Témoignage d'une gardée à vue du 15 février

Publié le par la Rédaction


Témoignage de Hélène, du RESF de Paris Nord-Ouest, qui gère la liste des alertes rafles.

Date : 15 février 2010 23:38
Objet : Hélène; garde à vue

À 6h10, quatre hommes et une femme ont frappé à ma porte, ont dit que c’était la police. J
ai ouvert. Ils portaient des gilets pare-balles. Je ne me souviens plus si ils mont montré un papier dès leur arrivée. Je sais que jen ai signé un après mais ne me rappelle plus quoi. Ils mont parlé des «mes engagements politiques de gauche». Tout ce moment reste très flou, jétais surprise et je me demandais ce quil se passait.

Au bout d
’un moment ils m’ont dit chercher des bombes de peinture et m’ont parlé de destruction de DAB (distributeurs automatiques de billets). Ils ont cherché de la littérature subversive. Ils ont pris en photos des livres (le dernier de RESF, De la désobéissance civile…). Ils ont fouillé partout. Ils ont voulu voir les photos de mon appareil photos, m’ont demandé si j’avais des photos de manif. Ils ont photographié des notes sur l’occupation des grévistes. Ils ont emmené deux ou trois papiers qu’ils m’ont rendus. Ils ont embarqué mon CV. Ils ont voulu prendre mon ordi mais je leur ai expliqué que je n’avais plus internet depuis deux ans. Ils l’ont fouillé quand même sans l’emporter. Ils m’ont demandé mon portable et mon chargeur, qu’ils ont emporté. Je ne les ai pas récupéré. Ils m’ont dit que je pourrais le récupérer demain. Dans l’appartement ils m’ont parlé du centre de rétention de Vincennes. Ensuite nous sommes descendus dans ma cave. Ils y ont jeté un rapide coup d’œil.

J
ai été emmenée ensuite au 36 quai des Orfèvres. Jy suis arrivée vers 8 heures. Là jai eu le droit aux photos anthropométriques, prise dempreintes et mont fait me déshabiller, maccroupir et tousser. Jai des marques reconnaissables sur le corps quils ont prises en photos. Je leur ai expliqué que cétait une maladie génétique. Ils ont fait des commentaires se demandant si ce nétait pas contagieux…

Ensuite, vers 11 heures,  j
ai été interrogée pour ce qu’ils appellent linterrogatoire didentité (je suis plus trop sûre du terme) par un commandant de police. Ils sont remontés de ma scolarité primaire à mon diplôme professionnel, mont interrogée sur mes voyages et ensuite sur mes opinions politiques. Ils mont questionné sur mes activités militantes.

Je suis remontée en cellule. J
ai été ensuite changée de cellule car jétouffais dans celle où jétais (en gros quatre mètres carrés, pas daération pas douverture). Jai demandé à voir un médecin que jai vu une heure après environ.

Il m
a été demandé de faire un test ADN. Avant javais dit que javais le droit de refuser. Il ma été répondu que je pouvais être jugée pour ça et que de le faire était le meilleur moyen de prouver mon innocence. Je lai donc fait.

Vers 16h30 j
ai été vue à nouveau «pour les besoins de lenquête». Mon téléphone portable a été évoqué à nouveau. Il ma été dit queffectivement cétait pour cela que jétais là. On ma demandé si javais participé à des actes de violences (destruction de DAB, investir la préfecture ou la CAF), mont interrogé sur mes connexions internet, les sites que je visite, mes moyens dinformations et si je connaissais des gens qui avaient commis des actes de violence (ai répondu pas à ma connaissance) ou entendu parler dactes de violence. Ils ont beaucoup insisté pour savoir ce que savais des banques qui dénoncent les sans-papiers, ce que jen pensais et ce que je pensais des actes violents.

La fin de ma garde à vue a été prononcée à 19h35. Je suis sortie après 13 heures 20 de garde à vue.

Hélène

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Éducation sans frontières, 16 février 2010.


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