Précarité dans l'éducation et la recherche : Nous sommes tous concernés !

Les conditions d’enseignement sont également dégradées par la précarité des personnels de l’enseignement et de la recherche. Début septembre, le gouvernement annonçait 900 suppressions de postes dans l’enseignement supérieur et la recherche. Dans la foulée, le projet de loi de finances 2009 avançait 13.500 suppressions nettes de postes dans le primaire et le secondaire. Ces chiffres ne sont pas anecdotiques, ils sont records ! Ils vont renforcer l’emploi précaire qui s’est largement développé dans nos écoles, nos universités et nos labos (CDD de l’Agence Nationale de la Recherche, la LRU transformant les présidents d’université en super DRH-recruteurs et création de «chaires juniors» pour les enseignants chercheurs sur des contrats de 5 ans !).
Cette précarité s’inscrit dans un projet général de destructuration du service public d’enseignement, de la maternelle à l’université. Elle s’accompagne de multiples attaques :
— Concentration du pouvoir, notamment dans les mains des chefs d’établissement ou des présidents d’université ;
— Multiplication des évaluations : on contrôle de plus en plus pour pressuriser davantage les travailleurs ;
— Mise en place d’une politique de la carotte (instauration de primes au mérite pour les travailleurs et les étudiants méritants !) et du bâton (les enseignants-chercheurs qui font une «mauvaise» recherche seront punis par plus d’enseignement, encore une mise en pratique de la LRU qui permettra une modulation des services d’enseignement en fonction de la productivité scientifique !) ;
— Pilotage des thématiques de recherche : les connaissances «non productives», notamment celles produites par les sciences humaines, ne seront plus financées ; attribution des crédits de recherche sur projet, avec des industriels on augmente ses chances de succès (et on finance la recherche privée sur fonds publics !).Que l’on soit étudiant(e) ou travailleuse/eur de l’éducation ou de la recherche, nous sommes tous concernés par la précarité. Elle accompagne notre quotidien et détériore nos conditions d’étude et de travail. Étudier avec moins de 500 € en poche chaque mois, signer tous les 10 mois un nouveau CDD, justifier sa présence en France par des papiers «en règle», travailler pour une misère, etc. sont des situations inadmissibles que nous devons refuser !
Nous nous retrouvons dans un véritable système de marchandisation du savoir. Les gouverneurs ont mis en place des organismes complexes, opaques et non démocratiques (ANR, AERES…) qui multiplient la précarité. Nous devons entamer une lutte sur les bases d’une société ouverte à la connaissance et à son indépendance vis-à-vis des intérêts capitalistes, une société non-compétitive, démocratique, formatrice et émancipée !
Ce que nous voulons
La CNT soutient toutes les tentatives concrètes pour une recherche et un enseignement au service de tous : empêcher la privatisation des recherches, développement des logiciels libres, accès libre aux résultats de la recherche, universités populaires, accès au savoir tout au long de la vie, auto-organisation non-hiérarchique des équipes et des laboratoires, publications gratuites…
Mais ce n’est pas suffisant, car le système capitaliste fait tout pour entraver le développement de ces initiatives. Seules la lutte et l’organisation collective permettront d’établir un rapport de force suffisant afin d’obtenir ce que nous voulons :
— Une Université et une Recherche autogérées où les buts et les orientations se décident de manière démocratique par des commissions élues issues du monde étudiant et académique,
— L’arrêt du recours aux contrats précaires et à la sous-traitance au sein des Universités. Une Université et une Recherche de qualité, cela commence par des emplois stables pour le personnel !
— Une Université et une Recherche réellement publiques, financées par l’argent public en fonction de ses besoins, pour une société où la démocratie s’exerce sur le terrain et non dans l’antichambre des ministères.
Ces financements existent, à nous de nous les réapproprier :
Transfert des crédits militaires : L’arrêt de la recherche militaire, qui, sous prétexte d’assurer notre «défense», ne sert qu’à accroître la domination des puissants, permettra de transférer les crédits de l’armée sur ceux de la recherche publique non mortifère.
Arrêt du crédit impôt recherche : Ce système qui vise à rembourser la moitié des frais de recherche des entreprises privées est scandaleux. Une fois encore c’est de l’argent public qui sert à garantir des intérêts privés (via les brevets déposés par ces entreprises).
Suppression des agences d’innovation : Les crédits énormes consentis aux «agences pour l’innovation» (ANR, AII…) représentent un autre cas de détournement de l’argent public vers des projets conformes aux exigences du monde industriel. Ils favorisent la rationalisation de la recherche et la mise en compétition et entraînent la diminution des dotations directes.