Deux manifestants jugés à Montpellier

Publié le par la Rédaction

Jet de pavés sur les forces de l'ordre : sursis requis contre les viticulteurs

 

Ils étaient jugés hier en correctionnelle. Épilogue de la manifestation  du 25 novembre 2009. «Vous pensez que les policiers ont des problèmes de vue ? Alors quand l’un d’eux dit qu’il a dû éviter un pavé que vous aviez balancé, c’est faux ?» Face à la présidente, le jeune homme n’en démord pas. Soutenant, mordicus : «Je sais que je n’ai rien fait. Personnellement, je n’ai rien à me reprocher !» Ce n’est pas le cas de la justice montpelliéraine, devant laquelle cet Héraultais et son comparse de prétoire — respectivement viticulteurs à Cruzy et Tresques (Gard) — se sont retrouvés hier après-midi.

 

 

Ou l’épilogue de la manif vigneronne du 25 novembre 2009, à l’issue de laquelle avaient éclaté des échauffourées entre policiers et manifestants. Lorsque, à la fin du défilé, plusieurs dizaines de personnes avaient jeté pierres, pavés et autres projectiles sur les policiers de la brigade anticriminalité de Marseille (venue en renfort) et des CRS. Un affrontement s’étant achevé, pour les deux garçons, par leur interpellation au fond du jardin du Peyrou : après une chute pour l’un, par un coup de matraque et sept points de suture pour le second. Lequel déambulait, une paire de lunettes de ski sur le nez («contre les gaz lacrymogènes. Quand ils en balancent, tout le monde en prend») et tenant une bouteille contenant du soufre et du chlorate.

 

Mais pour Me Bonnafous, partie civile pour un policier ayant évité un pavé, aucun doute : l’un des deux est bien celui ayant visé son client. Ce dernier et ses collègues ayant poursuivi leur suspect «sans le perdre de vue. Alors soit les procès-verbaux des policiers sont des faux, soit ils sont conformes à la réalité.» De là à demander trois mille euros de dommages et intérêts et mille supplémentaire pour des honoraires… Une demande «qui serait risible si elle n’était pas triste», raille Me Karsenty, le conseil des deux viticulteurs.

 

Mais pour le parquet, «on ne peut pas venir à une manifestation avec des bombes agricoles, même pour faire du bruit, ou avec des armes. On ne peut pas. Sinon, vous renoncez, à terme, à votre droit à manifester. Vous avez, je crois, fait une contre-publicité à votre cause.» D’où ces quatre mois de prisons, intégralement assortis d’un sursis, requis à l’audience contre ces deux viticulteurs au casier vierge.

 

Pas de quoi contenter la défense. Laquelle plaide la relaxe dans un dossier «sans preuves», truffé «de nombreuses invraisemblances avec des erreurs de dates, d’heure…» Et Me Karsenty de rappeler que, le soir des faits, des policiers avaient fait état de la présence, en marge du cortège de membres de la mouvance anarchiste, visages dissimulés en train de se livrer à des caillassages. Coupables ou pas, les prévenus devront attendre pour être fixés sur leur sort : les magistrats ayant mis leur jugement en délibéré au 9 février prochain.

 

Leur presse (J.-F. Codomié,
 Midi Libre), 26 janvier 2011.

 


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