À propos de Lacenaire
Lettre de Guy Debord à Jacques Simonelli
Cher Monsieur,
Je vous remercie pour l’envoi de votre Lacenaire, et aussi d’avoir entrepris l’ouvrage. Au pur contraire de ce qui avait été édité jusqu’ici autour des Mémoires tronqués ou apocryphes, votre livre est le premier qui soit digne du sujet. Vous avez excellemment établi les œuvres complètes du héros, et sa filiation dans la suite des révoltes contre la société comme dans celles des troubles poétiques, vers Lautréamont et au-delà. J’ai été quant à moi ravi d’être cité dans une si bonne compagnie.
On peut donc aussi supposer, chez Hugo, une réminiscence de la Pétition d’un voleur à un roi voisin dans Les Châtiments («Paris tremble, ô douleur, ô misère») quand il veut accabler son Second Bonaparte sous la concurrence de prétendants à son trône, qui motivent leur droit par quelques autres assassinats : «Je veux, dit Lacenaire / Être empereur et roi.»
En somme, depuis que ces «mondes éloquents ont été perdus», personne n’avait tant fait pour en restituer le souvenir véritable.
Bien cordialement à vous,
25 avril 1991

Je vous remercie pour l’envoi de votre Lacenaire, et aussi d’avoir entrepris l’ouvrage. Au pur contraire de ce qui avait été édité jusqu’ici autour des Mémoires tronqués ou apocryphes, votre livre est le premier qui soit digne du sujet. Vous avez excellemment établi les œuvres complètes du héros, et sa filiation dans la suite des révoltes contre la société comme dans celles des troubles poétiques, vers Lautréamont et au-delà. J’ai été quant à moi ravi d’être cité dans une si bonne compagnie.
On peut donc aussi supposer, chez Hugo, une réminiscence de la Pétition d’un voleur à un roi voisin dans Les Châtiments («Paris tremble, ô douleur, ô misère») quand il veut accabler son Second Bonaparte sous la concurrence de prétendants à son trône, qui motivent leur droit par quelques autres assassinats : «Je veux, dit Lacenaire / Être empereur et roi.»
En somme, depuis que ces «mondes éloquents ont été perdus», personne n’avait tant fait pour en restituer le souvenir véritable.
Bien cordialement à vous,
Guy Debord