Les Mayas ont prédit la fin du monde pour 2012, l'OMC le fait tout de suite !
Les capitalistes, les États et les expert-e-s nous le prédisent ! La crise est finie. Ici ou là, quelques économistes plus prudent-e-s en prédisent le retour. En fait, deux choses ont le mérite d’être sûres. La crise a été payée de notre poche et les vieilles habitudes sont reparties de plus belles : investissements hasardeux, spéculations à outrance. Tout est fait pour l’accumulation illimitée de profit et de pouvoir !
Nous avons payé cette crise et nous payerons encore ! Avec les somptueuses subventions aux entreprises, c’est le cortège des licenciements de masse, des délocalisations, de la précarité, du saccage de la nature, des inégalités exponentielles, à commencer par les femmes, victimes à la fois des formes les plus réactionnaires et les plus modernes de la domination.
Contribuant à cette grande spoliation, l’OMC se réunit pour conclure le cycle de Doha : libéralisation des échanges et ouverture de nouveaux marchés économiques, pour soutenir la reprise de l’après-crise.
Dans le cocktail de Doha, on trouve par exemple la privatisation du service public, conduisant inévitablement à une dégradation de nos conditions de vie. Ce sera le coup de grâce aux hôpitaux, aux écoles et autres services indispensables déjà bien maltraités par les diverses restructurations.
Le libre échange, c’est la destruction des acquis sociaux obtenus de haute lutte, d’une agriculture assurant la sécurité écologique et alimentaire et du service public. Tout y passe et tout y passera si nous n’y faisons pas obstacle. Tout deviendra un marché administré et régulé par les rapports de force entre cliques étatiques et capitalistes.
Le libre échangisme, contre le protectionnisme, ne fait pourtant pas l’unanimité parmi les États et entre les fractions de la bourgeoisie et des appareils de pouvoir. En effet, les conditions de l’échange économique traduisent le rapport de force existant. La mise en concurrence sauvage des peuples se fait au détriment de leurs conditions de vie mais remet également en questions des intérêts de certaines fractions bourgeoises.
Ceux/celles qui voient dans le protectionnisme, une solution aux problèmes des échanges mondiaux se trompent ! Cette pure escroquerie ne défendra pas les classes populaires et dominées. Elle créerait une politique de mobilisation autoritaire du salariat et des peuples pour conquérir des positions sur des marchés économiques. Une politique protectionniste n’inversera jamais la continuité des sociétés d’exploitation. Elle dégradera aussi les conditions de vie et de travail des classes populaires.
L’offensive constante du capital et des pouvoirs étatiques pourrait conduire à une multiplication des luttes. Si c’est le cas, soit la généralisation de l’affrontement social conduit le système à inventer un nouveau réformisme, soit l’approfondissement du mouvement des luttes débordera tout et ouvrira de nouveau l’hypothèse révolutionnaire.
La révolution sociale est loin devant nous, et certains jours, elle nous paraît plus lointaine encore, plus improbable. Mais improbable n’est pas impossible. Notre époque porte en elle l’opposition entre la lutte et la barbarie, entre les tensions permanentes vers l’émancipation et la barbarie. Ce n’est ni par le vote ni par la délégation politique que nous nous en sortirons. La politique institutionnelle n’est qu’accumulation d’usures et de défaites, menaçant l’existence de l’autonomie politique et organisationnelle des classes populaires.
À l’inverse, les courants qui proclament que rien n’est à revendiquer et que la révolution immédiate est l’unique objectif commettent une erreur stratégique importante. Seules les luttes, même si elles sont souvent partielles, peuvent bloquer le système et permettre l’accumulation de puissance et la politisation nécessaires à l’hypothèse révolutionnaire. Et ce n’est pas non plus en faisant signer des pétitions ou des référendums que nous développerons les luttes. C’est l’action directe populaire, l’organisation des luttes par nos soins, de manière horizontale, sans intermédiaire pour parler et décider en notre nom qui est indispensable.
Il ne s’agit pas seulement du combat du salariat et du prolétariat contre le capital. Nous parlons aussi des libertés individuelles, des droits des femmes, des droits des migrant-e-s, de l’éducation ou encore du secteur de la santé. Nous voulons aussi en finir avec le patriarcat et son oppression qui s’insère dans nos vies. Tous ces terrains de lutte et d’émancipation sont décisifs et se renforcent les uns les autres.
Les luttes ne doivent pas non plus toujours «coller» au calendrier des États et du capital. Nous devons imposer nos désirs, nos besoins et nos choix, sans marchander pour l’obtention d’une paix sociale, qui nous affaiblira toujours. Chaque pas en avant nous renforcera.
Aujourd’hui, la clé de la réussite est la construction d’une infinité d’affrontements, qui chacun à leur manière porte une parcelle de notre libération commune. Chaque lutte auto-organisée à différents niveaux, que ce soit entre voisin-e-s d’immeubles, entre jeunes d’un quartier, entre salarié-e-s d’une entreprise est aujourd’hui précieuse. Avec la liberté d’expérimenter, d’essayer politiquement et socialement, en construisant une véritable démocratie directe.
Nous avons besoin d’un projet commun qui prenne en compte les désirs, les besoins et les aspirations exprimées par les luttes, les contestations et les dissidences.
Pour nous opposer au libre échange de l’OMC, parions sur l’extension des luttes, sur tous les fronts. Les alternatives en construction qui portent l’annonce des possibles. L’intervention révolutionnaire aide les luttes et leur mise en coalition. Refusons la mise en concurrence des peuples et des opprimé-e-s, qui ne profite qu’à la bourgeoisie et au Capital. Bloquons l’OMC et le cycle de Doha.
Organisation socialiste libertaire, 30 novembre 2009.