Les Japonais victimes du silence et du mépris

Publié le par la Rédaction

 

Pour faire la lumière sur les détails et les consé­quen­ces de l’acci­dent de Three Misle Island, il a fallu plus de 10 ans ; pour l’acci­dent de Tchernobyl, 30 ans après, l’OMS recense 4000 morts alors que l’Aca­dé­mie des scien­ces de New York en recense 1'000'000. 
Pour l’acci­dent nucléaire de Fukushima Daiichi, c’est le même scé­na­rio : men­son­ges, omis­sion, dis­si­mu­la­tions, décla­ra­tions contra­dic­toi­res, tant de la part de Tepco que du gou­ver­ne­ment japo­nais, avec la com­pli­cité des autres États qui se tai­sent et la béné­dic­tion de l’indus­trie du nucléaire. Les Japo­nais en font les frais.

 

 

Omissions

 

On a entendu récem­ment que la catas­tro­phe de Fukushima a atteint le même niveau de clas­se­ment INES que Tchernobyl ? On oublie de dire que c’est chacun des réac­teurs qui est classé au niveau 7 ; on oublie aussi de dire que les valeurs limi­tes qui clas­sent un acci­dent au niveau 7 ont été mul­ti­pliées par 13 à Fukushima, en ce qui concerne l’évaluation des rejets radio­ac­tifs dans l’air.

 

Ces esti­ma­tions repré­sen­te­raient 10% des rejets totaux de Tchernobyl ? Dores et déjà ces obs­cu­res esti­ma­tions ne pren­nent pas en compte les rejets mas­sifs effec­tués dans l’eau et se basent sur des valeurs non offi­ciel­les des quan­ti­tés reje­tées à Tchernobyl.

 

On oublie sur­tout d’infor­mer les prin­ci­paux concer­nés par la conta­mi­na­tion : c’est quatre semai­nes «trop tard» que ces infor­ma­tions, qui per­met­tent de pren­dre des mesu­res appro­priées de radio pro­tec­tion, par­vien­nent aux Japo­nais.

 

Mensonges

 

Le Strontium, trouvé à plus de 30 km de la cen­trale est l’un des éléments radio­ac­tifs les plus dan­gereux ; pour­tant les Japo­nais peu­vent lire dans la presse quo­ti­dienne à ce sujet : «C’est sans danger pour la santé». Les mêmes décla­ra­tions ont été faites à propos du Plu­to­nium, du Césium 137, de la radio­ac­ti­vité de l’air, de l’eau et des ali­ments (voir ici, ou , ou encore ).

 

 

Déclarations contradictoires

 

Alors qu’une zone d’au moins 50 km de rayon, autour de la cen­trale, devrait être inter­dite d’accès à la popu­la­tion et que le gou­ver­ne­ment japo­nais a décidé qu’elle ferait seu­le­ment 20 km de rayon, actuel­le­ment rien ne déli­mite une quel­conque zone conta­mi­née, ni à 20 km ni à 30 km. Quant aux habi­tants de l’«inter-no-zone» (20-30 km), ils ont eu pour consi­gne de rester conta­mi­nés chez eux jusqu’au 9 avril.

 

Laisser-aller

 

Plus de dix mille tonnes d’eau très radio­ac­tive se déver­sent dans l’océan et conta­mi­nent mas­si­ve­ment les sédi­ments des côtes japo­nai­ses ? Il n’y a pas l’ombre d’un Supertanker ou d’un Ultra Large Crude Carriers en vue, pour éviter la conta­mi­na­tion.

 

Le silence et le mépris

 

Les parents s’inquiè­tent de la radio­ac­ti­vité dans les bâti­ments sco­lai­res de la ville de Fukushima ? Ils doi­vent s’orga­ni­ser seuls et contre l’avis de la Préfecture pour détec­ter la radio­ac­ti­vité et tenter de déconta­mi­ner les écoles pri­mai­res et mater­nel­les.

 

De nom­breu­ses femmes encein­tes sont par­ties de leur propre ini­tia­tive de la ville de Fukushima (300'000 per­son­nes vivant à 75 km de la cen­trale), et quatre vingt dix pour cent des enfants ont été AUTOÉVACUÉS, par les parents, de leur propre ini­tia­tive. Que sont deve­nus les 10% d’enfants et les femmes encein­tes res­tant ?

 

Sur le site de la cen­trale nucléaire dégueu­lant sa radio­ac­ti­vité, les nou­veaux sala­riés sont recru­tés parmi ceux qui ont tout perdu [écouter à partir de 15mn39s41] à la suite du tsu­nami, ils ne sont pas infor­més sur les dan­gers encou­rus, tandis que les anciens sont mal pro­té­gés et mal­trai­tés par leur employeur Tepco, avec l’aval du gou­ver­ne­ment.

 

Plus des deux tiers des habi­tants de la ville de Minamisoma (70'000 habi­tants) ont quit­té la ville de leur propre ini­tia­tive, pour se loger ailleurs par leurs pro­pres moyens. Le 1er avril il reste 20'000 per­son­nes coupés du reste du monde, c’est la famine.

 

 

Irresponsabilités

 

Au Japon, depuis le début du désas­tre nucléaire, les infor­ma­tions don­nées par le gou­ver­ne­ment, l’indus­trie nucléaire (et relayées par les médias) sont absen­tes, incom­plè­tes, par­cel­lai­res ou fran­che­ment men­son­gè­res. Le gou­ver­ne­ment et notam­ment le minis­tre de la Santé est irres­pon­sa­ble et ne prend pas les mesu­res qui s’impo­sent, sem­blant tou­jours mini­mi­ser les dégâts. Les asso­cia­tions et les col­lec­tifs, fran­çais ou japo­nais et vrai­sem­bla­ble­ment d’ailleurs, qui ten­tent de répon­dre aux besoins des Japo­nais sont com­plè­te­ment débor­dés. Cela dure depuis un mois.

Aucune aide à la hau­teur des besoins des Japo­nais et des mena­ces de la cen­trale nucléaire n’a été appor­tée, à ce jour, par un État, un groupe d’États ou l’indus­trie res­pon­sa­ble du désas­tre.

En France, offi­ciel­le­ment, ça va de mieux en mieux chaque jour à Fukushima, le nucléaire est la solu­tion mon­diale au réchauf­fe­ment de la pla­nète, bonne nuit.

 

15 avril :
En plus des 3 réacteurs en fusion, des réactions de fission ont actuellement lieu dans la piscine de combustible usagé no 4.
La radioactivité y est 100'000 fois plus élevée que la normale. Des bouffées de neutrons extrêmement dangereuses et dont il est très difficile de se prémunir s’y produisent, selon toute vraisemblance.

 

Rebellyon, 14 avril 2011.

 

 

Publié dans Terre et environnement

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