Jour par jour, Fukushima, les tromperies d'un désastre nucléaire prévisible
Un compte rendu d’informations sur «les incidents» à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi (littéralement «petite île du bonheur») actualisé depuis le 20 mars 2011.
Lyon n’est qu’à 25 km de la centrale nucléaire du Bugey, à 50 km de celle de saintAlban et de Malville (Superphénix en déconstruction…).
Après qu’un séisme ait secoué le Japon, plusieurs réacteurs nucléaires mis en arrêt d’urgence n’ont pas pu être refroidis suffisamment, suite à des défaillances des circuits de refroidissement. Il en a résulté (à ce que l’on a pu savoir), à la centrale de Fukushima, une fusion partielle du cœur des réacteurs no 1, no 2 et no 3, suite aux grandes difficultés rencontrées pour les refroidir. Cela a entraîné, le 12 mars, l’explosion des bâtiments des réacteurs no 1 et le 14 mars du no 3, et le rejet dans l’atmosphère d’une grande quantité de radioactivité, tandis qu’au niveau de la centrale elle-même, le niveau de radiation est très élevé.
Trois jours après l’accident, un Français coincé à Tokyo fait une petite vidéo, angoissé et à bout de nerf devant la télé japonaise qui ne diffuse que des jeux et de la pub :
20 mars :
Les rejets de l’accident de la centrale de Fukushima se dispersent dans le monde : modélisation du déplacement du panache radioactif. La modélisation s’arrête au 24 avril, mais la source du nuage ne tarit pas…
Pour rester informé des taux de radioactivité actuels dans la région, on peut consulter les mesures effectués par un organisme indépendant.
22 mars :
Un autre point de vue sur l’éventuel contenu du nuage radioactif.
23 mars :
Black out mondial sur les chiffres relatifs à la contamination de l’air :
25 mars :
La fusion du cœur du réacteur 3 serait en cours depuis 11 jours, et le cœur serait à l’air libre : dans le Guardian ; dans le New York Times.
26 mars :
Il s’agit de la plus grande catastrophe nucléaire, les échelles de mesure des rejets avaient pour référence Tchernobyl, elles ne sont plus adaptées pour Fukushima.
Selon Greepeace à Fukushima, à ce jour la catastrophe a atteint entre 1 et 3 fois les rejets de Tchernobyl.
28 mars :
En prenant en compte les émissions totales de tous les réacteurs de la centrale de Fukushima Daiichi, cela équivaut à 3 accidents de niveau 7 (niveau 7 = Tchernobyl).
On ne sait pas et on ne comprend pas ce qu’il se passe à la centrale de Fukushima Daiichi.
Et le Pdg de TEPCO est toujours en fuite…
30 mars 2011 :
JAPON : des millions de personnes à la merci de la radioactivité.
Situation à Fukushima Daiichi :
Réacteur 1 : cœur en fusion, plus d’enceinte de confinement et fuite d’eau contaminée (rayonnement 10'000 fois supérieure à l’habituel rayonnement de l’eau de refroidissement). Réacteur 2 : cœur en fusion, plus d’enceinte de confinement et fuite d’eau contaminée (rayonnement × 10'000'000). Réacteur 3 : cœur en fusion, plus d’enceinte de confinement et fuite d’eau contaminée (rayonnement × 10'000). Réacteur 4 : pas de cœur dans ce réacteur, mais une piscine de combustible qui chauffe de plus en plus et où l’on craint une réaction nucléaire en chaîne.
Site de l’ACRO - Bloomberg.
En France, les dépôts au sol d’éléments radioactifs sont très faibles ; ces dépôts vont se cumuler et augmenter jusqu’à «plusieurs milliers de bequerels par m2» (pour info la limite d’exposition des sols en iode 131 est de 13'000 Bq/m2).
L’Union européenne multiplie par 3 les valeurs limites pour la radioactivité présente dans les denrées alimentaires : dans 20 Minutes ; sur le site de Greenpeace.
Rebellyon, 31 mars 2011.
Mise à jour du 1er avril
La situation à la centrale de Fukushima Daiichi :
— Le cœur du réacteur no 2 est vraisemblablement en train de faire fondre la dalle de métal et de béton qui le soutient. “Japan may have lost race to save nuclear reactor” (The Guardian, 29 mars). Info sur ce qu'est le corium.
— «Des mois seront nécessaires pour refroidir les réacteurs de Fukushima (…) La gestion des territoires contaminés va être extrêmement difficile et s'étalera sur des décennies.» Extraits de l'audition (pas très musclée) d'André-Claude Lacoste, président de l'Autorité de Sûreté Nucléaire, à l'Office parlementaire («Questions sur la situation nucléaire au Japon»).
La situation dans les zones contaminées :
— Toujours pas d'iode distribué aux japonais en dehors de la zone d'évacuation.
— Dans les villes de Fukushima (295'000 hab.) et Iwaki (345'000 hab.), les parents ont auto-évacués 90% des enfants de moins de 11 ans. “Citizen Radiation Monitoring in Fukushima Prefecture” (Fukushima Update, 31 mars).
— The Japan Times rapporte que de nombreuses femmes enceintes fuient la région du Tohoku, la plus exposée et même Tokyo, pour aller donner naissance à Osaka, voire plus loin. “Pregnant women fleeing to Kansai” (The Japan Times, 28 mars).
— Toujours pas d'eau dans les magasins de Tokyo, y compris sur Internet (le blog de Suppaiku - paragraphe L'eau, 30 mars) et ailleurs, sur de nombreux sites.
— Le gouvernement japonais refuse d'élargir la zone d'évacuation, qui est de 20 km (AFP, 31 mars)
… alors que l’AIEA recommande un périmètre d’évacuation de 40km minimum. “IAEA Recommends Wider Evacuation Near Japan Nuclear Plant” (Fukushima Update, 1er avril).
— Le ministre japonais de la santé jugé irresponsable. “Japan’s Ministry of Health, Labour and Welfare’s position concerning Fukushima Daiichi radioactive releases” (Fukushima Update, 31 mars).
La situation en France :
— La quantité légale de césium radioactif tolérée dans les aliments est maintenant 5 fois plus grande qu'au Japon.
Nouvelle norme européenne (Presseurop, 31 mars).
Actuelle norme japonaise (CRIIRAD, 20 mars - page 3).
— Lyon, Paris, plus près que Tokyo d'un possible Fukushima (Le Monde, 29 mars).
Mise à jour du 4 avril
Centrale nucléaire de Fukushima Daiichi :
— Pas de mesure de sécurité pour les travailleurs sur place : “Worker slams Tepco safety steps”- (The Japan Times, 3 avril).
“What Caused the High Cl-38 Radioactivity in the Fukushima Daiichi Reactor #1 ?” (The Asia-Pacific Journal, 30 mars).
Dans les zones contaminées :
— Mer, air, sol, nappe phréatique, aliments végétaux et animaux sont contaminés dans la préfecture de Fukushima.
— À 25 km de la centrale, dans la ville de Minamisoma, 50'000 habitants ont auto évacué volontairement, 20'000 vivent toujours sur place, dans l'isolement et la famine.
Le maire de la ville demande de l'aide :
Le Kyodonews reprend l'appel du maire et évoque la famine : “Mayor of Fukushima city in restricted area appeals to world over plight” (1er avril).
— À 70 km de la centrale, dans la ville de Fukushima, les habitants réclament de connaître la contamination des bâtiments scolaires.
France :
— Il est préférable de ne pas utiliser l’eau de pluie collectée sur les toits comme source principale d’eau potable (CRIIRAD, 1er avril).
— Suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima, la radioactivité atmosphérique (iode 131) a été multipliée par 40 à Valence ou à Romans (CRIIRAD, 1er avril).

