saintNazaire : Deux manifestants condamnés à de la prison ferme

Publié le par la Rédaction

Violences d'après-manif à Saint-Nazaire : regrets et négation

 

Deux manifestants interpellés lors des heurts du 23 septembre et du 12 octobre ont été condamnés à la même peine, malgré des défenses différentes : un mois ferme.

 

 

La justice nazairienne en a presque terminé avec les procès de manifestants anti-réforme des retraites. Quelques-uns seront encore convoqués devant un délégué du procureur pour un rappel à la loi, mais hier, le tribunal correctionnel accueillait à nouveau deux d'entre-eux, poursuivis pour violences envers les forces de l'ordre.

 

Le premier, un Nantais de 32 ans, apparaissait pour la troisième fois dans le box des prévenus. La première, le 13 octobre, il avait refusé la comparution immédiate mais n'avait pas évité l'incarcération. Quand il fut question de sa libération de détention provisoire deux semaines plus tard, il avait aussi choisi le mutisme, comme lors de sa garde à vue. «J'avais peur», a-t-il expliqué hier, d'une voix très posée, avant d'entamer le récit attendu de cette journée de manifestation. Archiviste, «en contrat précaire», il était venu crier son hostilité à la réforme. Il avait rencontré des amis nazairiens, «bu sept ou huit bières».

 

Après l'interpellation, l'énervement

 

À la fin du défilé, il a rejoint le lieu incontournable des premiers heurts, les Quatre z'horloges. A-t-il jeté un pavé ? «C'est indiscutable», glisse-t-il au tribunal qui l'a reconnu sur les photos figurants au dossier. «Pourquoi attaquer des fonctionnaires ?», questionne le président Le Ninivin. «J'ai perdu le contrôle.»

 

Il tient aussi à détailler son interpellation et l'origine d'une blessure au visage qui selon lui n'est pas due à sa chute. «J'ai trébuché. Mais plus tard, j'ai reçu des coups. Ça m'a énervé.» Il s'était ensuite débattu, crachant sur deux policiers. Le rapport médical pointe en effet «des contusions aux côtes et un nez cassé», soulève son avocat Me Barrière. Le procureur, Jacques Noguellou, n'a pas caché sa lassitude des fins de manifestations qui dégénèrent. «La sous-préfecture, ce n'est pas place de l'Amérique latine. Il faut y aller exprès.» Il a requis trois mois de prison ferme. Le tribunal a tenu compte de son casier vierge, se limitant à un mois ferme. «J'ai fait un mois et trois jours de prison. J'ai eu le temps de réfléchir et je regrette vraiment», avait-il tenu à établir. Conséquence néfaste pour celui qui pourrait devenir fonctionnaire, sa condamnation restera inscrite à son casier judiciaire.

 

Agent de sécurité, cet homme de 24 ans a eu lui plus de chance, puisque le tribunal a accepté de ne pas faire figurer la condamnation à son casier. «Indispensable pour garder son emploi», avait plaidé Me Frégona. Ce jeune Nazairien venu manifester le 23 septembre a pourtant été condamné à un mois de prison ferme. Il devra aussi verser 400 € aux trois policiers qui l'ont interpellé, après des jets de pierre. «J'étais dans un groupe qui lançait des trucs, mais moi, je n'ai rien lancé.» Pour son avocate, le fait «qu'il n'apparaisse sur aucune photo laisse planer le doute». Par sa condamnation, le tribunal a réaffirmé que les éléments visuels n'étaient pas toujours indispensables.

 

Leur presse (Frédéric Salle,
Ouest-France), 17 novembre.

 


Publié dans Colère ouvrière

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