Modeste préface à la parution d'une dernière revue surréaliste

Publié le par la Rédaction



«Oui, nous avons eu quelques échos de l’anniversaire de Breton. Je les joins à cette lettre. Je pense qu’il y en a eu au moins le double, car nous n’avons consulté qu’une douzaine de publications. À noter cependant que Nadeau a gardé le silence, dans France-Observateur.
Bien que Les Lèvres nues ne soient pas nommément désignées, il nous semble que l’opération est réussie. Le Tout-Paris et la presse ont dû beaucoup parler de l’affaire, et de ses auteurs. Et le grand public a tout de même appris que Breton avait soixante ans : belle préface à la revue Phénix.
Remarquez comme les personnalités parisiennes qui, si l’on met à part les journaux, se réduisaient à une trentaine de personnes, sont devenues une centaine dans L’Express, trois cents dans Arts. De plus L’Express ne laisse pas de doute sur la réussite de la mystification elle-même. Et le ton de la colère est sensible dans Arts, dont un entrefilet a l’allure d’un démenti.»
Guy-Ernest Debord, lettre à Marcel Mariën, 29 février 1956.


Modeste préface à la parution d’une dernière revue surréaliste

André Breton voyait venir le 18 février dernier son soixantième anniversaire. Par les soins de nos camarades de la revue
Les Lèvres nues, de fausses invitations furent lancées qui menèrent dans les salons de l’hôtel Lutétia un nombre indéterminé de dupes (plusieurs centaines d’après L’Express, mais l’envoyé de Combat n’y a vu que «quelques invités non prévenus»).

Trois jours après, les mêmes invitations, envoyées de Belgique aux mêmes personnes, s’étaient enrichies d’une phrase en surimpression qui avouait la fausse nouvelle, et d’où venait le coup.

Nul cependant n’avait été gêné par la forme délibérément ridicule d’une invitation qui annonçait que Breton saisirait cette occasion pour traiter «de l’éternelle jeunesse du surréalisme». La preuve est donc faite qu’aucune bêtise ne peut plus surprendre si elle se recommande de cette doctrine.

Inutile même de souligner que personne ne s’était proposé de «réussir» une mystification de plus aux dépens du Tout-Paris cultivé, mais de bien
faire remarquer une date significative. La presse n’y a pas manqué.

Potlatch no 26, 7 mai 1956.

Publié dans Debordiana

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