"La prison est aussi une entreprise"

Publié le par la Rédaction

La prison, un sous-traitant exemplaire pour votre entreprise

Un riverain a reçu ce mail du responsable de la section Travail et Emploi de la Direction interrégionale des services pénitentiaires de Lille (Disp), Jean-Gabriel Cuvillez :

«Lille, lundi 25 janvier 2010,
Chère Madame, cher Monsieur,
Savez-vous que la prison est aussi une entreprise ?
Une entreprise qui dispose de 200'000 m2 d’ateliers, emploie quotidiennement 10'000 personnes, et fait réaliser aux sociétés qui y interviennent ou passent leurs commandes un chiffre d’affaire annuel d’environ 100 millions d’euros.
La prison a acquis un réel savoir-faire industriel qu’elle met au service d’autres entreprises : vous pouvez assurément lui confier vos travaux de sous-traitance d’activités techniques et industrielles de main-d’œuvre.
Parce que rester compétitif implique de se recentrer sur ses métiers : bénéficiez vous aussi d’une délocalisation de proximité, réactive, flexible, aux conditions financières avantageuses.
Parce que notre mission est de favoriser l’insertion des personnes dans la vie active au terme de leur détention, parce que vos impératifs d’entrepreneur sont la performance et la réussite, nos équipes sont à votre écoute pour gérer et vous aider à développer vos productions selon vos critères particuliers de qualité et de délais.
Dans chaque région, des collaborateurs de l’administration pénitentiaire étudieront avec vous la solution la plus adaptée à vos productions. La présentation interactive accessible via le lien ci-dessous vous indiquera tous les contacts utiles et vous présentera l’ensemble de nos dispositifs.
Restant à votre disposition pour toute information, nous vous prions d’agréer, Madame, Monsieur, l’assurance de nos sentiments distingués.»

Un lien est ajouté, pour diriger le correspondant vers un site proposé par la Disp (mais pas facile à trouver par Google).


Vous y retrouverez la même prose commerciale glorifiant les atouts de la prison, sous-traitant idéal. Jean-Gabriel Cuvillez, que j’ai joint hier au téléphone, assume le vocabulaire :
«Le travail en prison, cela concerne 10'000 personnes en France. Faire un parallèle avec l’entreprise est possible.»

Mais il met vite fin à la conversation : «Prenez rendez-vous si vous avez des questions.»

Ce que j’en pense ? Il est certes nécessaire de ne pas couper la prison du monde du travail, afin de faciliter la réinsertion des détenus à leur sortie. En revanche, je ne suis pas sûr qu’il soit très décent de «vendre» la prison en la présentant comme une «entreprise» qui tire sa «compétitivité» de sa «flexibilité» et de sa parfaite «maîtrise des coûts»…

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F
<br /> bravo pour l'article !<br /> c'est sidérant...et abject...<br /> <br /> après recherches (longues) un autre site qui communique en toute décontraction "Flexibilité et coûts de production réduits"  : www.francegraphique.com/PRODUIRE-EN-PRISON,1627<br /> <br /> <br /> lundi 2 novembre 2009<br /> <br /> <br /> PRODUIRE EN PRISON<br /> <br /> <br /> par la Rédaction<br /> <br /> <br /> <br /> Produire en Prison<br /> <br /> <br /> Sous- traitance de tous vos travaux de façonnage manuel 11 Etablissements pénitentiaires en IDF Flexibilité et coûts de production réduits Contact section travail D.I.S.P de Paris 01 46 15 91<br /> 55 dominique.orsini@justice.fr mourad.iaichouchene@justice.fr<br /> <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> Et à la maison d'arrêt de Rochefort c'est de la menuiserie qu'il leur font faire.<br /> <br /> <br />
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