Encore une journée de répression à Poitiers
Aujourd’hui 6 février à Poitiers, à l’appel de plusieurs associations, une manifestation calme du début à la fin, pour dénoncer les pratiques illégales de la préfecture de la Vienne, et en soutien aux sans-papier-e-s, a été de nouveau le théâtre de provocations et répressions policières.
Un cortège de 200 à 300 personnes est parti du palais de justice en direction de la préfecture, encadré par un dispositif policier démesuré : une dizaine de camions CRS, une vingtaine d’agents de la BAC, sans compter les flics présents. Tout le long du parcours, ils se sont livrés à un fichage systématique (photo, vidéo, suivi de personnes) et insultes. Au moment de la dispersion, toutes les sorties possibles devant la préfecture étaient contrôlées, un départ groupé a été décidé en direction de la place d’Armes.

Dans une rue adjacente, la BAC a interpellé violemment trois manifestant-e-s, plaqué-e-s contre le mur avec fouille et contrôle d’identité. Le cortège s’est rapproché pour protester, et veiller à la sécurité des personnes contrôlées afin qu’elles repartent avec les manifestant-e-s. À ce moment-là, avec le renfort des CRS, la BAC a essayé d’extraire les personnes contrôlées pour les embarquer. La tension a monté d’un cran, les CRS ont encerclé de très près les manifestant-e-s et la BAC a commencé à matraquer. D’autres interpellations violentes ont suivi. Les manifestant-e-s, sommé-e-s de se disperser, ne pouvaient de toute façon pas bouger car encerclé-e-s.

Finalement quatre personnes ont été embarqué-e-s, et plusieurs contrôles d’identité musclés ont été effectués, les CRS ont obligé les manifestant-e-s a évacuer les lieux. Après ces premiers événements, les manifestant-e-s sont alors repartis, toujours suivis de près par la BAC et les CRS. Des manifestant-e-s protestants contre les fichages des individu-e-s qui continuaient à se faire, se sont faits interpeller et taire de manière virulente. Un individu a alors été embarqué, ainsi qu’un autre, sans raison, se trouvant en dehors de la scène.


Après quatre heures de garde à vue, les personnes arrêté-e-s ont été relâché-e-s sur demande du procureur de la République, puisqu’aucun motif n’était valable pour les garder.
Encore une fois à Poitiers, les forces de l’ordre nous ont fait une démonstration de leur politique de répression, arbitraire et systématique, dans une volonté de casser tout mouvement de contestation quel qu’il soit : entre autres le mouvement dans l’éducation et la répression des lycéen-ne-s ces dernières semaines, les manifestions de soutien aux inculpé-e-s du 10 octobre, sans compter les surveillances continues de militant-e-s. Aujourd’hui la moindre manifestation, même «calme», est la cible de provocations et de répression. Les CRS ont une présence quotidienne dans la ville, construisant un climat d’intimidation et de criminalisation vis-à-vis de toute expression politique.
Nous ne céderons pas à cette répression. Nous réaffirmons notre soutien aux sans-papier-e-s, leur lutte, et à toutes les victimes des répressions policières et d’État.
Un rendez-vous est prévu lundi à 18 heures devant le palais de justice pour se tenir au courant des suites pour les personnes interpellées.
Des manifestant-e-s, 7 février 2010.
Six personnes en garde à vue après une manifestation à Poitiers
Six personnes ont été interpellées samedi après-midi à Poitiers à l’issue d’une manifestation de soutien aux sans-papiers organisée à l’appel du collectif contre les expulsions et pour le droit de vivre en France, a-t-on appris de source policière. Entre deux et trois cents personnes participaient à cette manifestation. En fin de manifestation, six personnes ont été interpellées puis placées en garde à vue pour «outrages, provocations et rébellion», a-t-on appris de source policière.
Leur presse (TF1), 6 février.
Le soutien aux sans-papiers dégénère à Poitiers
Placée sous une bonne escorte policière, la manifestation de soutien aux sans-papiers a dégénéré avec plusieurs interpellations.
Trois cents personnes, selon les organisateurs, ont répondu hier après-midi à l'appel du collectif contre les expulsions et pour le droit de vivre en France, largement rejointe par d'autres associations comme la Cimade Poitiers, la Ligue des droits de l'homme Poitiers et Châtellerault, Emmaüs Naintré, mais aussi par des syndicats et tous les partis de gauche.
Non à la précarité, respect des droits des étrangers, régularisation de tous les sans-papiers, tels étaient les mots d'ordre scandés par les manifestants au son de tambourins et de percussions diverses.
Six gardés à vue
«La préfecture de la Vienne fait du zèle. De telles pratiques, de telles entraves aux droits des étrangers sont aujourd'hui dénoncées par les avocats devant le tribunal administratif. Le préfet a proposé de recevoir toutes les associations concernées. Nous lui avons écrit. Nous attendons sa réponse», s'insurge Michèle Dominguez, la responsable du collectif.
De son côté, Martine Massé, de la Cimade dresse un tableau tout aussi sombre : «On crée même chez les personnes en situation régulière une véritable psychose car, du jour au lendemain, elles peuvent se retrouver en situation irrégulière, notamment au moment du renouvellement de l'autorisation provisoire de séjour. La lenteur administrative peut conduire des étrangers à perdre leurs droits : emploi, droits sociaux. Vous imaginez le traumatisme chez les enfants de ces familles précarisées !»
Et c'est en fin de rendez-vous, alors que les manifestants se trouvaient rue Théophraste-Renaudot que le rassemblement a dégénéré. Selon les manifestants, la police a interpellé un jeune homme qui venait de prendre la parole à titre personnel en dénonçant notamment la société, les banques… Un jeune homme qui a aussitôt fait l'objet d'une interpellation selon les mêmes témoignages, suivi d'autres interpellations, parfois musclées. Les manifestants se sont alors sentis pris au piège, «dans une souricière». «On était coincés rue Théophraste-Renaudot alors que la manifestation était tranquille et qu'elle se disloquait sans problème. On a ressenti de la provocation de la part des forces de police.»
«Protéger les fonctionnaires»
Hier soir au commissariat, on expliquait que six personnes avaient été interpellées et placées en garde en vue pour outrage, provocation, rébellion. «On a effectué un contrôle d'identité d'une personne avec contrôle des sacs à dos et on a été aussitôt entourés par 50 personnes qui se sont opposées en étant de plus en plus virulentes. On a fait appel à des renforts pour dégager les fonctionnaires. Après les sommations, les manifestants ont été virulents et on a procédé à des interpellations. On a retrouvé sur la première personne interpellée, des bombes de peinture et un bidon d'huile.»
Leur presse (Alain Massonneau et Jean-François Minot,
La Nouvelle République), 7 février.