La police travaille à Argenteuil
Plaintes en série contre le commissariat d’Argenteuil
Trois femmes ont déposé plainte contre des policiers d’Argenteuil ces derniers mois. Elles dénoncent toutes des faits de violence lors de contrôles routiers ou d’identité.
Six heures de détention et plusieurs bleus. Asma, 20 ans, garde un très mauvais souvenir du commissariat d’Argenteuil. Elle qui y était entrée pour une simple vérification d’identité à la suite d’un contrôle de titre de transport dans le RER, elle est aujourd’hui remontée comme une pendule. Elle a déposé une plainte jeudi dernier auprès du procureur de la République de Pontoise pour «actes attentatoires à la liberté individuelle» et «violences aggravées».
Ce n’est pas une première. Il y a huit mois, le scénario était déjà presque identique. Une jeune fille voilée, qui s’appelle aussi Asma, est contrôlée au volant de sa voiture. Elle veut sortir du véhicule pour récupérer son permis de conduire, qu’elle a oublié dans un sac qui se trouve dans le coffre. Mais la policière qui la contrôle lui referme violemment la portière sur le pied et, à la suite des protestations de la jeune fille, l’embarque pour «outrage». Entre-temps, elle l’aurait frappée et lui aurait arraché son foulard en lui hurlant : «Je vais te le foutre dans le c…» Asma sort du commissariat à l’issue de deux jours de garde à vue.
Un avocat travaille sur une douzaine de dossiers
Le mois dernier, le juge a renvoyé l’affaire à janvier 2011 de manière à joindre la plainte d’Asma et les accusations de la police. Ce que Sami Skander, son avocat, voit comme un léger progrès. «On accorde enfin un peu de crédit à cette plainte, mais la justice reste trop frileuse à l’encontre des fonctionnaires de police», estime cet avocat qui s’est fait le défenseur des victimes de violences policières. Il travaille actuellement sur douze dossiers analogues sur le secteur. Le plus emblématique est sans doute celui d’Ali Ziri, cet Algérien de 69 ans mort à la suite d’une interpellation policière, et de son ami Arezki Kerfali, 61 ans, qui est quant à lui poursuivi pour «outrage».
Récemment, l’affaire a été pointée par Amnesty International dans son rapport annuel sur les droits de l’homme, puis par la Commission nationale de déontologie de la sécurité, qui réclame des sanctions à l’encontre des policiers concernés. Pour l’instant, l’instruction est au point mort, ce qui fait dire à Sami Skander qu’il y a actuellement «un sentiment d’impunité au commissariat d’Argenteuil». L’avocat appelle à la mise en place d’un véritable code de déontologie, assorti de sanctions en cas de «glissement». Contacté, le commissariat d’Argenteuil n’a pas souhaité s’exprimer, préférant attendre que la justice tranche ces dossiers.
Leur presse (Grégory Plesse, Le Parisien), 13 juillet 2010.