Girouettisme : Onfray mieux d'se taire !
Toujours prêt à venir représenter la «gauche radicale» dans les médias, le philosophe Michel Onfray se définit comme «libertaire». Mais les libertaires ont-ils à gagner d’un tel «représentant» ?

«Moi, je suis capitaliste, clame-t-il, pour le capitalisme, je pense qu’effectivement la propriété privée est tout à fait défendable.» [Réplique à un auditeur sur France Inter] Il adore le caractère monarchique de la Ve République : «Je défends la Constitution de 1958. Je suis gaullien, “gaullo-gauchiste” aurait dit Maurice Clavel ! […] Je pense que la présidentielle, c’est, de fait, la rencontre d’un homme et d’un peuple.» [Débat avec Philippe Raynaud, Le Nouvel Observateur, 25 janvier 2007] Et le pire pour lui est d’entendre «les vieilles scies militantes d’hier et d’avant-hier : cosmopolitisme des citoyens du monde, fraternité universelle, abolition des classes et des races, disparition du travail et du salariat, suppression du capitalisme, pulvérisation de toutes les aliénations, égalitarisme radical.» [Michel Onfray, L’Archipel des comètes, Grasset, 2001]
Ses paroles sont tissées des lieux communs du thatchérisme. Mépris des fonctionnaires : «L’enseignant est infecté par son statut de fonctionnaire». Mépris des syndicats : «Pas plus que les hommes politiques ne défendent l’intérêt national, les syndicalistes encartés ne défendent l’intérêt des ouvriers, mais plutôt souvent de leur machine.» [Sur France Inter] Éloge de la flexibilité : selon lui «ils ne refusent pas la flexibilité mais ils voudraient qu’on paie cette acceptation par de la sécurité» [Le Parisien du 6 avril 2006].

Invité par les mass-médias comme «représentant de la gauche radicale», il y passe le plus clair de son temps à taper sur… la gauche radicale. Adepte du retournement de veste, il a été en cinq mois, successivement, supporter de Besancenot, puis d’une candidature unique antilibérale, puis de Royal, puis de Bové, puis de Besancenot, puis de nouveau de Royal, et, aux dernières nouvelles, du PCF [Michel Onfray, «Supplique au Parti pour qu’il fasse la révolution», L’Humanité, 22 mai 2007. À l’heure où nous mettons sous presse, il semble n’avoir pas encore changé d’avis.] ! En tout cas, qu’il ne s’avise pas de s’amouracher soudain d’Alternative libertaire, il sera proprement éconduit !
Car à chaque retournement de veste, Onfray aura abondamment craché sur ses précédentes (ou futures) amours. Tantôt le PCF «est toujours à déstaliniser quoi qu’on en dise», tantôt c’est la LCR qui «veut disposer d’un leadership sur l’extrême gauche française». Puis c’est LO qui attire les foudres du cérébral philosophe : «Cette façon de dire on interdit aux usines de licencier, faut quand même un peu le sens du réel…» [Interview mise en ligne sur le site du Monde le 22 décembre 2006. La proposition no 15 des collectifs unitaires antilibéraux soutenus par Onfray évoquait pourtant l’interdiction des licenciements dans les entreprises qui font des profits…]

Seule constante chez cette girouette : il restera toujours poli sous les flatteries de Michel Denisot… ou de Sarkozy !
Grand merci à la BDD (banque de données délicieuses) du Plan B.