saintNazaire : Le Radeau aux sorcières évacué
Le squat du Pilotage évacué à Saint-Nazaire
C’en est fini du squat de l’hôtel du Pilotage au Petit-Maroc, à Saint-Nazaire. Une quinzaine de jeunes et leurs 5 chiens ont été évacués ce jeudi matin, à 8 heures, par 45 policiers de Saint-Nazaire et de Nantes. L’intervention s’est déroulée sans heurts, sinon quelques échanges verbaux. Les jeunes, dont certains étaient présents depuis les premiers jours d’occupation de cet hôtel désaffecté, début décembre, ont déménagé mobilier et équipement électro-ménager, souhaitant que la mairie leur trouve une solution de relogement. Toutefois, ils ne cachaient pas leur surprise devant cette évacuation. Ils espéraient qu’elle ne se ferait que début juin. L’ancien hôtel est en ce moment muré pour être désamianté par la suite.
Leur presse (Ouest-France), 22 avril 2010.
Fini le squat du Pilotage, ils se retrouvent à la rue
Une quinzaine de personnes vivaient dans l’hôtel désaffecté, au Petit Maroc. Avec disent-ils, «un projet culturel en tête». Ils ont été chassés, hier.
«Le radeau coule mais pas nous.» L’inscription domine l’ancien hôtel du Pilotage. À côté, «Portes ouvertes». Depuis le 4 décembre, le bâtiment qui domine le port était occupé par des habitants venus s’approprier ce lieu «abandonné». «Mais pas pour squatter.» Ils voulaient créer «un lieu d’échange pour tous». Hier, à 8 heures, la police les a délogés. Sans heurts ni violence. Mais ils sont maintenant sans toit.
«On avait le projet de créer un lieu politique, culturel et social», explique avec dégoût Julien, 17 ans. «On s’organisait petit à petit. On faisait des ateliers artistiques, du bricolage. On avait même le projet de faire du théâtre.»
«Combattons le fascisme»
En entrant dans la pièce du rez-de-chaussée, on se doute que l’ordre n’est pas la priorité, on comprend que les idées libertaires ont fusé pendant quatre mois. La tête d’une poupée décapitée, traversée d’une tringle à rideaux accueille les visiteurs. Au rez-de-chaussée, la salle commune est un véritable capharnaüm. Des restes de nourritures, des odeurs pas très agréables. La brioche du petit-déjeuner est encore là, avec de la vaisselle sale. Le sol est jonché de papiers, de mégots de cigarettes, de vêtements. Les murs sont tagués, parsemés d’affiches, «Combattons le fascisme et le racisme», «Ils sont dehors, des logements sont vides». Les canapés de récup’ sont défoncés. Les quelques meubles aussi. «Cet endroit a aidé beaucoup d’entre nous. C’est au moins cinquante personnes qui sont passées», s’emporte Éric, fâché contre une municipalité jugée «indigne».
Mineur et à la rue
«On pensait qu’on avait jusqu’au 7 juin», déplore Laurent, 25 ans. «L’huissier était passé le 7 avril. Normalement, on avait deux mois pour partir.» Ils attendaient de la mairie des propositions de relogement. «On n’a jamais eu aucun contact avec elle ! En plus, on n’a jamais eu de problèmes avec les voisins.» Quelques concerts tardifs avaient tout de même gêné quelques riverains, mais «rien de méchant», confirme un commerçant.
Devant l’hôtel, les affaires s’entassent. Frigo, chaises, matelas, cassettes vidéo, ils récupèrent le maximum de choses. Même s’ils ne savent absolument pas ce qu’ils vont faire. «J’ai 17 ans, je suis mineur et ce soir, je suis à la rue !», dit avec amertume Julien. Ils chargent au maximum leur unique camion. Tout en regardant les ouvriers faire leur travail. Car avec les policiers, c’est une entreprise du bâtiment qui a débarqué avec ciment et parpaings.
Pour les jeunes, c’est la fin.
Plus aucun recours n’est possible en justice. Mais l’espoir n’est pas mort. «Le collectif garde le projet dans la tête. Si il y a moyen, on le refera», glisse Julien. Hier soir, ils étaient une dizaine dehors dans un campement de fortune. Certains cherchaient encore un plan pour dormir, d’autres imaginaient la belle étoile.
Leur presse (Erika Penot et Frédéric Salle -
Ouest-France), 23 avril.