G20 de Toronto : un État policier à la défense du capitalisme
Appel à une manifestation de solidarité jeudi le 1er juillet à 12h au Carré Phillips
La CLAC 2010 dénonce la répression policière d’une ampleur sans précédent au Canada intervenue à Toronto lors du Sommet du G20. À la violence policière s’ajoute l’annonce d’une série de mesures d’austérité économique (réduction de déficits, hausses de taxes, coupes dans les services sociaux), qui constituent autant de violences économiques dirigées contre les populations. Les travailleuses et les travailleurs sont appelés à payer la note pour la dernière crise financière, alors que les banques et le secteur financier, qui en sont les responsables et qui ont bénéficié de 20'000 milliards $ en plans de relance, ne se voient imposer aucune nouvelle régulation.
«Les 900 arrestations arbitraires et politiques à Toronto sont du jamais vu dans l’histoire du Canada, soit près de trois fois plus qu’en octobre 1970. Les policiers ont violé les droits fondamentaux, détenu des gens durant des heures sans accusations formelles, sans recours à un avocat, sans nourriture et sans eau. Les policiers se sont montrés coupables d’entrée par effraction sans mandat, de profilage, d’intimidation et de harcèlement, de kidnapping, d’usage démesuré de la force sur des manifestantes, des manifestants ainsi que des journalistes. Nous voyons bien qu’État policier et violence économique vont de pair», explique Danie Royer, coporte-parole de la CLAC 2010.
«Chaque jour, partout dans le monde, des gens meurent des conséquences directes des politiques sociales et économiques mises de l’avant par les élites regroupées dans cette instance illégitime qu’est le G20. Les réductions de déficit fièrement annoncées ne feront qu’empirer les conditions de vie de millions de personnes. Stephen Harper a d’ailleurs rappelé que l’objectif visé était de contenter et de rassurer les marchés financiers. Rien sur l’environnement, des miettes pour la santé des femmes, rien sur les conséquences sociales de la crise économique, dont les personnes migrantes sont les premières victimes. Tout pour consolider le capitalisme, un système économique qui privilégie une infime minorité au détriment de l’immense majorité», s’indigne Mathieu Francœur, coporte-parole de la CLAC 2010.
Ce dont nous avons été témoins à Toronto visait à faire taire la dissidence et à criminaliser les mouvements sociaux. Ce sont des tactiques bien connues pour diviser les populations, briser la résistance et imposer des politiques régressives. Nous avons franchi une nouvelle étape dans l’intensification de la répression policière et dans les concessions exigées des populations.
Nous appelons l’ensemble des mouvements sociaux à se mobiliser en solidarité avec les victimes de l’appareil répressif, qui n’ont fait qu’exprimer leur désaccord avec des politiques autoritaires, sécuritaires, racistes et antisociales.
La CLAC 2010 tiendra un rassemblement le jeudi 1er juillet 2010 à midi au Carré Phillips, à l’angle des rues Sainte-Catherine et Union, à Montréal.
Convergence des luttes anticapitalistes - CLAC 2010
Montréal, le 28 juin 2010.
La Convergence des luttes anticapitalistes de Montréal 2010 (CLAC 2010) est un réseau de groupes et d’individus qui se sont réunis pour consolider leurs luttes respectives à l’échelle locale et mobiliser leurs communautés en vue des sommets du G8 et du G20.
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Une manifestation contre les arrestations
À Toronto, une foule estimée entre 2000 à 3000 personnes a manifesté lundi devant le quartier général de la police et au centre-ville pour dénoncer les tactiques policières et, surtout, les centaines d’arrestations effectuées lors des manifestations qui ont ponctué le Sommet du G20, au cours du dernier week-end.
Le rassemblement s’est déroulé dans le calme.
Les protestataires estiment que la plupart des manifestants arrêtés étaient pacifiques et réclament que les personnes qui n’ont toujours pas été libérées soient relachées.
Les policiers, très nombreux, ont par ailleurs procédé à trois arrestations au début de la manifestation.
Les transports en commun ont été perturbés dans le centre-ville.
Comparutions en série
Selon le dernier bilan, confirmé lundi par l’équipe de sécurité intégrée du G8-G20, plus de 900 personnes ont été arrêtées au cours du week-end.
Certaines ont été relâchées sans que des accusations soient portées contre elles. Ni les policiers ni le bureau du procureur général n’ont cependant précisé le nombre de personnes libérées.
Des dizaines d’autres personnes devaient comparaître à Toronto au courant de la journée. Pas moins de cinq salles d’audience ont été réservées à cette fin dans un immeuble situé dans le nord-ouest de la Ville Reine.
La confusion semblait par ailleurs régner au palais de Justice. Les audiences n’ont pas commencé avant 14 heures, et certains des prévenus ont été obligés de changer de salle.
Une bonne partie des personnes arrêtées font face à des accusations de méfait, de rassemblement illégal, d’obstruction au travail des policiers et d’assaut contre des policiers. Certaines sont accusés de possession d’arme.
Les enquêtes visant les militants radicaux soupçonnés d’être à l’origine du grabuge se poursuivent.
Aucun procès ne devrait vraisemblablement s’amorcer avant l’automne.
Des dizaines de personnes ont été libérées sous caution, dimanche, moyennant l’engagement de rester à l’écart du centre-ville, de garder la paix et de ne pas participer à des manifestations violentes.
En prévision du sommet, le gouvernement ontarien a adopté discrètement un décret, qui a permis aux forces de l’ordre d’arrêter quiconque se trouvait à moins de 5 mètres du périmètre de sécurité et qui refusait de s’identifier.
Environ 20'000 policiers ont été déployés dans la Ville Reine pour le G20.
Sécurité omniprésente
La sécurité était omniprésente, dimanche, lors des premières comparutions de manifestants : citoyens et journalistes étaient systématiquement fouillés. À la fin de la journée, la nourriture et les appareils enregistreurs ont été interdits.
Plusieurs parents étaient notamment sur place à la recherche de leurs enfants. «On aurait pu croire qu’ils auraient été mieux organisés, a dit l’un d'eux, Jose Torro. Ils ont dépensé 1 milliard de dollars. Je me demande combien cela va coûter aux contribuables.»
Des policiers anti-émeutes se sont d’ailleurs présentés sur les lieux dans deux autobus vers 15h30. «Il y a un certain nombre de gens en cour, et ce n’est qu’une précaution pour s’assurer qu’il n’y a pas de troubles», a expliqué le sergent Peter Stehouwer.
Certaines manifestations d’opposants à la tenue du sommet ont dégénéré au cours de la fin de semaine, et plus particulièrement dans la nuit de samedi à dimanche. Des voitures de police ont notamment été incendiées et des vitrines ont été fracassées.
Plusieurs autres se sont cependant déroulées dans le calme.
L’appel d’Amnistie internationale
La section canadienne d’Amnistie internationale appelle à une enquête indépendante sur les mesures de sécurité lors des sommets du G8 et du G20. Selon l’ONG, les droits de l’homme ont été bafoués lors des manifestations.
Amnistie internationale estime que l’imposante présence policière ainsi que les actes de vandalisme ont créé une atmosphère de peur et ont empêché de nombreuses personnes de prendre part aux manifestations.
Des organisations non gouvernementales (ONG) estiment que les droits de la personne ont été bafoués lors du sommet du G20 à Toronto.
L’Association canadienne des libertés civiles avait des observateurs sur place qui ont documenté les agissements des policiers. Deux d’entre eux ont été arrêtés et n’ont pas eu accès à leur avocat. L’association pourrait déposer des poursuites au civil.
«On vit encore dans un pays où il y a la présomption d’innocence. Même s’il y a de 50 à 100 personnes qui ont fait du grabuge, ça ne donne pas le droit d’arrêter plus de 500 personnes qui n’ont rien à voir avec ça», a affirmé la porte-parole de l’organisme, Nathalie Desrosiers.
Des regroupements d’étudiants et de manifestants ont dénoncé la brutalité policière dont ils ont été victimes au cours des émeutes. Ils ont affirmé que les conditions de détention à la prison temporaire aménagée dans un studio désaffectée dans l’est de la ville étaient exécrables.
«Ils nous ont mis dans des cages avec pour seul mobilier une toilette sans porte et un banc en métal, et c’est tout. Des filles de Montréal, de Toronto, quand elles ont été arrêtées, elles ont été fouillées nues», a témoigné une manifestante.
Des hommes et des femmes ont dit avoir été tabassés par des policiers. Une personne aurait reçu une décharge de pistolet électrique Taser même si elle porte un stimulateur cardiaque. Elle a dit ne pas avoir reçu une attention médicale appropriée après cette décharge.
Des gens dénoncent des fouilles illégales, des arrestations sans motif et de mauvaises conditions de détention à la prison temporaire. Des manifestants soulignent qu’ils n’ont pas eu accès à un avocat et qu’ils ont été libérés sans accusation.
Par ailleurs, environ 300 des 450 jeunes militants qui ont quitté Montréal vendredi pour aller manifester aux sommets du G8 et du G20 manquent à l’appel.
Les responsables de la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC) manifesteront jeudi à Montréal pour dénoncer la façon dont les autorités ont traité les manifestants à Toronto.
David Miller satisfait du travail des policiers
Le maire de Toronto, David Miller, a pour sa part félicité les forces policières pour leur professionnalisme durant les manifestations de la fin de semaine.
Selon lui, les circonstances rendaient le travail des forces de l’ordre difficile. Il souligne que les policiers devaient respecter le droit des citoyens de manifester contre le G20 tout en tentant de contenir les criminels qui infiltraient les foules pacifiques afin de faire de la casse.
David Miller affirme que les citoyens mécontents du travail de la police peuvent se plaindre à la commission des services de police.
Il ajoute que des discussions sont prévues avec le gouvernement fédéral pour que les commerçants qui ont vu leur établissement saccagé soient dédommagés.
La violence retient l’attention de la presse internationale
Les titres de la presse internationale se penchent sur les manifestations et les arrestations qui ont eu lieu en fin de semaine à Toronto.
«Les rues de Toronto sont devenues un champ de bataille», a écrit le New York Daily News. «Violence et vandalisme secouent Toronto», déclarait une manchette de CNN.
En Angleterre, des médias consacraient des articles entiers aux actes de violence. L’agence Reuters, basée en Grande-Bretagne, se concentrait sur la présence policière dans certains de ses articles tout en relevant une violence surprenante dans les rues habituellement tranquilles de Toronto.
The Guardian faisait des événements violents la principale nouvelle internationale de son site internet et commentait l’arrestation de Jesse Rosenfeld, un journaliste canadien collaborateur du journal. Selon des témoins, ce dernier aurait été frappé à coups de poing par la police.
En Inde, le journal Hindu a parlé d’une ville ressemblant à un État policier. Le Times of India a par ailleurs rappelé que le Canada avait dépensé 1 milliard de dollars en mesures de sécurité pour en arriver là.
En Allemagne, le Die Tageszeitung a écrit que si cette réunion a été un peu décevante pour les leaders mondiaux, étant donné leurs désaccords et le peu de résultats obtenus, pour la police de Toronto, ce fut un désastre total.
Leur presse (Radio Canada), 29 juin.
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Vos taxes à l’œuvre…
Dans la série «vos taxes à l’œuvre», une compilation de vidéos réalisée par le Toronto Media Co-op à la gloire de l’action policière à Toronto pendant le sommet du G20…
Queen’s Park [zone de manif autorisée par la police !], samedi #1 :
Queen’s Park, samedi #2 :
Centre-ville, samedi - la police arrête violemment une femme :
Queen’s Park, samedi #3 - charge policière à cheval :
Spadina et Queen, dimanche - la police charge une foule qui chante le O Canada :
Centre ville, vendredi - un journaliste attaqué (… et confrontation de la version officielle de l’histoire) :
Voix de faits, 27 juin
Blogue de combat de l’UCL Québec.