Tentative d'évasion à la maison d'arrêt de Lons (Jura) : Trois matons blessés - 27 novembre

Publié le par la Rédaction

Des surveillants blessés dans une tentative d'évasion à Lons

 

Trois surveillants de prison ont été blessés, dont un grièvement, samedi en fin d'après-midi à la maison d'arrêt de Lons-le-Saunier, dans le Jura, lors d'une tentative d'évasion ratée ayant impliqué quatre détenus.

 

«Il y a eu une bagarre lorsque les surveillants ont essayé de maîtriser les fuyards, et l'un des fonctionnaires a apparemment le nez cassé, a précisé le sous-préfet de permanence, Philippe Fournier-Montgieux. Deux autres souffrent de contusions diverses».

 

«À un moment donné, l'un des détenus a été en possession de clefs, dont il voulait se servir pour s'évader. L'enquête devra déterminer comment cela a pu se produire», a-t-il ajouté. Les fuyards «pensaient avoir des complices qui les attendaient à la sortie», a-t-il encore indiqué.

 

Selon Bernard Cabon, du syndicat de surveillants UFAP, «les quatre individus ont agressé plusieurs agents de l'établissement afin de s'emparer de leurs clés».

 

«Trois surveillants ont été blessés lors de ce coup de force. Ils ont été pris en charge et (conduits) à l'hôpital», a-t-il ajouté, ajoutant que sur les quatre prisonniers ayant tenté de s'évader, l'un «n'a pas pu sortir de la détention» et les trois autres ont été «repris à l'intérieur près du mur d'enceinte».

 

Dans la soirée, des membres des équipes régionales d'intervention et de sécurisation (ERIS), sortes d'unités d'élite de l'administration pénitentiaire, ont été dépêchés sur place depuis Strasbourg. La situation était «sous contrôle», ont indiqué le sous-préfet et le syndicaliste. Les quatre auteurs de la tentative d'évasion ont été placés en garde à vue.

 

La maison d'arrêt de Lons-le-Saunier est un petit établissement qui accueille une cinquantaine de détenus, en détention provisoire ou condamnés à des peines relativement courtes.

 

Leur presse (Le Parisien), 27 novembre 2010.

 

 

 

 

Tentative d'évasion à Lons : les détenus en garde à vue

 

Les quatre détenus âgés de 24 à 26 ans qui ont tenté de s'évader samedi de la maison d'arrêt de Lons-le-Saunier, blessant quatre gardiens au passage, ont été maintenus en garde à vue hier.

 

À la maison d'arrêt de Lons-le-Saunier, prison départementale installée en centre-ville, petite structure qui accueille une cinquantaine de détenus condamnés à de (relativement) courtes peines, en détention provisoire ou en attente de transfert, on n'avait pas eu affaire à une telle tentative d'évasion depuis très longtemps. Voire jamais selon la Direction interrégionale des services pénitentiaires : «C'est la première fois. Le sang-froid avec lequel ont réagi les surveillants est à saluer, il a permis que cette tentative d'évasion ne reste qu'une tentative.» Quatre d'entre eux, ceux qui étaient à l'intérieur, ont été violentés par quatre détenus qui ont tenté de se faire la belle. Rattrapés, ils ont été placés en garde à vue. Celle-ci a été prolongée hier soir, le temps pour les enquêteurs d'éclaircir les dernières zones d'ombre, en particulier la possibilité d'une complicité extérieure.

 

Samedi en fin d'après-midi, vers 17 heures, les sonneries d'alarme ont retenti à la maison d'arrêt, rue de la Chevalerie. À la sortie de la promenade, un détenu aurait violemment pris à parti puis roué de coups, avec l'aide de trois autres (tous âgés de 24 à 26 ans) le surveillant de la porte, ainsi que le gradé en poste, pour se saisir de leurs trousseaux de clés. Deux de leurs collègues gardiens, venus leur apporter leur renfort, ont été blessés à leur tour. La scène aurait été d'une violence extrême. L'un des prisonniers aurait même porté secours aux gardiens, par crainte d'une accusation de non-assistance à personne en danger. Si l'un des détenus (celui qui avait donné l'assaut) a été immédiatement maîtrisé par le personnel pénitentiaire, les trois autres ont continué leur avancée dans le bâtiment et ont eu le temps de franchir plusieurs portes. Les clés ne leur ayant pas permis de sortir par la porte d'entrée, les trois fugitifs ont alors commencé à improviser une sorte d'échafaudage au moyen de tables, de matelas et de sommiers et ont pu franchir un premier mur haut de cinq mètres pour se retrouver dans le chemin de ronde, avec seul un dernier mur les séparant de l'extérieur. C'est là qu'ils ont été attrapés par les policiers lédoniens, arrivés à cinq en urgence après réquisition de la direction de la prison.

 

Une dizaine d'hommes de l'Eris (Équipe régionale d'intervention et de sécurité), sorte de GIGN de l'administration pénitentiaire, a été dépêchée de Dijon et relayée par celle de Strasbourg dans la nuit. Elle y était encore hier.

 

Les quatre détenus ainsi que d'autres témoins ont été auditionnés hier au commissariat où la sécurité a été renforcée. Ils devraient être présentés aujourd'hui au Parquet et pourraient passer en comparution immédiate. Le quatuor est composé de délinquants qualifiés de «dangereux» : deux sont en détention provisoire (dans une affaire d'homicide jurassienne et un trafic de stupéfiants en Savoie), deux condamnés pour vol en bande organisée et braquage. «Ils sont poursuivis pour tentative d'évasion, une infraction dont la peine ne peut pas être confondue avec la peine en cours ou à venir, et violences sur dépositaires de l'autorité publique, déclare le procureur Virginie Deneux. Il reste encore des choses à éclaircir mais nous allons faire en sorte qu'une réponse pénale rapide soit donnée.»

 

Au commissariat, de nouveaux moyens de sécurité ont été déployés cette nuit pour pallier toute éventualité de nouvelle tentative d'évasion. «Nous allons activer le Groupe d'intervention de la sûreté publique (GISP) pour leur transfert au tribunal de grande instance et pour assurer la protection de la population, annonce le commandant Morizot. Ils ne seront pas ramenés à la maison d'arrêt de Lons mais transférés dans des prisons différentes, ailleurs.»

 

Leur presse (Delphine Givord,
Le Progrès), 29 novembre.

 

 

Tentative d’évasion à la prison : Lons hier sous haute surveillance

 

Pour organiser le transfert des quatre détenus qui avaient tenté de s'évader samedi de la maison d'arrêt, du commissariat au tribunal puis vers leurs nouvelles prisons, un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé.

 

 

Ce n'est pas tous les jours que les rues du centre-ville de Lons-le-Saunier sont bloquées par des hommes armés et encagoulés. C'est ce qui s'est passé hier, entre 13 heures et 16 heures, devant les yeux éberlués et curieux des passants : un impressionnant dispositif de sécurité a été déployé pour permettre le transfert des quatre détenus qui ont tenté de s'évader samedi en fin d'après-midi de la maison d'arrêt départementale de la rue de la Chevalerie. Les quatre jeunes hommes, âgés de 25 à 26 ans, ont d'abord été transférés du commissariat de police lédonien où ils étaient en garde à vue depuis samedi (l'un d'eux est arrivé en ambulance de l'hôpital, s'étant blessé à la jambe en sautant par-dessus le mur haut de cinq mètres) au palais de justice. Ils ont été présentés au Parquet, devant le procureur de la République Virginie Deneux, et sont passés en comparution immédiate vers 14h45. Dans la salle d'audience et aux abords, une quinzaine de policiers et de membres de l'unité d'élite départementale du Groupe d'intervention et de sécurité publique (GISP) pour encadrer les prévenus. Les quatre ont demandé un délai pour préparer leur défense, que le tribunal, présidé par Brigitte Vernay, leur a accordé. Placés sous mandats de dépôt, ils sont convoqués à nouveau devant le tribunal correctionnel de Lons le 3 janvier prochain pour répondre de tentative d'évasion et de violences sur représentants de l'autorité publique, pour lesquels ils encourent cinq ans de réclusion, cumulables mais qui ne peuvent pas être confondus avec les peines qu'ils purgent ou auront à purger. Les quatre gardiens de prison blessés au cours de leur tentative d'évasion se sont porté partie civile.

 

 

Les quatre prévenus n'ont pas réintégré hier soir la maison d'arrêt jurassienne : ils ont été écroués et transférés sous très haute surveillance vers quatre prisons différentes de la région grand Est. Pour permettre leur transfert, avec le renfort du GISP, de l'Équipe régionale d'intervention et de sécurité (Eris, sorte de GIGN de l'administration pénitentiaire venue de Strasbourg) et de la gendarmerie, la rue de la Chevalerie a été partiellement coupée à la circulation et le périmètre bouclé. Les opérations se sont terminées à 16 heures.

 

 

 

Les quatre détenus, tous des jeunes hommes, sont présentés comme des délinquants «dangereux» : l'un est en détention provisoire pour affaire criminelle (l'un des deux meurtriers présumés de Maxime Rigaud, retrouvé mort dans le Doubs en juillet 2009), un autre pour trafic de stupéfiants et d'armes en Savoie, un troisième purge une peine de quatre ans et demi pour vol en bande organisée et le dernier a été condamné pour le braquage du magasin Chapi-Chapo à Lons.

 

Samedi vers 17 heures, les sonneries d'alarme ont retenti à la maison d'arrêt de Lons : un détenu, suivi par trois autres, s'en serait pris aux gardiens pour prendre leurs trousseaux de clés et tenter de se faire la belle. La scène aurait été d'une extrême violence : les quatre gardiens ont été blessés (leurs blessures ont été évaluées à un et six jours d'Interruption totale de travail) mais ont réussi à en arrêter un et à appeler la police en renfort, tandis que les trois autres réussissaient à avancer, franchissant plusieurs portes et improvisant un échafaudage fait de matelas et de tables pour réussir à passer un premier mur haut de cinq mètres et se retrouver dans le chemin de ronde, à une paroi de l'extérieur, où ils ont été arrêtés par les fonctionnaires du commissariat. L'hypothèse d'un complice à l'extérieur a été étudiée, des éléments en ce sens ayant été trouvés à proximité.

 

Les gros moyens seront ressortis pour le retour des quatre détenus à Lons, dans un mois.

 

«La dernière tentative d'évasion à la prison de Lons, c'était en juin 1944 !»
Selon la Direction interrégionale des services pénitentiaires, il n'y avait jamais eu de telle tentative d'évasion à la maison d'arrêt de Lons-le-Saunier. Ou en tout cas pas depuis des lustres. Hier, un lecteur lédonien nous a appelés pour nous raconter la dernière en date, historique, à laquelle il a participé il y a soixante-six ans. «J'en connais une, moi, de tentative d'évasion ratée, mais elle était différente de celle-ci, raconte Jacques Genillon. C'était dans la nuit du 8 au 9 juin 1944. Avec mon groupe de résistants, appelé Indépendance, nous avions projeté de libérer les résistants qui étaient incarcérés à la prison de Lons, avec l'aide du groupe de Frontenay. J'ai encore le plan ! Le 8 juin vers 23 heures, nous avions disposé des sentinelles tout autour, rue de l'Ancien collège, avenue Jean-Moulin, etc. et nous nous étions retrouvés dans les jardins de l'actuel cinéma. Tout le monde était prêt. Un camion du maquis de Frontenay est arrivé, avec vingt personnes à bord. C'est là qu'on a rencontré un agent de liaison interallié qui nous a dit : “Stop ! Les Allemands sont au courant, ils vous attendent !” On n'a pas bougé et attendu jusqu'à 2 heures du matin avant de rejoindre notre cantonnement à Blyes, à pied. L'attaque a échoué, certainement à cause de la frousse de l'agent de liaison. Pourtant nous avions un gardien de la résistance à l'intérieur, M. Brunet. Il devait nous ouvrir la porte, on devait neutraliser les gardes et prendre les clés pour délivrer tous les instituteurs de l'école Saint-Désiré et trois de nos camarades résistants, parmi lesquels Bernard Sautot. Malheureusement, nous n'avons pas eu le temps d'organiser une autre tentative d'évasion : quinze jours plus tard, les Allemands ont déporté les instituteurs (dont un seul est revenu) et emmené nos camarades à la prison de Bourg-en-Bresse. Deux ont été exécutés par décapitation lors du transfert, vers Cuiseaux, et le troisième, Bernard Sautot, a été tué d'une balle dans la nuque à l'arrivée à Bourg.
Voilà la malheureuse histoire de la dernière tentative d'évasion en date à Lons-le-Saunier, à laquelle j'ai repensé en apprenant les événements du week-end.»

 

Leur presse (Delphine Givord,
Le Progrès), 30 novembre.

 


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