militer à la CNT, c’est d’abord considérer le syndicat comme un moyen d’émancipation : prendre la parole, s’informer, convaincre, écrire, s’approprier des outils de lutte et des réflexes d’organisation. Chacun s’implique selon son rythme et sa disponibilité. Cela ne veut pas forcément dire tout sacrifier à la cause !
Développer un syndicalisme de lutte n’est pas une mince affaire et passe par l’utilisation d’outils permettant l’expression et l’auto-organisation de ceux qui travaillent, et luttent, à la base. Ces outils — l’heure d’information syndicale dans le second degré, la demi-journée d’information syndicale dans le premier degré — sont parfois (le plus souvent ?) sous-exploités par les autres syndicats. Nous concevons l’AG, l’HIS ou la demi-journée d’info syndicale non pas simplement comme un moyen de diffuser de l’information syndicale et de finir par un «votez pour nous» ou «payez vot’ cotise» mais comme des moments privilégiés où l’on prend conscience de la force de l’action collective. Quitte à tordre le coup à certaines idées reçues, rappelons ici que ce mode d’organisation s’appelle «l’action directe».
Ces réflexes d’auto-organisation qui se sont développés parallèlement lors de luttes régionales ou nationales (assemblées générales souveraines avec prises de décisions à la base, mandatement) ont prouvé leur efficacité lors des différentes luttes : sans-papiers, collectif de précaires, grève de 2003 ou lutte contre le CPE. La grève reprend dès lors sa fonction première : celle de l’instauration d’un véritable rapport de forces, mis en place quand tous les recours préalables ont été épuisés.
Toujours pas apprivoisé
La CNT-Éducation s’est développée ces dernières années, a prouvé sa légitimité syndicale et participe régulièrement aux intersyndicales départementales. Cependant, aujourd’hui, c’est le syndicalisme de lutte dont elle se revendique qui est attaqué par la remise en cause, entres autres, du droit de grève et de la demi-journée d’info syndicale et par le syndicalisme de service et de cogestion qui siège aux commissions paritaires et mange dans la main de son maître. Mais les élections approchent : la chasse aux voix est ouverte… Le terrain de la lutte est-il pour autant abandonné ? Pas tout à fait : vous le constaterez en lisant le Tarta ! Bonne lecture et bonnes luttes !
Tartagueule à la récré no 67, octobre 2008
Bulletin de la CNT-Éducation du Rhône.