Ginko : campagne de la honte à Besançon
Halte à la fraude : transports gratuits pour tousDepuis quelques temps sur Besançon, Ginko mène une campagne anti-fraude de grande ampleur et à grands frais. Où l’on peut voir des slogans tels que «Sans la fraude, ici il y aurait un abri de bus» ou encore «Frauder c’est pas malin», ou encore «Sans la fraude il y aurait un accès de plain-pied au bus».
Cette campagne vise à stigmatiser, criminaliser les fraudeurs qu’on nous présente au mieux comme des inconscients, au pire comme des délinquants ; leur action selon Keolis, nuisant à la qualité du service de transport en commun…
Mais qui est Keolis ? Quels sont ses buts ?
Keolis est le dépositaire privé d’une mission de service public assuré par la CTB jusqu’en 2002. Il est bon de savoir que le chiffre d’affaire de GINKO (28 millons en 2006) est constitué en grande partie de fonds publics, donc les deniers des contribuables.
Étant privé, Keolis a pour objectif de répondre aux intérêts de ses actionnaires, qui sont la SNCF (à hauteur de 46%), AXA (26%) et la Caisse de dépôt et placement du Québec (26%), et se doit donc de réaliser des bénéfices grâce à l’argent de la collectivité. Ils se chiffrent en 2006 à près de 250.000 euros sur ses deux filiales bisontines, 110.000 revenant à Ginko et 140.000 pour Urb’est, une filiale sous-traitante.
Et donc a qui cela ne revient pas ? Aux usagers mais aussi aux salariés de Ginko ; ces derniers à la suite de l’arrivée de leur nouveau patron, décidé à économiser un maximum d’argent : suppression de primes, refus d’augmentation de salaires et suppression des cantines, se sont insurgés pour la revalorisation de leur salaire.
Mais les prix n’excluent-ils pas certaines tranches sociales de l’accès aux transports en commun ?
En effet, pour tous, se déplacer est une nécessité, pour les travailleurs, les personnes âgées, les personnes en recherche d’emploi… Or, combien de ces précaires sont obligés de frauder pour pouvoir accéder à tous ces impondérables de la vie sociale ? C’est donc une véritable ségrégation par l’argent qui s’exerce sur les personnes de condition sociale modeste, sur ces méchants fraudeurs sur qui on tape, sur ces méchants fraudeurs qui sont passibles d’une amende de 41 euros en cas de non-présentation de ticket valide, de 78 euros en cas de non-paiement sous sept jours, voire de poursuites judiciaires… Cher payé pour pouvoir se déplacer !
De même, les actes de vandalisme, expression d’une colère sourde, n’auraient pas lieu d’être si les transports en commun étaient gratuits pour tous, et la collectivité ne serait pas contrainte de payer 55.000 euros pour l’installation de caméras dans les bus Ginko.
À Chateauroux, le taux de fréquentation des transports en commun a augmenté de 76% suite à l’annonce de leur gratuité. Et quel bénéfice écologique !
De plus en plus, la voiture apparaît comme un désastre écoloqique mais reste le moyen de circulation le plus attrayant. Pour cause, rien n’est fait afin que les transports en commun soient une alternative efficace car ils ne sont ni gratuits ni accessibles à tous. L’exemple de Chateauroux n’est-il pas une initiative nécessaire ? Et Besançon, ville novatrice (RMI, développement durable), ferait bien de lui emboîter le pas. Alors que l’écologie s’impose comme une nécessité vitale, la rentabilité et les intérêts des investisseurs semblent s’avérer plus importants que la sauvegarde de l’environnement et le bien-être des habitants.
Transports en commun : quelles mesures à prendre
pour une alternative viable ?
La gratuité des transports en commun : Parce qu’elle généraliserait leur fréquentation et permettrait à tous d’y accéder sans distinction sociale. De plus, le coût des contrôleurs, des tickets, des caméras et des dégradations serait ainsi économisé, réduisant ainsi l’investissement à presque rien.
Gestion des transports en communs par les collectivité locales : Parce qu’un service public n’a pas pour mission d’enrichir des actionnaires.
Plus de lignes et plus de bus intra et péri urbain.
Des horaires plus larges que ce soit pour le travail ou les loisirs.
Union locale CNT de Besançon, 11 juin 2008.
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