Piraterie coopérative en Somalie

Investir dans la piraterie, c’est ce que proposent quelques entrepreneurs somaliens. Et ça peut rapporter gros.
«J’ai investi l’équivalent du prix d’un lance-roquettes. Ça m’a déjà rapporté 75'000 $ (49'840 €) en 38 jours, explique Sahra Ibrahim, une jeune divorcée de 22 ans. Maintenant, j’attends de recevoir la part qui me revient de la rançon d’un thonier espagnol.» Impressionnant retour sur investissement, un lanceur RPG-7 se négociant, en Somalie, aux alentours de 5000 $ (3322 €) et sa grenade à moins de 100 $ (66 €) l’unité.
À Haradheere, à 400 km au nord de Mogadiscio, personne ne regrette d’avoir investi dans la première coopérative maritime dont l’objet social est le financement de la piraterie. «Pendant la mousson, quand on ne pouvait pas prendre la mer, on a décidé de mettre en place cette structure mutualiste pour financer nos activités, acheter des armes et du matériel et permettre à tout le monde de bénéficier d’une part du butin, explique Mohammed, un ex-pirate reconverti dans la gestion de la coopérative. On a fait de la piraterie une activité communautaire.»
Signe que les affaires sont florissantes, Haradheere, que l’on décrivait autrefois comme un village de pêcheurs, voit fleurir… des embouteillages ! Les 4×4 y sont plus nombreux que les barques. Tout le monde profite de la manne, même les écoles publiques et l’hôpital puisque les autorités locales touchent aussi une part du butin sur chaque prise.
Et pour ceux qui ne peuvent pas investir, le travail ne manque pas. «Je ne voulais pas mourir sous les bombes à Mogadiscio, explique Abdirahman Ali. J’ai choisi de venir ici et j’ai un travail stable.» Il monte la garde sur un chalutier thaïlandais. Et touchera les dividendes de la rançon.
Leur presse (Ouest-France), 4 décembre 2009.
