Suite des émeutes à Rome / Qui sont les Black Blocs ?

Publié le par la Rédaction

Suite des émeutes à Rome

 

Grande surprise, aujourd’hui, parmi les médias bourgeois, surtout ceux de la gauche caviar qui avaient essayé d’exploiter la protestation pour des buts électoralistes. On découvre que les arrêtés ne sont pas des «professionnels de la violence» comme on avait crié le lendemain de l’explosion de rage dans les rues de Rome.

 

Un étudiant français, un artisan de Pise, deux jeunes filles venues étudier à Rome, quelques chercheurs, voilà les casseurs du 14 décembre. Pour reprendre le commentaire de ateneinrivolta : tous très précaires et tous très enragés. Tous sans précédents, tous très jeunes. On voit aussi revenir la thèse des infiltrés, si chère aux journaux qui adorent voir se fondre de soi-disant flics, au milieu des étudiants des utiles et manifestants bons enfants : le flic présumé que l’on avait mis en première page est un camarade de 16 ans qui avait pris comme trophée les menottes et la matraque d’un policier.

 

Tout le monde est là à se demander d’où vient cette génération si pleine de rage et de violence.

 

Des 23 personnes qui ont été finalement arrêtées, 11 ont été libérées ce matin dans l’attente du procès : certains sans aucun mesure préventive, certains avec l’interdiction de mettre le pied à Rome, d’autres avec l’obligation de poser une signature au commissariat tous les jours. Les autres restent en taule [Les 23 personnes sont toutes sorties de la taule cet après-midi. Pour un camarade l’obligation de ne pas quitter le domicile jusqu’au procès !].

 

Un sit-in de solidarité s’est formé en bas du tribunal, certains solidaires ont essayé de forcer le cordon de flics pour entrer dans le bâtiment, et à la lecture de la sentence du juge, les manifestants ont crié «liberi tutti».

 

Affaire à suivre…

 

Le Réveil, 16 décembre 2010.

 

 

 

 

Qui sont les Blacks Blocs ? Où sont les Blacks Blocs ?

 

Traduction du texte d’un collectif universitaire italien, en réaction à la campagne de presse des médias italiens sur de prétendus «Blacks Blocs» pendant les émeutes à Rome mardi 14 décembre.

 

Cette ques­tion réap­pa­rais­sant dans la plu­part des jour­naux après chaque émeute, comme celle à Rome le 14 décem­bre, elle mérite une réponse. Est-ce que vous voulez-vous voir à quoi res­sem­blent nos visa­ges quand ils ne sont pas mas­qués par des fou­lards, des cas­ques ou des cagou­les ?

 

Ce sont les mêmes visa­ges qui paient un loyer pour vos appar­te­ments pour­ris, les visa­ges de ceux à qui vous offrez des stages non rému­né­rés ou des jobs à plein temps pour 1000 euros. Ce sont les visa­ges qui paient des mil­liers d’euros pour assis­ter à vos cours. Ce sont les visa­ges des gamins que vous frap­pez quand vous les chopez avec un peu d’herbe dans leurs poches. Ce sont les visa­ges de celles et ceux qui doi­vent s’enfuir du bus quand les contrô­leurs appa­rais­sent, ne pou­vant pas se payer le voyage.

 

Ce sont les gens qui cui­si­nent vos faux-filets à point dans les res­tau­rants chics, et reçoi­vent pour ça 60 euros la soirée, au black. Ce sont celles et ceux qui vous pré­pa­rent vos cafés serrés à Starbucks. Ce sont ceux qui répon­dent à vos appels en disant «118 118, puis-je vous aider ?», ceux qui achè­tent de la nour­ri­ture à Lidl par­ce ­que celle des autres super­mar­chés est trop cher. Ceux qui ani­ment vos camps de vacan­ces pour 600 euros par mois, ceux qui ran­gent les étalages des maga­sins où vous ache­tez vos légu­mes bios. Ce sont ceux à qui la pré­ca­rité bouffe toute l’énergie vitale, ceux qui ont une vie de merde, mais ont décidé qu’ils en avaient assez d’accep­ter tout ça.

 

Nous fai­sons partie d’une géné­ra­tion, qui, pour un jour, a arrêté de s’empoi­son­ner le sang avec la névrose d’une vie passée dans la pré­ca­rité, et qui a sou­tenu les émeutes. Nous sommes le futur que vous devez écouter, et la seule partie saine d’une société cou­verte de métas­ta­ses. Ce qu’il est en train de se passer à Londres, Athènes et Rome est d’une impor­tance his­to­ri­que. Des places rem­plies à cra­quer de gens explo­sent de joie quand les cars de police pren­nent feu. Notre exis­tence même est dans ces cris : l’exis­tence de celles et ceux qui ne peu­vent pas croire que des gou­ver­ne­ments élus se retour­ne­raient contre leurs citoyens et leur feraient payer des dizai­nes d’années d’erreurs com­mi­ses par le sec­teur finan­cier et les mul­ti­na­tio­na­les ; l’exis­tence de ceux qui main­te­nant com­men­cent à penser que tous ensem­ble nous pou­vons com­men­cer à leur faire peur. Ces excla­ma­tions étaient furieu­ses et joyeu­ses, explo­sant depuis la partie saine de la société, pen­dant que celle empoi­son­née se cachait dans la Chambre des Députés.

 

Les Black Blocs ont encore frappé. Vous feriez mieux de regar­der autour de vous main­te­nant. Des rumeurs disent que vous pour­riez en ren­contrer cer­tains pen­dant vos cours, à la biblio­thè­que, à la machine à café, au pub, sur la plage, voire même dans le bus.

 

Collettivo Universitario Autonomo de Torino, 16 décembre.
Traduit de l’anglais (th-rough.eu) - Rebellyon.

 

Publié dans Colère ouvrière

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