On ne veut pas travailler plus !

Au nom d’une prétendue revalorisation de la fonction enseignante (comprendre : en réponse à nos salaires qui stagnent depuis des années), les professeurs du second degré sont «incités» à faire des heures supplémentaires mal payées, avec une carotte au bout : une prime annuelle de 500 euros à partir de trois heures sup par semaine.
Il s’agit en fait de palier à la suppression de 11.200 postes en 2008 en en transformant 3500 selon le SNES (5000 selon Le Point) en heures sup. Combien d’heures supplémentaires faudra-t-il, quand en 2009, ce sera 13.500 postes qui seront supprimés ?
Notre métier ne se limite pas aux heures de présence devant les élèves, ce n’en est que la partie la plus visible. C’est une tartufferie de plus que de laisser accroire qu’on peut ainsi les multiplier. Nous concevons notre métier de façon qualitative : prise en compte des élèves dans leur spécificité, concertation au sein des équipes, contacts avec les familles, formation continue… et certainement pas comme une accumulation d’heures en classe.
Loin de nous l’idée de stigmatiser les collègues qui par nécessité personnelle sont amenés à en passer par là. Il y a une évidente insuffisance d’augmentation des salaires dans la fonction publique depuis de nombreuses années, les quelques miettes annuelles étant largement en-dessous de l’inflation.
Les annonces faites avec force coups de menton et phrases creuses pour attirer l’attention par le biais des médias ne pourront pas cacher bien longtemps l’affligeante réalité d’une politique qui consiste à sabrer dans les services bénéficiant au plus grand nombre : santé, énergie, éducation, transports, poste… afin qu’une minorité représentée par ceux qui nous gouvernent puisse s’enrichir toujours plus.
Pour mettre un terme à ce cynisme, il faudra autre chose qu’une sempiternelle journée d’action agrémentée de cortèges «ballons». C’est par l’auto-organisation de nos luttes où les décisions sont prises en AG souveraines que nous pourrons espérer leur faire ravaler leur morgue.
Nous devons dès aujourd’hui nous y opposer.
D’abord, en laissant les rectorats se débrouiller avec les heures élèves sans profs. Ce n’est pas à nous d’assumer et de pallier les conséquences des économies que veut faire l’État au détriment d’un enseignement de qualité !
Ensuite, en revendiquant une réelle augmentation de salaire pour tous, et dans tous les secteurs de la fonction publique.
Enfin, en cessant de vouloir travailler plus !
Travaillons moins et autrement
pour ne pas crever au boulot !
Zéro de conduite no 55, octobre 2008
Syndicats CNT des travailleurs de l’éducation d’Île-de-France.