Un tract pour Gaza
Retranscription d’un tract de la manif pour Gaza, samedi 5 juin à Paris :
Nous sommes des pirates des mers, des femmes à barbes rousses et brunes en lutte contre l’occupation et le mur, contre toutes les frontières et contre chaque eau qui se targuerait d’être territoriale. Nées dans cet État nommé Israël, ce petit navire qui se saborde, nous sommes venues naviguer dans le système de canalisation français. C’est depuis cet entre-deux mondes, cet espace aux contours merveilleusement flous, que nous disons :
Nous, pirates vagabondes, à la fois d’ici et d’ailleurs, soutenons chaque transgression à l’état de siège imposé aux habitants de Gaza, toute protestation contre le mur, et toute lutte contre la politique israélienne qui sépare à tout va : Israélien-ne-s et Palestinien-ne-s, cartes vertes et cartes bleues, Juifs/ves et non-Juif/ves, avec ou sans papiers, légaux/les et illégaux/les, Ashkénazes et Orientaux/les.
Nous rejetons les frontières qui nous imposent des identités nationales et refusons que des actes de répression et de violence d’État soient perpétrés en un nom qui se dit le nôtre.
Nous voulons des brèches, des ponts, des lieux et des liens pour dépasser ce qui se passe malgré nous, entre des forces toujours plus malades, toujours plus avides.
L’État israélien veut faire de ses contradicteurs des terroristes ? Nous serons des pirates !
Prenons d’assaut ces marges avant qu’ils ne nous les offrent ! C’est dans les marges que se pense ce qui est à venir. Pillons leur maigre trésor, ne leur laissons rien ! Construisons des points de rencontre, des collisions joyeuses.
Nous, pirates, n’avons ni foi, ni loi autre que celle de nos combats contre une réalité imposée raciste et bornée. Nous soutenons que devant un tel état, la seule solution c’est la piraterie, par tous les bords. Piratons, piratez ! ceci est une incitation aux voyages, une invitation aux pillages. C’est la seule manière de faire advenir un état-du-lieu qui serait plurinational, multiple — en un mot : vivant.
Nous appelons donc tou-te-s les pirates d’ici et d’ailleurs à se joindre à cet équipage qui n’a pas de nom, pas de domicile fixe, pas d’étendard, pas de lieu de repli ni de répit. Voguons ensemble dans les eaux troubles, piratons de concert tous ceux qui se croient avoir des droits sur nous.
Courriel, 9 juin 2010.