La police travaille à Grasse

Publié le par la Rédaction

La police épinglée pour une bavure

 

La Commission nationale de déontologie de la sécurité réclame des sanctions disciplinaires contre les policiers impliqués dans la mort d’Abdelhakim Ajimi.


Nouvel élément à charge pour les policiers impliqués dans la mort, en mai 2008, d’Abdelhakim Ajimi. Le 12 avril dernier, la Commission nationale de déontologie de la sécurité (CNDS) publiait son avis, recommandant que les deux fonctionnaires de police qui avaient procédé à l’arrestation du jeune homme de vingt-deux ans dans la ville de Grasse, ainsi qu’un policier municipal, «fassent l’objet de poursuites disciplinaires». La CNDS reproche notamment aux deux premiers d’avoir «méconnu l’article 9 du Code de déontologie de la police nationale» qui précise qu’un fonctionnaire de police ne peut faire de la violence «qu’un usage strictement nécessaire et proportionné au but à atteindre». Saisie par les sénatrices Nicole Borvo et Alima Boumediene-Thiery, la CNDS suggère également «des sanctions disciplinaires» contre les quatre membres de l’équipage de police secours qui ont transporté Hakim Ajimi, pour «ne pas avoir pris de mesure pour se rendre compte de l’état de détresse de l’interpellé».

Dix minutes d’étranglement

Cuisinier au chômage, Hakim Ajimi s’en était ce jour-là vivement pris à un employé et au directeur de l’agence du Crédit agricole où il avait tenté sans succès de retirer de l’argent. Avertis, deux agents de la brigade anticriminalité (BAC) avaient tenté alors de l’interpeller. Hakim s’était débattu violemment, jusqu’à l’arrivée de cinq fonctionnaires municipaux. Il avait été rapidement plaqué au sol et menotté, ce qui n’avait pas empêché un des membres de la BAC de lui faire une clé d’étranglement pendant au moins dix minutes. En le maintenant au sol tout ce temps, les policiers municipaux ont, selon la CNDS, «contribué à l’empêcher de respirer convenablement». Quand Hakim a enfin été placé dans un véhicule de police secours, son corps semblait déjà inerte. L’irréparable avait eu lieu. Imparable, l’autopsie a, en novembre 2008, attribué le décès du jeune homme à «un mécanisme d’asphyxie mécanique lente avec privation prolongée d’oxygène».

Simplement consultatif, l’avis de la CNDS ne pourra constituer un argument à charge. «L’important, c’est que ces policiers font actuellement l’objet de poursuites judiciaires, depuis que la chambre d’instruction d’Aix-en-Provence a ordonné leur mise en examen», explique Henri Leclerc, un des avocats de la famille Ajimi. Une mise en examen qui n’a pas été simple à obtenir. En 2008, les deux agents de la BAC n’avaient qu’un statut de «témoins assistés». Seuls leurs cinq collègues de la police municipale étaient mis en examen, mais seulement pour non-assistance à personne en danger. Il a fallu l’action des avocats et des interventions du procureur de la République de Grasse pour que les deux policiers aient finalement à répondre à l’accusation d’homicide involontaire. Une première victoire pour les proches d’Hakim, qui ne cessent depuis sa mort de demander justice.

Camille Bauer - L’Humanité, 23 avril 2010.

 


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