L'armée de réserve du Capital s'insurge

Comme chaque année depuis 2003, de nombreuses manifestations de chômeurs ont eu lieu en ce début du mois de décembre partout en France. Dans la ligne de mire des manifestants : RSA, Pôle Emploi et ses radiations sans sommation et autres embrouilles administratives.
À Paris, plusieurs milliers de personnes ont défilé de Stalingrad à la Place de Clichy. Le cortège a notamment accueilli de nombreux sans papiers du bâtiment actuellement en mouvement pour obtenir leur régularisation. À quelques jours du début du sommet de Copenhague sur le climat, les militants du collectif «Urgence climatique, urgence sociale» sont venus grossir les troupes du défilé. On espère que cette jonction entre lutte contre la précarité et revendication environnementale se poursuivra dans la longueur, notamment au-delà des élections régionales à venir…
À Rennes, où la manifestation a rassemblé plusieurs centaines de personnes, des médias se font l’écho d’affrontements avec les forces de l’ordre et de plusieurs interpellations.
Fred pour HNS-info, 5 décembre 2009.

Communiqué après la manif régionale des chômeurs et précaires le 5 décembre à Rennes
L’assemblée régionale des chômeurs et précaires en lutte, réunie ce soir après la manifestation du 5 décembre dans le cadre des marches régionales, dénonce l’attitude de la Préfecture qui a décidé d’interdire une manifestation nationale annoncée depuis plusieurs semaines et dont elle était parfaitement au courant.
Interdits de manifester, les quelque 500 personnes présentes ont alors cherché à rejoindre le centre-ville pour se faire entendre ; mais les forces de police, en nombre impressionnant, n’ont pas cessé de nous intimider, de nous provoquer, de chercher la confrontation pour justifier des arrestations.
Alors que nous cherchions à nous réunir dans une salle qui nous avait été promise dans la Maison des associations, nous avons été pris dans un guet-apens entre la responsable des lieux qui, sous l’ordre de la mairie de Rennes, nous en a interdit l’accès, et plusieurs dizaines de policiers de la Brigade anti-criminalité. Ceux-ci nous ont alors chargé avec violence, tabassé à la tête (traumatismes crâniens), aspergé de gaz lacrymogène, alors que nous n’avions manifesté aucune agressivité. Ils ont arrêté quatre personnes sous le prétexte aberrant de «jet d’essence» (ce qu’aucun observateur un tant soit peu honnête ne pourra confirmer), et un autre pour une soit disant «violence sur agent», arrêté en réalité dans le tumulte du lynchage.
Ces arrestations ne sont pas hasardeuses, elles s’inscrivent dans une démarche qui vise à inspirer un sentiment de terreur et d’impuissance à tous ceux qui entendent résister aux politiques réactionnaires, sécuritaires et libérales actuelles. Cette manifestation fait suite à l’interdiction de la manifestation de soutien aux luttes de l’Ouest du 17 octobre à Rennes et à la répression du mouvement lycéen du 1er décembre à Nantes (nombreuses arrestations et blessés). Le gouvernement, pour tuer dans l’œuf les mouvements de résistance actuels, et notamment les luttes de chômeurs et précaires en extension aujourd’hui, est prêt à tout, y compris à suspendre les plus élémentaires libertés publiques : celles de manifester et de se réunir. On retiendra également le blocus policier de la ville de Brest lors de la récente venue de Fillon, ou encore la fermeture de tous les Pôle Emploi d’une ville, comme à Quimper récemment, à la moindre annonce de rassemblement.
Nous tenons également à ne pas passer sous silence l’attitude particulièrement honteuse de la mairie «socialiste» de Rennes qui prétend soutenir d’une main les chômeurs et de l’autre recourt aux mêmes méthodes policières que le gouvernement (expulsion de la mairie le 27 novembre, salle retirée à la dernière minute à la Maison des associations permettant les arrestations par la BAC).
L’assemblée régionale des chômeurs et précaires lance un appel à amplifier les mouvements de résistance actuels :
Elle appelle à un rassemblement dimanche à 14 heures devant le commissariat central de Rennes (boulevard de la Tour d’Auvergne) pour obtenir la libération des personnes interpellées et l’abandon de toutes les charges retenues contre elles.
Assemblée régionale des chômeurs et précaires en lutte, 5 décembre.
Contact
Rennes : Ils veulent manifester, les forces de l’ordre s’y opposent
Ce samedi après-midi, 400 personnes sont venues manifester à Rennes contre le chômage et la précarité. Craignant des débordements, les forces de l’ordre leur ont bloqué la route tout l’après-midi durant. À plusieurs reprises, des échauffourées ont eu lieu. Les policiers ont fini par disperser la manifestation. Trois militants ont été interpellés violemment.
15 heures ce samedi. 400 personnes venues de toute la Bretagne, appartenant pour la majorité à des organisations d’extrême gauche (NPA, Dal 35, Sud…) se rassemblent place de la Gare, à Rennes. Elles ont prévu de défiler contre le chômage et la précarité. Sur place, les manifestants se heurtent à un refus de la Préfecture. Les forces de l’ordre ne veulent pas laisser les militants défiler en ville. Motif avancé : «Aucune déclaration n’a été faite en Préfecture et la techno-parade a lieu au même moment.» Officieusement, les forces de l’ordre craignent un Poitiers bis où des militants d’extrême gauche avaient ravagé le centre-ville.
«La rue nous appartient aussi. Nous allons faire valoir notre droit de manifester», lance Gérard. Un militant venu de Saint-Brieuc promet «ne pas chercher la bagarre». Les 400 personnes partent fouler le pavé sur l’avenue Janvier. Quelques centaines de mètres plus loin, un mur de CRS se dresse. Impossible de passer. Demi tour. Rebelote rue d’Isly. À chaque coin de rue du centre-ville, les manifestants sont bloqués par des rangées de CRS, armés de tonfas et de flash-balls. La tension monte.
La police craint les «autonomes»
16h15. Ils ne sont plus que 250 manifestants à défiler. Ils se retrouvent bloqués sur le boulevard de la Tour d’Auvergne. Alors qu’une première rangée de forces de l’ordre s’occupe de leur faire barrage, un second alignement de CRS détourne la techno-parade vers le boulevard Liberté.
Les premières échauffourées naissent. Une pluie d’œufs remplis de peinture noire et d’huile de moteur tombe sur les forces de l’ordre. Les policiers contiennent la foule et usent parfois de leur tonfa et de gel lacrymogène pour éloigner les militants les plus énervés. Bien connus des services de police, ces derniers sont considérés comme des «autonomes». Ils sont une quarantaine âgés de 20 à 35 ans.
Au bout d’une demi-heure, la manifestation fait demi-tour. Les forces de l’ordre les bloquent et les coincent à l’autre bout. Ils ne peuvent plus bouger. «Nous voulons juste partir calmement», plaident en chœur les différents membres d’associations et organisations politiques, dépassés par la tournure des évènements.

Les forces de l’ordre interpellent violemment trois manifestants
17h20. Alors que la manifestation touche à sa fin, nouveau rebondissement. La dernière centaine de manifestants peine à se disperser devant la Maison des associations, place Charles-de-Gaulle à Rennes. Sans le moindre coup de semonce, les forces de l’ordre décident de dissoudre le défilé, matraque en main. Une poignée de militants se rebelle. Les coups de tonfas pleuvent. Trois hommes sont violemment interpellés. La manifestation est définitivement terminée. Les douze camions de CRS dépêchés sur place repartent en trombe.
Réaction
«17h20. Alors que la manifestation touche à sa fin, nouveau rebondissement. La dernière centaine de manifestants peine à se disperser devant la Maison des associations (…)»
Voici un complément d’infos (pour ne pas dire les faits réels) :
Il était prévu que les manifestants se rassemblent dans une salle de la Maison des associations, des policiers de la BAC ont empêché cela en bloquant l’entrée (et en dispensant quelques coups au passage). Voulant de toute évidence remplir leur quota d’interpellations, ils ont encerclé la centaine de manifestants et frappé pour se frayer un chemin vers leurs cibles se trouvant au centre des manifestants et repérées tout au long de la manifestation.
Je pense qu’il y a eu plus de trois interpellations, et parmi toutes les violences répressives, une jeune femme a été frappée durement à la tête (d’après mes informations à confirmer il semblerait qu’elle aurait même perdu connaissance).
@Fabien@ - 22h26
Leur presse (Le Mensuel de Rennes), 5 décembre.
400 chômeurs défilent dans Rennes
Quelque 300 chômeurs et militants selon la police, 400 selon les organisateurs, ont défilé aujourd’hui dans Rennes et quatre d’entre eux ont été interpellés, après un face-à-face tendu avec les CRS qui les empêchaient de rejoindre une techno-parade, organisée en marge du festival des Transmusicales.
Des militants du NPA, de la Fédération anarchiste, du syndicat Solidaires, du Mouvement national des chômeurs et précaires ou encore des Verts, venus des quatre départements bretons, participaient à cette «marche contre le chômage, les précarités et les licenciements».
La préfecture a indiqué à l’AFP avoir voulu «éviter que ce défilé, qui n’avait pas été déclaré, ne rejoigne celui de la techno-parade» qui traversait au même moment la ville, mais les manifestants ont tenté à plusieurs reprises de passer outre, en vain.
Un face-à-face a notamment eu lieu à un carrefour central de la ville entre plusieurs dizaines de CRS et les manifestants les plus virulents, souvent cagoulés et masqués, qui leur ont lancé des projectiles, notamment des œufs remplis de peinture noire.
Un policier en civil a dû être évacué par les pompiers, ayant reçu de l’essence au visage. Son agresseur, un jeune «bien connu des services de police», fait partie des quatre interpellés, selon la préfecture. Les trois autres ont été arrêtés pour «outrage à agent», selon la même source.
Les arrestations ont eu lieu sans ménagement devant l’œil médusé des badauds, alors qu’il ne restait à la tombée du jour qu’une centaine de manifestants massés devant le centre culturel des Champs Libres, a constaté une journaliste de l’AFP.
Pendant ce temps-là se terminait sans heurt le défilé techno en centre-ville. Quelque 2000 jeunes et 16 sound-systems y ont participé dans une atmosphère bon enfant, selon la Préfecture.
Souvent costumés, les «teufeurs» étaient venus demander «une réelle prise en compte de la culture techno» et «la fin de la répression policière abusive» contre les rave-parties, a expliqué à l’AFP Patrick, 25 ans, venu de Fougères (Ille-et-Vilaine).
Leur presse (AFP), 5 décembre.
5 décembre contre le chômage et les précarités à Marseille :
Occupation de logements par des familles réclamant l’application de la loi DALO. Préparons-nous éventuellement à soutenir leur droit.
La manifestation contre le chômage, les licenciements et les précarités partie de la place du Géneral de Gaulle devant le siège du MEDEF aux cris de :
Assez de cadeaux pour la France d’en haut, assez de coups bas pour la France d’en bas !
Qui sème la misère récolte la colère !
RSA non non non, un revenu décent oui oui oui !
Français étrangers, même patron, même combat !
s’est terminée Place de la Joliette après avoir défilé devant les centaines de logements vacants de la rue de la République.Un toit c’est un droit, un revenu, c’est un dû !
Les prises de parole ont eu lieu devant les banderoles déployées au dernier étage et au pied d’un immeuble possédé par ANF où plusieurs familles occupent depuis plus de 48 heures et en ont la preuve trois logements d’une superficie totale de 400 mètres carrés.
Ces familles ont déposé depuis plusieurs années des dossiers de demande de logements sociaux sans résultats. Soutenues par le DAL et d’autres organisations, elles réclament un jugement du tribunal ordonnant leur relogement en cas d’expulsion.
Mille Babords, 5 décembre.
Lu et dit à Paris
DES ÉPINARDS, PAS DU LABEUR
Grève, grève, grève des chômeurs
RSArnaque, Hirsch, on te crache à la gueule
Plus de chômeurs, c’est moins de CO2
Plutôt CAFard que cafteur
CATCHONS LES COACHS
Les traders au labeur, et aux chômeurs le bonheur
DÉSARMONS PÔLICE EMPLOI
Rsa le fait pas, y en a marre des minima
Chômeurs, précaires, intermittents, solidarité
Nous ne sommes pas Des variables d’ajustement
NOUS VOULONS DES EMPLOIS FICTIFS & DES LOGEMENTS DE FONCTION
INTÉRIM, TAIS-TOI ET TRIME
STAGES GRATOS, TAIS-TOI ET BOSSE
ON NOUS VOUDRAIT FLEXIBLES, SOYONS HORRIBLES ! ON NOUS VOUDRAIT MOBILES, SOYONS DÉBILES ! ON NOUS VOUDRAIT JETABLES, SOYONS EXÉCRABLES !
CONTRE LES CADENCES INFERNALES, SOMMEIL… SOMMEIL… PARADOXAL !
Le plein emploi est mort d’un accident de travail
TIENS, T’ES RADIÉ !
SALAUD D’ARGENT
Plutôt chômeur que contrôleur
Maintenant c’est bosse ET CRÈVE
CHÔMER C’EST PAS CHEMO
Suivi mensuel ? Une fois tous les dix ans
Accompagnée par Pôle Emploi ? Si je veux, quand je veux, comme je veux
Le grisbi et sans contrepartie !
ARRÊTEZ VOS SALADES BALANCEZ L’OSEILLE
À emploi discontinu revenu continu
Je me débrouille, tu te débrouilles, EMBROUILLONS-LES !
OFFRE RAISONNABLE D’EMPLOI ? SOYONS DÉRAISONNABLES
NOUS NE PAIERONS PAS VOTRE CRISE
Assemblée de lutte, samedi 12 décembre à 17h,
14 quai de Charente, Paris 19e, Métro Corentin Cariou
Courriel, 6 décembre.

Les chômeurs manifestent pour dénoncer tracasseries et pénurie d’emploi
Quelques milliers de personnes ont manifesté samedi dans plusieurs villes de France, dont Paris, Rennes ou Marseille, à l’appel des associations de chômeurs et de salariés précaires pour dénoncer leurs difficultés quotidiennes et le manque de ressources.
À Paris, la manifestation a rassemblé 1400 personnes selon la police et 5000 selon le président du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), Marc Desplats.
Ils étaient 150 à Marseille, et 300 à 400 à Rennes, où la police a interpellé quatre manifestants, après des jets de projectiles, les banderoles annonçant que «l’armée de réserve du capitalisme s’insurge» ou réclamant «l’interdiction des licenciements».
À Paris, les manifestants portaient des gilets de protection jaunes fluorescents et des drapeaux jaunes, rouges ou orange de leurs quatre associations (Apeis, AC!, MNCP, CGT Chômeurs) en scandant «Chômage ras-le-bol !» ou encore «Cela ne peut plus durer, ça va péter».

«RSA, non non non. Une revenu décent oui oui oui. Un toit c’est un droit. Un revenu c’est un dû», ont-ils scandé à Marseille où le NPA et le Parti de gauche s’étaient joints au cortège.
La revendication principale c’est «un emploi pour tous» et «une augmentation des revenus des demandeurs d’emploi», a déclaré à Paris Marc Desplats, qui souhaite abolir la loi du 2 août 2008 : «Il faut absolument sortir le contrôle des chômeurs de Pôle-Emploi», pour éviter que radiations et indemnisations soient du ressort du même organisme.
L’administration «dit aux agents de radier des gens pour que le nombre de chômeurs baisse. Celui qui donne les ordres maintenant c’est le payeur», a aussi dénoncé Philippe Villechavane, porte-parole de l’APEIS.
Les associations demandent un relèvement de la prime de Noël, inchangée depuis douze ans (152,45 euros pour une personne seule), alors que le chômage est remonté à 9,1% de la population active.
«J’ai travaillé dernièrement avec un club d’arts martiaux qui n’a pas voulu me payer après un mois de travail», les gens «n’ont plus d’argent», a raconté André Vigneron, 51 ans, ex-agent de sécurité strasbourgeois, chômeur depuis dix ans, qui dort «parfois chez ma mère, parfois à droite à gauche chez des copains». «Depuis, j’occupe mon temps en faisant du bénévolat» et en «aidant ma mère malade». Cette «manifestation montre la diversité française, et qu’il faudrait commencer à partager», a-t-il déclaré. «Je suis habitué à vivre dans les foyers, qu’on appelle résidences sociales, on me met avec des toxicomanes, un mec qui sort de prison, un violeur, moi j’ai rien à voir avec ces gens là», a-t-il dénoncé.
Dans les «petites communes, rien n’avance, on n’a pas de boulot, on aura pas de retraite et nos enfants non plus. Il faut faire bouger Sarkozy, on nous demande de passer des diplômes, choses qu’on fait, mais il n’y a toujours pas de débouchés», a déclaré en requérant l’anonymat Marie-Ange, 38 ans, puéricultrice au chômage venue de Haute-Marne.
Leur presse (AFP), 5 décembre.
