Première journée du procès de Vincennes

Aujourd’hui lundi 25 janvier a débuté le procès des dix sans-papiers accusés d’avoir participé à la révolte collective qui en juin 2008 a abouti à la destruction du centre de rétention de Vincennes.
En réalité ce procès n’a pas vraiment commencé et demain nous saurons si la juge Mme Dutartre peut continuer à présider les audiences à venir et si Nadir Autmani, en détention depuis 8 mois, sera remis en liberté.
Voici un compte rendu succinct de ce qu’il s’est passé au tribunal aujourd’hui.
Avant même l’ouverture du procès, nous avons appris que l’un des prévenus avait été arrêté dans une rafle dans le secteur de la gare du Nord et était placé en garde à vue. N’étant pas présent au début de la séance, l’audience a été suspendue jusqu’à ce qu’il soit libéré. À 15h30, le prévenu arrive et les audiences reprennent dans le brouhaha, les slogans à l’extérieur faisant écho à l’agitation à l’intérieur. Il y a encore des places dans la salle, alors que 200 personnes attendent devant exprimant de diverses façons leur solidarité avec les inculpés. Parallèlement des gens vont protester auprès du batonnier et de la présidence du tribunal. Alors que les avocats soulèvent le problème de la publicité des débats, l’épouse d’un des prévenus reconnaît la juge : c’est celle-là même qui a fait incarcérer son mari en 2005 et qui l’a mise elle sous contrôle judiciaire. Elle commence à interpeler la juge qui dément et demande aux gendarmes de la faire sortir. Deux gendarmes s’approchent mais n’insistent pas devant son refus. La juge persiste à nier, lançant aux avocats : «Vous préferez croire en vos clients plutôt qu’en le tribunal». Mauvaise foi ou démonstration d’une justice d’ abattage qui envoie chaque jour des centaines de gens croupir en prison ?
Mal à l’aise, la juge accorde tout de même quinze minutes de suspension. Pendant ce temps, des avocats vont chercher des documents attestant de cette affaire.
À la reprise d’audience, la juge décide d’abord de lire les chefs d’inculpation de chacun des prévenus :
— Violences sur dépositaires de l’autorité publique n’ayant pas entraîné d’ITT supérieure à 8 jours.
— Destruction par incendie des bâtiments du centre de rétention de Vincennes.
— Destruction de biens destinés à l’utilité ou à la décoration publique.
Trois des cinq policiers plaignants, Patrice Beaufort, Nicolas Carlot, Jérôme Dupuy, Jonathan Faure, Sandrine Schenk, Corinne Tamas sont présents.
Les avocats apportent la preuve de ce que disait l’épouse de D. et demandent à la juge qu’elle se désaisisse de l’affaire. Déstabilisée, Mme Dutartre suspend l’audience jusqu’à demain mardi 13h30.
Les enjeux de l’audience de demain sont le report du procès et surtout, si ce report est accepté, la remise en liberté de Nadir Autmani.
Soyons nombreux pour que ce procès n’ait pas lieu et que Nadir soit libéré.
Fermeture des centres de rétention !
Liberté de circulation et d’installation pour tous !
Indymedia Nantes, 25 janvier 2010.
Des nouvelles du procès de Vincennes
Ce matin, sur le chemin du palais pour sa comparution au procès, un des inculpés de Vincennes s’est fait contrôlé et arrêté à la gare du Nord (probablement lors d’une rafle, comme elles sont fréquentes à cet endroit aux heures où les gens vont au travail). Le procès dont l’audience commençait à 13h30 ne pouvait avoir lieu sans lui ! Plusieurs dizaines de personnes ont appelé au commissariat pour demander sa libération. Il a finalement été libéré vers 14 heures. L’audience, du coup suspendue, reprendra à 15h30.
L’audience devait se dérouler à la 16e chambre, salle complètement minuscule qui une fois remplie par les inculpés, avocats, flics et journalistes ne laissait pas de place à un procès public ! Finalement elle a lieu pour le moment à la 31e (quasiment au même endroit dans le palais) ; cette salle est à peine plus grande. Plus d’une centaine de personnes venues en solidarité sont présentes devant la salle. Le procès n’a pas encore commencé et devrait durer trois jours, toute présence supplémentaire y est bien sûr bienvenue !
17h15 – Suspension jusqu’à demain !
Pour ceux qui comptaient aller au tribunal en fin d’après’m. Eh oui, aux dernières nouvelles, un nouvel incident a eu lieu au procès : la juge Dutartre a déjà condamné Moïse Diakité, un des inculpés, dans une autre affaire, et serait donc potentiellement «pas impartiale» ! (dans la mesure où on pense qu’un juge puisse l’être… !)
Du coup, l’audience est suspendue jusqu’à demain 13h00. Voilà, peut être plus de précisions plus tard…
Infozone, 25 janvier - 15h40
Liste d’information pour la France sauvage.

Tensions au procès de l’incendie d’un centre de rétention
Le procès de dix étrangers soupçonnés d’avoir participé à l’incendie volontaire du centre de rétention de Vincennes (Val-de-Marne) en 2008 s’est ouvert lundi à Paris malgré plusieurs incidents.
Cet incendie, provoqué par la mort inexpliquée d’un Tunisien retenu dans ce qui était alors la plus grande structure du pays pour étrangers expulsables, avait attisé le débat sur la politique d’immigration de Nicolas Sarkozy.
Juste avant l’ouverture du procès, un des suspects qui se présentaient volontairement à l’audience a été arrêté et placé brièvement en garde à vue pour séjour irrégulier, avant d’être reconduit au tribunal.
La gendarmerie a ensuite dû intervenir devant la salle d’audience pour ramener l’ordre dans un petit groupe de militants de gauche qui demandaient à y accéder en scandant des slogans hostiles aux forces de l’ordre.
À l’ouverture des débats, la défense a soulevé plusieurs points de procédure et demandé le renvoi du procès, les échanges tournant à l’aigre entre la présidente et les prévenus.
Le procès doit se prolonger jusqu’à mercredi. Six prévenus, des Maliens et des Marocains, sont présents sur les dix visés par la poursuite.
Le feu avait pris le 22 juin 2008 après plusieurs incidents entre les surveillants et les 248 étrangers alors retenus dans ce centre. L’enquête de police a conclu à des mises à feu déclenchées dans quatre chambres différentes par l’incendie de matelas superposés.
Les associations de défense des étrangers, qui avaient organisé une manifestation devant le centre juste avant l’incendie, n’ont pas été mises en cause. L’UMP estimait alors qu’elles pouvaient avoir joué un rôle dans les événements.
Les suspects ont été mis en cause essentiellement sur la base d’enregistrements de vidéosurveillance et mis en examen pour «destruction par incendie» et «violences sur personnes dépositaires de l’autorité publique».
Leur presse (Reuters), 25 janvier.
Incendie du CRA de Vincennes : début du procès des dix auteurs présumés
Dix étrangers en situation irrégulière accusés d’avoir participé à l’incendie qui avait dévasté le 22 juin 2008 le Centre de rétention administrative (CRA) de Vincennes ont commencé à comparaître lundi devant le tribunal correctionnel de Paris.
Plusieurs dizaines de personnes ont fait le déplacement pour soutenir les prévenus à l’appel de diverses associations (MRAP, Gisti, LDH, Solidaires…) mais, faute de place, seule une minorité d’entre eux a pu accéder à la salle d’audience.
Les prévenus ont fait leur entrée en dissimulant leurs visages aux caméras. Au moins l’un d’entre eux était absent. Il a été arrêté lundi matin lors d’un contrôle d’identité gare du Nord, selon son avocate, Me Irène Terrel.
Celle-ci a dénoncé «un procès symbole d’une politique d’immigration inquiétante du gouvernement». «Le dossier d’instruction est totalement vide (…), nous allons demander un supplément d’information pour que des investigations soient menées qui permettent un procès équitable», a ajouté Me Terrel, à l’extérieur de la salle.
Sept des prévenus sont renvoyés devant la 16e chambre correctionnelle pour «destruction de bien par incendie», six le sont pour «violences sur agents de la force publique avec incapacité totale de travail de moins de huit jours». Trois d’entre eux doivent répondre des deux chefs de poursuite.
Le 22 juin 2008 dans l’après-midi, une manifestation de soutien aux étrangers se déroulait aux abords du CRA, au lendemain du décès dans des circonstances obscures d’un Tunisien de 41 ans hébergé dans ce centre de rétention.
Pendant cette manifestation, des retenus avaient commencé à dégrader les locaux. En milieu d’après-midi, plusieurs départs d’incendie étaient enregistrés, entraînant finalement la destruction des deux bâtiments du centre. Au moment de l’incendie, le CRA de Vincennes, le plus grand de France, comptait 249 retenus pour une capacité de 280 places.
Cet incendie avait suscité une vive polémique entre responsables politiques sur la politique d’immigration du gouvernement et les conditions d’accueil dans les centres de rétention.
Leur presse (AFP), 25 janvier.
