Le parquet de Poitiers fait appel dans quatre dossiers
Le parquet de Poitiers fait appel de quatre des décisions rendues, mardi, à 1h15 du matin, par le tribunal correctionnel après la comparution immédiate de huit personnes arrêtées samedi.
Le parquet fait appel de la relaxe de C. poursuivi pour «des violences sans ITT contre les policiers» ; de S. poursuivi pour les mêmes faits et condamné à six mois de prison, dont un ferme avec mandat de dépôt ; de L. condamné à six mois de prison avec sursis simple pour «avoir mis le feu à un container et avoir dégradé une cabine téléphonique à coup de pierres». Le parquet avait requis de la prison ferme, à hauteur de dix mois pour les deux premiers, et huit pour l’autre prévenu, avec le mandat de dépôt à la barre.
Le défenseur de J. a fait appel de sa condamnation à six mois de prison, dont un ferme et mandat de dépôt, pour «jet de projectiles sur les forces de l’ordre». Le parquet avait requis dix mois de prison ferme et le mandat de dépôt. Il a donc interjeté un appel incident.
Infozone, 14 octobre 2009
Liste d’information pour la France sauvage.

Retour sur les «étranges» violences de Poitiers
Un militant du collectif contre la prison de Vivonne fait part de son désarroi, pris de court et par les violences de samedi, et par la répression qui s’est ensuivie.
«Une connerie énorme», «un bilan politique catastrophique», «une répression terrible». Du déroulement de la manifestation de samedi à Poitiers qui a dégénéré en violences systématiques aux condamnations à de la prison ferme, ils n’avaient rien vu venir. Et c’est d’une voix tremblante et au bord des larmes, qu’un jeune membre du collectif contre la prison de Vivonne, nous a fait le récit d’événements, auxquels lui et ses compagnons «n’étaient pas du tout préparés». Ensemble, ils avaient organisé une journée de réflexion autour de l’ouverture de la nouvelle prison, avec au milieu de la journée une manifestation qui se voulait festive «et qui n’était pas centrale». Ils ont vécu un désastre. «On n’avait pas capté qu’il y avait des gens qui allaient arriver aussi organisés, prêts à en découdre, à tirer des fusée de détresse au milieu de la foule et des enfants», se désole le jeune homme, lui-même «de la mouvance anarchiste», qui a quitté très vite la manifestation quand il a vu la tournure qu’elle prenait. «Si encore ils avaient eu une banderole, un mot d’ordre, des slogans, on n’aurait pas forcément approuvé mais on aurait compris… Ils sont politisés mais ils ils sont dans un attrait pur pour la violence.» Bilan, dix-huit interpellations, huit comparutions immédiates, et de la prison ferme avec mandat de dépôt pour trois d’entre eux — «évidemment, juste les mecs qui couraient le moins vite, pas les organisateurs». Le parquet a d’ailleurs requis, mardi, qu’une enquête soit menée pour retrouver les meneurs des violences. À propos des jugements en comparution immédiate, notre témoin dénonce «un lynchage» : «On sentait que le procureur risquait sa tête, Hortefeux (ministre de l’Intérieur présent à Poitiers pendant les jugements, NDLR) avait dit qu’il fallait faire du chiffre, il a fait du chiffre.» Deux «copains» ont pris de la prison ferme «pour des faits qu’ils n’ont pas commis, sur la foi de procès verbaux qu’on leur a fait signer sous la pression». Ils avaient des témoins : «Cela n’a servi à rien, tout le monde est révolté».
Leur presse (Anne Roy, L’Humanité), 14 octobre.