Même plus la peine de sauver les apparences !

Publié le par la Rédaction


Lors du procès des inculpés de l’incendie du centre de rétention de Vincennes, malgré la présence de la presse, d’un collectif d’avocats virulents et d’une mobilisation importante, l’appareil judiciaire ne s’est pas départi du mépris, du cynisme, de la suffisance dus à son pouvoir quasi divin.

Le cadre est imposé : savoir qui a mis le feu. Il faut des noms, des coupables, des peines pour que justice soit faite. Le tribunal préfère ignorer les causes des faits, trop politiques. Pourquoi le centre de rétention a brûlé ? Pourquoi alors que les retenus dénonçaient leur situation depuis des mois, l’État n’a fait que renforcer les dispositifs répressifs rendant toujours plus insupportables les conditions de rétention et nombreuses les expulsions ? Pourquoi Salem Souli un retenu tunisien est mort ? Ces questions resteront sans réponse dans le cadre du procès. D’ailleurs depuis lundi 1er février, la juge Nathalie Dutartre, ses assesseurs et le procureur Gilbert Flam visionnent en continu les 35 heures de vidéo-surveillance, en la seule présence des flics, de leur avocat et de celui de l’État venu réclamer réparation. Les prévenus et leurs avocats ont décidé de quitter les lieux pour ne pas être contraints à assister «ficelés», sans pouvoir réagir à la mise en œuvre de cette justice d’abattage.

Mais lors des trois premiers jours du procès, le cadre implacable et stupide de la répression en exercice a tout de même été quelque peu malmené. C’est du banc des accusés qu’on en a eu la preuve par les faits : le premier jour, l’audience à peine commencée est suspendue car il faut attendre la libération d’Ekma en garde à vue à la gare du Nord suite à un contrôle de papiers ; puis à peine reprise, elle sera à nouveau interrompue car Moïse et sa femme Anaïs reconnaissent en la personne de la juge Dutartre celle qui avait déjà brisé leur vie en mettant le premier en détention provisoire et la seconde sous contrôle judiciaire (pour CR des audiences).

Dès le début l’intention de l’État était claire : condamner le droit à la révolte en jugeant comme «criminels» quelques boucs émissaires pris au hasard. Depuis juin 2008, la mobilisation a empêché que le pouvoir jette les accusés dans ses cachots dans le silence. Aujourd’hui les accusés doivent être relaxés mais quelle que soit l’issue du procès la colère et la solidarité avec les accusés ne tomberont pas.

Résistons ensemble no 83, février 2010
Contre les violences policières et sécuritaires.

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