Sucette et vitrines taguées à Poitiers : une peine d'amende
Avril 2009 : depuis quelques semaines, une vague de dégradations des sucettes Decaux s’est abattue sur la ville de Poitiers. Sur internet, des blogueurs anonymes revendiquent la destruction de ces supports du capitalisme le plus agressif.
À Poitiers, les policiers sont sur les dents. Les consignes sont claires : il faut que cette mode détestable s’arrête.
Ce 20 avril, ils repèrent trois jeunes gens en train de «chahuter». Des jeunes, en pleine nuit, qui chahutent, dont l’un porte un chapeau… Les limiers du commissariat sont en éveil.
Bingo ! Ils aperçoivent la jeune Léna, qui vient tout juste de fêter ses vingt ans, en train de gribouiller quelque chose sur une sucette Decaux du côté de la rue Saint-Porchaire, et l’embarquent illico presto pour 23 heures de garde à vue.
«C’est mieux comme ça»
Pour un simple gribouillis, ça fait un peu beaucoup mais la jeune fille reconnaît que c’est bien elle qui a écrit : «C’est mieux comme ça», sur la sucette vide qu’un autre antipub avait précédemment débarrassée de son affiche publicitaire.
Léna admet aussi qu’elle a tagué au feutre : «Brûle ta banque» sur le Crédit mutuel voisin mais nie avoir écrit «Assassins» sur la façade du Crédit agricole et «(R)évolution» chez Gibert livres.
Léna a comparu hier devant le tribunal correctionnel en compagnie d’un des garçons qui l’accompagnait et à qui on n’a, en fait, pas grand-chose à reprocher (il sera relaxé).
Son avocate, Me Simone Brunet s’est lancée dans une plaidoirie fougueuse dans laquelle il était question d’une jeunesse diplômée que la société exploite, des délits financiers de Lehman Brothers et de la publicité omniprésente : «On peut barbouiller le monde entier d’inscriptions “Coca-Cola”. Mais barbouiller une sucette Decaux, alors là, non !»
Au final, 150 € d'amende et 100 € de dommages-intérêts à Decaux qui en réclamait près de cinq fois plus.
Leur presse (La Nouvelle République), 7 octobre 2009.
