L'immigration selon Libération et Laurent Joffrin
Aujourd’hui dans son édito, Laurent Joffrin, le réactionnaire qui se cache (à peine) sous des allures de droit de l’hommiste, nous révélait une fois de plus les preuves de son incompétence et de la mesure de sa vision conservatrice. Vous me direz que l’on est habitué de sa part et de celle du «journal» Libération à ce genre de crapulerie, mais à certains moments ils dépassent tellement les bornes que l’envie vient de ne pas les laisser passer.
Dans le premier paragraphe de cet édito titré «ennemis» il parvient en quelques lignes à glisser tous les lieux communs sur l’immigration que la «gauche» peut bien véhiculer, et tous ces mots d’ordre qui les arrangent bien pour ne rien changer à la situation dans les lieux où ils détiennent le pouvoir.
Dès la première phrase où il affirme que «Nul ou presque ne plaide pour l’ouverture totale des frontières ni même pour la régularisation massive et permanente des travailleurs sans papiers», on mesure sa méconnaissance de la question. Car s’il prenait la peine de se renseigner quelques secondes, il aurait entendu dire que se déroulait actuellement à Bruxelles un No Border dont les mots d’ordre sont précisemment ceux-ci. J’imagine que les participant-e-s et tout-e-s celleux qui soutiennent ces camps seront heureux-ses d’apprendre qu’illes appartiennent à la catégorie «presque». En attendant tous ces «presque» s’organisent quasi chaque année pour faire vivre des camps où se réunissent des centaines de personnes pour débattre et agir autour de ce mot d’ordre. Soit Joffrin est complètement incompétent (ce qui n’est pas impossible) et ne sait pas faire la base de son «métier» de journaliste, c’est-à-dire se renseigner, soit il participe activement à la désinformation ambiante des médias. Personnelement je penche plus pour un mélange savant des deux.
Les deux phrases suivantes (hé oui, il va vite en besogne) méritent tout autant d’être rapidement décortiquées. Il explique en effet que «Certes, quelques associations demandent la reconnaissance d’un droit universel à l’installation. Mais c’est une position quelque peu irénique, même si elle a le mérite de rappeler qu’un-e immigré-e demande surtout à pouvoir travailler, c’est-à-dire à contribuer, quoi qu’on dise, à la prospérité générale.» Les associations qui défendent ce «droit universel d’installation» seront elles aussi ravies d’apprendre que leur lutte n’est finalement qu’un symbole, une idée un peu chrétienne [Irénisme : nom masculin. Attitude de compréhension et de charité, adoptée entre chrétiens de confessions différentes pour l’exposé et l’étude des problèmes qui les séparent. (Source : dictionnaire Larousse.) ] de modération entre les intérêts des immigré-e-s et celle des États. Enfin si on comprend bien l’emploi de ce terme «irénique» ici, ou si M. Joffrin le comprend bien lui-même…
Passons sur la vision purement économiste des migrations que se fait M. Joffrin, ou qu’il tente de faire prendre aux associations de défense des immigré-e-s, car apparemment un-e immigré-e vient pour travailler un point c’est tout. L’immigration n’a donc rien à voir avec la recherche de meilleures conditions de vie que celles «offertes» dans son pays d’origine bien souvent pillé par les Occidentaux. On n’est pas loin du «travaille ou casse-toi», c’est-à-dire les mêmes arguments que le gouvernement de Sarkozy a pu exprimer contre les Roms, en faisant passer le FISC dans les camps, sous-entendant que ces personnes profitaient du système. Un immigré n’est donc pas en droit de refuser l’exploitation du travail, alors qu’il s’agit des personnes les plus touchées par le caractère «inhumain» (entendre sans éthique) du travail dans nos sociétés. En plaçant la question de l’immigration sur le terrain du travail, Joffrin fait comme le gouvernement et l’opposition le jeu de la guerre entre les pauvres, jeu qui ne sert qu’à alimenter le racisme et l’electorat du Front national.
On pourrait s’arrêter là si dans la phrase suivante Joffrin n’avait pu s’empêcher de glisser cet argument auquel les personnes qui luttent en soutien aux sans-papiers se voient à chaque fois renvoyées par les personnes au pouvoir, ce «On ne peut pas accueillir toute la misère du monde» qui permet bien souvent de n’en accueillir aucune. Voilà bien une idée «irénique». Comme si refuser la régularisation allait empêcher l’immigration (nécessaire de toute façon pour l’économie de nos sociétés), et comme si tou-te-s les habitant-e-s des pays du «tiers monde» allaient se précipiter ici.
Le reste du texte n’est qu’une brève «analyse» qui n’apporte rien de nouveau, voire ne véhicule une fois de plus que des lieux communs, censée s’opposer à la politique gouvernementale en matière d’immigration, là où le premier paragraphe flirtait pourtant avec les mêmes idées qui sous-tendent cette politique.
À se demander qui est l’ennemi finalement… Ce texte ne vole en définitive pas plus haut que cette pétition «Touche pas à ma nation» par les casseurs de mouvement d’immgré-e-s de SOS racisme, pour qui visiblement la nation n’a rien à voir avec la construction de barrières/frontières et donc d’exclusion d’une partie de la population…
Bref, si vous voulez avoir mal au ventre le matin pour justifier de ne pas aller bosser, lisez les éditos de M. Laurent Joffrin, résultat garanti !
Indymedia Bruxelles, 28 septembre 2010.
Leur presse (Laurent Joffrin - Libération), 28 septembre.