Manif anticarcérale à Paris

Publié le par la Rédaction

À Paris, on ne fait pas les manifs à Poitiers !

À l’appel de l’ARPPI (Association pour le respect des proches de personnes incarcérées), on a battu le pavé parisien, dimanche, sous l’œil concupiscent des journaleux et des flics, tous très déçus d’avoir raté la manif anticarcérale de Poitiers quelques semaines plus tôt. Du coup, ils étaient là en force, prêts à intervenir à la moindre incartade. Et Article 11 aussi…
(Pour accompagner ta lecture, Antimollusques a confectionné un très classe reportage audio sur la manif. Savoure !)

De 200 personnes présentes selon la police à un bon millier selon les organisateurs, ça dépend en fait si l’on compte le nombre de flics en civil qui encadraient littéralement le cortège et ceux à l’intérieur même de la dite manifestation. Ce qui nous fait, en appliquant une toute bête soustraction, un nombre proche de 800 civils, ce qui semble tout à fait probable vu les moyens répressifs mis en œuvre ce dimanche 8 novembre.


Ne pas se voiler la face, première «grosse» manif parisienne depuis… Depuis ?

Depuis Poitiers en fait, présente dans tous les esprits. Ceux de la meute RTL - France 2 - BFM. Pas vu TF1, qui devait pourtant bien être dans le coin mais qui a dû sans doute préférer ne pas arborer trop haut l’étendard tricolore. Toujours ça de pris… Ceux des flics, évidemment, qui ont cerné le parcours : Bastille, Gare de Lyon, Place d’Italie ; même pas la peine d’espérer approcher la prison de la Santé, objectif initial du parcours. Les flics qui, consciencieusement depuis trois jours, ont épluché tous les halls d’immeuble, toutes les plaques d’égout, toutes les planques potentielles du trajet — sans doute des fois que la menace anarcho-autonome ne sorte des AK-47 maquillés en sapins de Noël de chez Truffaut. Ceux des organisateurs de la manif, rappelant le contexte et appelant à la responsabilité de chacun. Ceux des manifestants, pour beaucoup en pleine période de réflexions, sinon de polémiques internes, quant à l’intérêt stratégique de l’action poitevine.

Du coup, l’ambiance est pesante. Ça se regarde beaucoup, ça regarde de partout, premières rumeurs sur des gens qui se seraient faits interpeller avant même de rejoindre Bastille ou à la sortie du métro [Dix personnes interpellées et libérées vers 17 heures, alors que la manif venait de se disperser. Comme quoi, à la Préfecture de police aussi, on a des Rolex qui marchent bien…]. Les familles de détenus prennent à tour de rôle la parole. Dignes, émues, résolues. Contentes de voir ce monde pour les soutenir. Ce monde qui pourtant, n’écoute pas trop les discours [Ce que la glorieuse Antimollusques te propose d’écouter bien au chaud…] et continue à jauger l’ambiance et les possibilités éventuelles d’action.

On commence à s’ébrouer. Vu le froid et le nombre de civils, il y a bien plus de bonnets que de capuches de sortie. Dès lors, il ne faut pas trop de temps pour se rendre compte qu’il ne va strictement rien se passer. Dix civils fondent sur quelques colleurs d’affiches, histoire de bien montrer que ce sont bien des flics au cas où on aurait été assez stupide pour pas remarquer, certains, comme toujours, viennent prêter main forte à leurs collègues depuis le cœur du cortège. La bonne vieille éternelle tactique policière : mettre des civils gros comme des maisons sur les bords, comme ça t’es bien content de les griller tellement ils sont visibles et du coup tu fais moins gaffe aux autres, beaucoup plus insidieux dans la manif elle-même.

Et puis plus rien, sinon le vent, le froid, et toujours ces regards méfiants, en tension, de tous les côtés. Petite pause devant l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière où une taule médicalisée est aménagée à l’intérieur, et toujours les discours de Catherine Charles, présidente de l’ARPPI et mère de Christophe Khider [
Pour rappel de l’histoire du fameux évadé, on peut consulter avec intérêt son blog].

Arrivée à Place d’Italie, terme de la petite ballade dominicale. Catherine étale ses états de service, les endroits où il est possible de l’entendre et de la lire. Dont le Monde Libertaire. Une voix derrière : «De toute façon, en ce moment, si on veut apprendre des trucs sur ce qui se passe, vaut mieux lire le Monde tout court que le Libertaire…» Allusion même pas voilée à l’interview de Coupat, à la revendication des Coucous de Poitiers ainsi qu’à l’enquête sur l’archipel des autonomes parue dans la semaine avec la complicité active de témoins dont prénom a été changé [Pas la force, pas le courage, pas envie de taper tous les liens… T’as qu’à googliser. En revanche, voici une hilarante et salutaire déconstruction journalistique pour me faire pardonner.]. Ça rigole un peu. Catherine continue. En guise de bilan de la manif, elle remercie les gens qui ont bien su se tenir et qui ont été «assez intelligents pour pas casser». Quelques rires et une petite bronca saluent son propos. Elle se justifie. «Ben oui, intelligents, adultes, vous mettez le mot que vous voulez…» Une voix hurle «Ou simplement stratégiques !»

Le temps d’une version plus qu’engagée et néanmoins apocalyptique de la Semaine Sanglante [
In extenso sur le glorieux reportage sonore, à bien écouter jusqu’au bout, donc !] et tout le monde rentre.

Moralité : flics payés à rien foutre et mobilisés en masse pendant une journée, ce qui a peut-être permis qu’ils ne renversent pas un gamin quelque part ailleurs, journaleux dépités de ne rien avoir eu à se mettre sous la caméra, TF1 qui se planque, familles de détenus qui se sont senties, de leurs propres mots, soutenues et touchées, aucune arrestation durant la manif, allez, on se motive et on se dit qu’on a passé un super chouette dimanche et que les mauvais jours finiront !

Article XI, 10 novembre 2009.



Dimanche 8 novembre Paris, manifestation de clôture de la semaine contre l’enfermement carcéral

Plusieurs centaines de personnes ont participé à cette manif.

En arrivant à la station de correspondance pour prendre la ligne 5 qui dessert Bastille, une douzaine de gardes mobiles avec boucliers et matraques devant le Relais H.

Devant l’Opéra diverses prises de paroles contre les morts suspectes, les suicides, les humiliations que subissent détenus-es et leurs familles.


Tous les boulevards et les rues du parcours sont bouclés et les civils encadrent en filmant les quelques centaines de manifestants-tes, alors que sur le camion sono, ça rap à tout va.

À la barbe de ce dernier service public, des dizaines d’affiches contre les prisons et les CRA seront collées.

Quelques slogans : «Toutes les prisons sont des couloirs de la mort», «Mur par mur, pierre par pierre, vos prisons, nous détruirons», «Libérez Jean-Marc Rouillan».

Place d’Italie, c’est l’apothéose, tous les boulevards sont bloqués par de double rangées de véhicules bleus et une ronde de GM, séparés d’un mètre, les uns des autres, ceinture l’extérieur de la place.

Une dizaine d’interpellations, difficile d’échapper aux civils qui contrôlent au faciès, le-la jeune, de préférence, auront lieu, tandis que des GM continueront d’arpenter certains couloirs et correspondances du métro.

Quelques sites :

La Brèche
Ban public
L’Envolée
Résistons ensemble

Amitiés à tous-ceux et toutes celles qui distribuaient le CAP, un journal jamais interdit mais toujours saisi.

HNS-info, 10 novembre.




Manifestation anticarcérale à Paris sous forte surveillance policière

Environ deux cents personnes, selon la police, mille selon les organisateurs, parmi lesquelles des proches de détenus et des sympathisants anarchistes, ont défilé à Paris dimanche sous forte surveillance policière, pour protester contre les conditions de détention pénitentiaire, a constaté une journaliste de l’AFP.

Des manifestants ont distribué des tracts signés de la Fédération Anarchiste, portant le slogan : «La prison doit être détruite. Elle a fait son temps. Qu’elle crève !»

«Notre société est une prison. Brisons les chaînes», pouvait-on lire aussi sur une banderole rouge en fin de cortège, ou «La prison tue, laissez-les sortir vivants», sur une banderole noire.



La manifestation, partie vers 15H30 de la place de la Bastille en direction de la place d’Italie, clôturait une semaine nationale de mobilisation contre la longueur des peines et l’isolement carcéral, organisée par l’association pour le respect des proches de personnes incarcérées (ARPPI).


L’association demande la suppression des quartiers disciplinaires et de l’enfermement des mineurs, la libération des détenus malades et handicapés, le rapprochement géographique des familles.



Un important dispositif de policiers et de gendarmes mobiles a été mobilisé à proximité du trajet de la manifestation, qui se déroulait dans le calme.


Une manifestation organisée le 10 octobre par un collectif anticarcéral à Poitiers pendant un festival culturel avait dégénéré en violences, avec des actions organisées de casseurs qui ont brisé des vitrines ou des abribus. Ces débordements avaient été attribués par la police à la mouvance autonome ou à «l’ultragauche».



Faisant référence aux événements de Poitiers, la présidente de l’ARPPI Claude Charles-Catherine, a déclaré : «Je ne veux pas que ca se passe ici. Je vous demande de faire attention.»


«On ne condamne plus à mort, on condamne à vie. La prison produit de la mort, les vies sont brisées à l’intérieur comme à l’extérieur» de la prison, a dit, en s’adressant aux manifestants, Mme Charles-Catherine, mère de Christophe Khider, auteur d’une spectaculaire évasion de la prison de Moulins en février repris ensuite par la police.


Leur presse (AFP), 8 novembre 2009.



Manifestation-Prison : Dix arrestations


La préfecture de police a annoncé dimanche que dix personnes avaient été arrêtées à Paris, en marge d’une manifestation anticarcérale qui a rassemblé 500 personnes environ selon la police, et mille selon les organisateurs.

La préfecture compte «six interpellations pour vérifications, deux pour port d’armes prohibées, une pour port de fumigènes et pierres et une pour détention d’un chien hors catégorie».

Le rassemblement, à l’appel de l’Association pour le respect des proches de personnes incarcérées (ARPPI), a effectué sous forte surveillance policière le trajet reliant la place de la Bastille à la place d’Italie.

Leur presse (JDD), 8 novembre.



Un millier de personnes manifestent à Paris contre les longues peines

La manifestation contre les longues peines organisée à Paris, dimanche 8 novembre, à l’appel de l’Association pour le respect des proches de personnes incarcérées (Arppi) a réuni un millier de personnes, 500 selon la police.

Créée il y a un an, l’Arppi, qui réunit des familles de détenus, réclame la suppression des longues peines, des quartiers disciplinaires et d’isolement ainsi que la libération des détenus malades et handicapés.

Sa présidente, Catherine Charles, mère de Christophe Khider, un détenu qui s’était évadé en février avant d’être repris, a renouvelé ses appels à la «responsabilité». Le 10 octobre, à Poitiers, une manifestation similaire avait été troublée par de violents incidents revendiqués par des autonomes. Le cortège parisien, encadré par plus de 1500 fonctionnaires en tenue, s’est dispersé dans le calme.

La police a procédé à dix interpellations pour contrôle d’identité.

Leur presse (Isabelle Mandraud & Caroline Monnot,
Le Monde), 9 novembre.

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L
<br /> oups<br /> que dieu les benisse<br /> <br /> <br />
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