Infos de Poitiers
«La menace d’extrême-gauche s’est-elle estompée depuis le coup de filet de Tarnac ?
Non. Lors de grands sommets comme à Strasbourg, Vichy ou Poitiers, nous apercevons toujours une frange de l’ultragauche autonome cultivant une certaine thématique anticarcérale, antinucléaire, antisécuritaire. Ces mouvements contestataires restent vivaces et se regroupent au gré des circonstances. Cela ne veut pas dire qu’ils ne font rien entre-temps : par exemple, ils ont suivi de très près les émeutes en Grèce, accompagnées d’assassinats politiques. En France, quelques clignotants s’allument. Je pense à des actions contre l’Administration pénitentiaire, le ministère de la Justice à Paris ou encore à une vague de sabotage de distributeurs automatiques de billets. Cette situation me rappelle la mouvance autonomiste “Os Cangaceiros”, hostiles au plan prison d’Albin Chalandon en 1992 : il y avait des attentats contre les grues. Tout était fait pour ralentir les chantiers. Nous sommes confrontés à cette même mouvance situationniste reprise aujourd’hui par certains. La mort tragique d’une jeune femme issue du milieu alternatif en manipulant un engin explosif près de Chambéry avait été un signal fort. Nous sommes dans l’antichambre du passage à l’acte.»
Leur presse (entretien avec le préfet Bernard Squarcini, directeur de la DCRI - Direction centrale du Renseignement intérieur, Le Figaro), 29 juin 2010.
Poitiers : Les Six de la Fête de la musique et Alain
Nina, Sami, Clément, Mehdi sont remis en liberté sans contrôle judiciaire ; Yvane est dégagée du sien. Adrien reste malheureusement sur le carreau — je suppose qu’il en fallait au moins un pour que le montage policier fasse un peu moins baudruche qui se dégonfle… Sinon, la salle était pleine de gens (plus de 80 personnes) venus soutenir, et les avocat-e-s se sont plutôt bien défendus (en faisant en plus une défense assez collective). Le refus de la comparution immédiate a porté ses fruits : des documents présentés comme importants (en particulier le rapport de l’«expert», concernant Nina) ont été mis en pièces, et les contradictions présentes dans les dossiers largement pointées. Procès le 8 juillet.
Et Alain est mis en examen. Procès on sait pas quand.
OCL - Organisation communiste libertaire, 30 juin.
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Bagarre du 21 juin, il en reste un en prison
«Putain, y a du monde.» En entrant dans la salle, Samy, l’un des cinq détenus dans l’affaire des incidents avec la police lors de la Fête de la musique semble épaté de voir autant de personnes. Pourtant, hier après-midi, le tribunal n’a pas jugé l’affaire sur le fond mais devait simplement étudier la demande de mise en liberté des cinq jeunes soupçonnés de violence et d’outrage envers des policiers en attendant leur procès prévu le 8 juillet.
Nina. Elle aurait jeté des mouchoirs mouillés sur les caméras de sa cellule pendant sa garde à vue. Son avocate, scandalisée, dénonce surtout l’expertise médicale. «Un torchon, selon elle. On veut créer un personnage “Nina”. On dit qu’elle est incurable alors qu’elle n’a que 20 ans.» La justice accède à sa requête. Elle est libre.
Adrien. Étudiant poitevin scolarisé à Niort, il a un passé judiciaire qui ne joue pas en sa faveur. «J’avais beaucoup de mal avec l’autorité, j’ai fait des bêtises», admet-il. En détention depuis le 22 juin, son avocat pense que «l’électrochoc a déjà été donné». Le tribunal ne l’écoute pas. Il restera en prison jusqu’au 8 juillet.
Samy. Étudiant en sociologie à Toulouse, il était à la tête du mouvement lycéen à Poitiers il y a quelques années. Durant sa garde à vue, il refuse de signer le procès-verbal. Il est remis en liberté.
Medhi. Éducateur et maître-nageur, il a déjà été condamné dans une précédente affaire avec Samy en avril 2009. Il aurait tenté de s’étrangler avec un vêtement durant sa garde à vue. «C’était juste pour alerter les policiers de ma détresse.» Il est libre jusqu’au procès.
Clément. Sans profession. «Il a comparu le 23 juin avec le visage complètement tuméfié et les yeux au beurre noir», rappelle son avocate. SDF durant un temps, il s’en est sorti. «Il y a une crainte de re-désocialisation.» La crainte est levée, il est libéré.
Dans cette affaire, il y a aussi Evan, une jeune fille impliquée dans la rixe mais qui faisait l’objet d’un contrôle judiciaire. Il est levé.
Le 8 juillet, la justice reviendra en détail sur cette Fête de la musique qui a mal tourné pour une poignée de jeunes. Dans la salle, il y aura encore du monde.
Leur presse (Bruno Delion, Centre-Presse), 30 juin.
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Manif de soutien à Alain Évillard
Hier soir, une petite centaine de personnes s’est réunie devant le palais de Justice de Poitiers. Ils entendaient soutenir Alain Évillard qui doit être présenté aujourd’hui devant un juge d’instruction parisien pour avoir comparé le procureur de la République, Pierre Sennès, à Maurice Papon lors d’une manifestation organisée à Poitiers le 17 octobre 2009. Le juge devrait lui signifier sa mise en examen pour injure envers un fonctionnaire public.
Leur presse (La Nouvelle République), 29 juin.
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Pour infos Poitiers
Depuis le mouvement anti-CPE, la police de Poitiers à décider de faire le ménage dans la jeunesse militante en intimidant et réprimant les personnes les plus en vue.
Loin de se laisser réduire au silence, des militantEs ont réagit politiquement avec la création du Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux.
Cependant, nos camarades connaissent incidents à répétition avec la Bac ou le directeur de la sécurité, les procès s’enchaînent pour refus d’ADN, outrage, rébellion, etc.
Derniers évènement en date, six arrestations le lundi 21 juin pendant la Fête de la musique, et six procès en comparution immédiate ce mercredi 23 juin.
Les flics et le procureur ont remporté la première manche en mettant en détention provisoire cinq des six personnes, au prétexte que toutes refusaient la comparution immédiate après 48 heures de garde à vue !
Cinq camarades ont donc été incarcérés à la prison de Vivonne.
Nouveau procès prévu le 8 juillet.
Qu’on se le dise.
OCL, 28 juin.