Sans Papiers Ni Frontière - Poitiers, 5 février

Publié le par la Rédaction

 

Il s'agit ici de revenir sur les événements qui se sont déroulés à Poitiers le 5 février 2011 au soir.

 

Au départ, un appel à la manifestation fut lancé. Celui-ci revendiquait «la liberté de circulation et d'installation pour toutes et tous» ; le cortège devait partir à 22h de la place Charles de Gaulle. Finalement, il ne partit qu'à 22h30 dans une ambiance de fête. À l'arrivée des dégradations et sept interpellations.

 

Bien qu'une partie de ces faits nous soient imputés, nous ne souhaitons pas les commenter. En revanche, nous, les sept inculpé-e-s, reconnaissons et assumons avoir participé à cette manifestation. Par notre présence nous souhaitions, simplement, exprimer notre rejet de la gestion des migrants et notre soutien inconditionnel à ceux qui doivent y faire face chaque jour. Il n'était donc pas question de dégrader ; cela ne correspondait pas à nos attentes. Par conséquent, nous ne sommes pas les auteurs des dégradations. Et, subséquemment, nous ne pouvons que deviner les motivations qui ont poussé à de tels actes.

 

Par ailleurs, notre convocation devant la justice a été rendue possible par une loi particulièrement fallacieuse : la LOI no 2010-201 du 2 mars 2010 «renforçant la lutte contre les violences de groupes et la protection des personnes chargées d'une mission de service public». Celle-ci rend la «participation à un groupement formé en vue de la préparation de violences contre les personnes ou de destructions ou dégradations de biens» illégale. Autrement dit, cette loi permet d'interpeller des individus, non parce qu'ils étaient en train de commettre des délits, mais parce qu'ils manifestaient a côté de personnes qui ont, par la suite, commis des délits. De plus, même une partie de la classe politique dénonce une résurgence de la loi anti-casseurs soit une remise en cause d'un des fondements du système judiciaire français : la présomption d'innocence.

 

Entendons-nous bien : nous ne nions pas l'existence des dégradations commises le soir du 5 février 2011, nous pointons le ridicule de la situation. Pourquoi mettre en exergue le fait que des manifestant-e-s aient en leur possession des fumigènes, des briquets, des pétards juste après une manifestation ? Combien de syndicalistes ont fait usage de fumigènes et de pétards durant le mouvement de cet automne contre la réforme des retraites ? L'usage de ce matériel ne justifiait-il pas d'avoir un briquet sur soi ? Pourquoi s'offusquer outre mesure que nous ayons été arrêté-e-s avec des écharpes, des bonnets et des gants, alors que nous étions en plein hiver ? Pourquoi perquisitionner du matériel militant chez nous alors qu'il est complètement banal que les participant-e-s à des manifestations en aient chez eux ?

 

Alors pourquoi ordonner à la police la destruction du matériel dit «anarchiste» saisi chez nous ? La jeunesse engagée fait-elle trembler à ce point le pouvoir ? Croit-il avoir fabriqué une jeunesse désespérée n'ayant plus vocation qu'à verser dans le terrorisme ? S'agit-il de faire de nous des exemples, d'envoyer un message fort à ceux qui poursuivent leur ligne de fuite, qui ne se laissent pas surveiller et punir, sans réagir ? Malgré la «chasse au gauchiste» qui sévit, nous ne renoncerons pas à nos désirs d'émancipation.

 

Des perspectives s'offrent, encore, à nous si toutefois notre futur ne se résume pas à un monde de barreaux.

 

Les 7 manifestant-e-s arrêté-e-s le 5 février 2011
Pavillon Noir, 29 mars.

 


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