Aujourd'hui à Valence
«Il ne faut pas corriger les hommes de parler sincèrement d’eux-mêmes.»
Jean Jacques Rousseau.
Le mercredi 26 mars, à 16h30, nous nous sommes rassemblés devant la prison de Valence, non pas pour juger Raphaël (il fait partie, comme nous, des «indésirables») mais pour soutenir les détenus et leur famille et manifester notre colère contre le système carcéral. Dans la lettre ouverte du maire de Valence à Rachida Dati celui ci constate «la vétusté et l’état sanitaire de cet établissement sont déplorables». Si on suit ses propos ont doit admettre la colère et la révolte des détenus, mais pour empêcher celle-ci. Il ajoute : «il est urgent de mettre à la disposition de cet établissement des moyens humains supplémentaires notamment trois premiers surveillants et un officier.»
Pour relier cette histoire à un des drames humains actuels : Raphaël, meurtrier présumé de son codétenu Jérémy, était à l’époque de son incarcération un sans logis. Et l’absence de logements pour les personnes précaires est une vraie urgence !
Dans le communiqué du Parti communiste pour la manifestation du 7 avril on peut lire : «Madame Dati c’est … pour les actionnaires majoritaires et les dirigeants et propriétaires de grandes entreprises, la dépénalisation du droit des affaires et dans le même temps la chasse aggravée aux détournements de fonds publics chez les Rmistes et autres emplois aidés. Et oui un pauvre qui triche, “abuse” c’est intolérable … mais qu’un “décideur”, une “entreprise”, détourne, licencie, liquide, délocalise, ce serait un malheureux hasard…»
Nous sommes concernés.
Notre région vient de connaître deux drames : un mineur s’est suicidé à la Prison pour Mineurs de Meyzieu (69) et un jeune détenu est mort à Valence (26).
«Le phénomène d’exclusion crée une misère incroyable, équivalente aux situations les plus lamentables du tiers-monde, mais qui coexiste avec ou à côté du luxe. C’est comme si le système de l’économie capitaliste libérale ne pouvait subsister qu’en créant une dynamique artificielle entre des mondes riches et des mondes paupérisés. Pour se maintenir actuellement dans le rythme urbain et assurer un niveau de vie satisfaisant, l’individu doit “sur-travailler” et sacrifier une grande partie de ses relations sociales (les exemples du Japon ou de New-York sont particulièrement parlants). S’il n’arrive pas à s’assumer et à s’insérer dans ce codage social, il se paupérise très rapidement. On les transforme en somnambules qui suivent leur plan de carrière pour les uns, et leur marche vers la retraite pour les autres ». Félix Guattari.
Grâce à des experts on va pouvoir trier, dépister et surtout «classer», étiqueter et encore classer. Car tout le monde le sait, classer cela soigne, ou cela remplace le soin à peu de frais, et comme il faut avant tout diminuer les frais ! Il n’y aura donc plus besoin de psychiatres, mais d’experts… ni de soignants, mais de gardiens… Dans cette logique le Maire de Valence peut déclarer : «Aujourd’hui, il conviendrait de voir l’État s’engager enfin dans la construction d’une nouvelle maison d’arrêt».
Nous sommes d’accord que la situation à la prison de Valence est intolérable mais nous ne pouvons entrer dans la logique de construire des prisons modèles : la prison n’est pas une solution, elle fait partie du problème de la société actuelle. C’est une société abrutie, à un point tel qu’elle a besoin d’une véritable rééducation au Sens commun et aux Libertés…