Delenda est Carthago - 25 janvier
En ce moment (ca 22h30) nos frères qui campent à elkasbah subissent des menaces de groupes armés d'armes blanches (#sidibouzid).
Tunisie : les opposants dispersent la manifestation pro-gouvernement
Plusieurs centaines de jeunes opposants ont dispersé mardi dans le centre de Tunis une manifestation de soutien au gouvernement d'union nationale, lors du premier face à face musclé entre partisans et adversaires du cabinet de transition, a constaté l'AFP.
«Vive la Tunisie libre»
«Dégagez, vermines», ont scandé des centaines de jeunes sur l'avenue Habib Bourguiba, artère centrale de Tunis, à l'adresse du premier cortège de soutien au gouvernement de transition formé le 17 janvier.
Les manifestants pro-gouvernementaux, qui remontaient l'avenue, se sont heurtés à des centaines de jeunes, parmi lesquels des supporters ultra de football, arrivant en sens inverse et les repoussant brutalement vers les rues latérales.
Les opposants ont arraché à leurs adversaires banderoles et pancartes affichant leur soutien au gouvernement, sans que les policiers présents à proximité n'interviennent.
La rue tunisienne demande chaque jour la démission du gouvernement d'union nationale, dominé par des caciques de l'ancien régime du président Zine El Abidine Ben Ali, renversé le 14 janvier par la «révolution du jasmin».
Leur presse (Agence Faut Payer), 25 janvier 2011.
Tunisie : l'opposant Moncef Marzouki pris à partie par des manifestants
L'opposant tunisien historique Moncef Marzouki a été vivement pris à partie mardi à Tunis par des manifestants sur l'esplanade de la Kasbah, qui l'ont insulté et poursuivi, le contraignant à quitter les lieux précipitamment, a rapporté une journaliste de l'AFP.
L'incident s'est produit quand l'opposant a voulu saluer la foule devant le ministère des Finances où des avocats tunisiens lançaient des slogans contre le gouvernement de transition, très décrié en raison de la présence de nombreux caciques du régime du président déchu Ben Ali.
Immédiatement, un groupe de jeunes manifestants s'est rué sur lui, en l'insultant, et le traitant d'«agent des Français et des Américains».
L'opposant a alors dû prendre la fuite, se frayant un chemin parmi la foule, poursuivi par ce groupe très agressif jusque dans les ruelles de la Médina, où d'autres manifestants se sont alors interposés.
«Ils disent que je suis un mécréant», a expliqué, essoufflé et visiblement choqué ce dirigeant de la gauche laïque âgé de 65 ans, à une journaliste de l'AFP.
«D'après moi, ils ont été envoyés par le pouvoir. Il y a une campagne contre moi, y compris sur (le réseau social) Facebook», a-t-il ajouté.
Mais pour un des manifestants qui l'a poursuivi, il s'agit seulement d'empêcher toute récupération politique de la «révolution du jasmin», d'où qu'elle vienne.
«Ça y est, tout le monde rapplique maintenant pour venir récupérer notre Révolution», explique cet homme en colère d'une quarantaine d'années, venu du centre frondeur et déshérité du pays, foyer principal de la contestation.
Le groupe qui a pourchassé Moncef Marzouki s'est ensuite vivement fait rabroué par les autres manifestants. «Ils ne savent même pas qui c'est, ils veulent juste éviter que des politiciens viennent jouer les premiers rôles», juge un manifestant.
«On ne vend pas le sang des martyrs», proclamait une banderole accrochée sous les fenêtres du Premier ministre, dénonçant toute récupération politique du mouvement.
Moncef Marzouki, issu de la gauche laïque, avait annoncé le 17 janvier sa candidature à l'élection présidentielle qui doit être organisée d'ici six mois en Tunisie, qualifiant de «mascarade» le gouvernement d'union nationale où ont été nommés à des postes-clés de nombreux ministres du président déchu Ben Ali.
M. Marzouki, ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, et fondateur du Congrès pour la République en 2001 était revenu le 19 janvier en Tunisie après de longues années d'exil en France.
Son premier geste avait été de se rendre à Sidi Bouzid (centre-ouest) pour se recueillir sur la tombe de Mohamed Bouazizi, le jeune marchand de fruits qui s'était immolé le 17 décembre à la suite d'humiliations policières, déclenchant la «Révolution du Jasmin» qui a fait tomber Ben Ali.
Leur presse (Agence Faut Payer), 25 janvier.
Tunisie : «grève générale» mercredi à Sfax, deuxième ville du pays
La section régionale de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) de Sfax, deuxième ville du pays, a appelé mardi à une «grève générale» mercredi 26 janvier, pour la dissolution du gouvernement de transition, dominé par des caciques de l'ancien régime de Ben Ali.
«L'Union régionale appelle à une grève générale dans la province de Sfax mercredi 26 janvier pour soutenir les revendications du peuple, qui demande la démission du gouvernement et la dissolution du Rassemblement constitutionnel démocratique» (RCD, ex parti au pouvoir), selon un communiqué.
Tous les adhérents sont appelés à se rassembler mercredi matin devant le siège de la section de Sfax de l'Union générale des travailleurs tunisiens (UGTT) pour participer à une manifestation.
L'union de Sfax, importante métropole économique et bastion historique du syndicalisme tunisien, a toutefois demandé d'assurer un «service minimum» dans les secteurs essentiels pour la vie de la population (eau, électricité, hôpitaux…).
L'UGTT, la puissante centrale syndicale tunisienne, a joué un rôle important dans l'organisation des manifestations de la «révolution du jasmin» qui ont abouti à la chute du régime autoritaire du président Zine El Abidine Ben Ali, qui a fui le 14 janvier en Arabie saoudite.
Elle pèse aujourd'hui fortement dans le mouvement de protestation qui réclame le départ des membres de l'équipe de Ben Ali qui occupent tous les postes clés du gouvernement de transition formé par la chute de l'ancien président le 14 janvier.
Les instituteurs du primaire observent mardi une deuxième journée de «grève illimitée» tandis que le syndicat national de l'enseignement secondaire a appelé à une journée de grève jeudi et à participer aux manifestations pour «la dissolution du gouvernement qui a été imposé» aux Tunisiens.
Leur presse (Agence Faut Payer), 25 janvier.
Devant la Primature - la Kasbah à Tunis, le 24 janvier
Tunisie : un millier de manifestants devant le siège du Premier ministre
Un millier de manifestants réclamaient de nouveau mardi matin à Tunis, devant le siège du Premier ministre, la démission du gouvernement de transition dominé par des membres du régime déchu de l'ex-président Ben Ali, a constaté une journaliste de l'AFP.
La grande majorité d'entre eux ont campé dans le froid pour la deuxième nuit consécutive sur la grande esplanade de la Kasbah, qui jouxte les bureaux du Premier ministre de transition Mohammed Ghannouchi, bravant le couvre-feu.
À peine réveillés, certains ont salué le drapeau et chanté l'hymne tunisien, avant de relancer dès 07H30 (06h30 GMT) des slogans hostiles au gouvernement, sous les regards des militaires qui gardent la place.
Des volontaires s'affairaient à distribuer du café et de la nourriture aux protestataires.
«Ils (les caciques de l'ancien régime, ndlr) doivent partir, nous resterons jusqu'à ce qu'ils partent», a déclaré à l'AFP Mehrezia Mehrez, une femme au visage voilé, encore allongée sous une couverture, venue de Kasserine (centre-ouest) avec son mari et ses deux petites filles.
«La bataille se jouera à Tunis. C'est pour cela que nous sommes venus. Il faut faire tomber le gouvernement. Ils sont comme un cancer, il faut tout nettoyer, on ne peut pas en laisser un bout», a également déclaré Lotsi Abbes, un pharmacien du sud du pays.
«On ne se satisfera pas d'un remaniement» ministériel a-t-il ajouté. (…)
Leur presse (Agence Faut Payer), 25 janvier.
Tunisie : Pour calmer la rue, les quatre ministres RCD démis
Les quatre ministres de souveraineté, issus de l'ancien régime de Ben Ali, ont été démis ce lundi soir à Tunis, dans une ultime tentative de sauver le gouvernement de transition. L'annonce sera faites officiellement mardi dans la journée, le temps de trouver quatre remplaçants crédibles. Les négociations vont bon train, pour tenter de convaincre les quatre ministres démissionnaires, trois représentant le syndicat UGTT et un représentant d'un parti politique de l'opposition, de réintégrer le gouvernement.
Radio Kalima Algérie, 24 janvier.
Bizerte
Tunisie : Sérieuse aggravation de la situation dans les prisons tunisiennes
Les familles des prisonniers politiques (dont trois appartiennent au Mouvement de la Nahdha) et des prisonniers d’opinion (des centaines de condamnés en vertu de la loi antiterroriste), attendent toujours avec angoisse la libération des leurs. Pour tenter de se faire entendre, elles font un sit-in quotidien devant le siège du ministère de la Justice et des Droits de l’Homme sans avoir reçu la moindre réponse officielle les rassurant sur leurs enfants.
Un autre élément vient conforter leur angoisse et ajouter à la préoccupation de l’opinion publique, c’est l’aggravation de la situation dans nombre de prisons, qui a vu des tirs à balles sur des prisonniers, entraînant des tués et des blessés dans les prisons de Borj Er Roumi, Messaadine, Mehdia, Monastir, à la prison de Bizerte ville et de Mornag, notamment les prisonniers Béchir Ben Youssef Ben Habib Gharbi (prison de Bizerte ville), Abdallah Ben Houssine Trabelsi (24 ans), Aymen Jelassi, Soufiane Marzouk (prison de Borj Er Roumi), Mohammed Smida, Mohammed Ali Abdellaoui, Hamdi Zarrouk (prisons de Monastir), alors que leurs familles étaient empêchées de leur rendre visite et de leur apporter le couffin.
Des familles nous ont informés à la suite de la visite qu’elles ont pu leur rendre aujourd’hui lundi 24 janvier 2011 du degré de violence que doivent affronter les prisonniers à la prison de Borj El Amri. La famille du prisonnier d’opinion Ali Kalaï a notamment été la victime du vice directeur de la prison, le dénommé Anouer. Il en a perdu quatre dents et il a une côte cassée. La famille du prisonnier d’opinion Hamed Gharbi a dit avoir trouvé son fils dans un mauvais état résultant de la peur, de la faim, du manque d’hygiène et des mauvais traitements.
[…] Pour le Bureau exécutif de l’Organisation
Le président Maître Mohammed Nouri
Liberté et Équité
Organisation Indépendante de Droits humains
Tunis, le 24 janvier.
Tunisie : La révolution ne fait que commencer
Contrairement à ce qui se dit dans la majorité des médias occidentaux, la révolution tunisienne n'est pas finie.
À Tunis, c'est l'incertitude. Personne ne peut dire, ni prévoir ce que sera le lendemain. Alors que les manifestations se poursuivent un peu partout dans le pays, pour exiger le départ du gouvernement de transition, en coulisse, les ténébreux hommes de mains de l'ancien régime s'activent.
Tous les scénarios possibles leur permettant de se recycler, d'une manière ou d'une autre, sont mis en branle.
Ils détiennent toujours la réalité du pouvoir avec le chef de l'État par intérim, le premier ministre et tous les ministères de souveraineté (intérieur, justice, affaires étrangères, défense).
Sous couvert d'une transition légale, qui respecterait la constitution (celle de Ben Ali), ils se maintiennent au pouvoir et maintiennent l'ancien système sécuritaire, en dépit d'une contestation populaire qui ne faiblit pas. Seuls deux partis politiques de l'opposition légale (le Parti Démocratique Progressiste et le parti Ettajdid) participent à ce gouvernement avec un ministre chacun, ainsi que certaines personnalités «indépendantes».
Les autres s'y refusent et ne reconnaissent pas ce gouvernement. C'est le cas de la puissantes centrale syndicale (UGTT), qui a fait démissionner ses trois ministres le lendemain de leurs nominations, lorsqu'il est clairement apparu que ce gouvernement était entre les mains des anciens collaborateurs de Ben Ali. Pour faire baisser la pression ces derniers ont finit par démissionner du RCD, le parti de Ben Ali, mais personne n'est dupe.
Derrière les beaux discours des ex-compagnons de Ben Ali, convertis subitement aux valeurs démocratiques, les vieux réflexes réapparaissent déjà, alors que la contestation se poursuit encore.
En effet, la police politique continue d'agir, discrètement, mais elle agit. «Ils refusent de comprendre qu'ils n'ont plus le droit de se mêler de la vie politique des citoyens» explique un opposant, qui ne semble pas surpris. «Nous avons fait tomber Ben Ali mais nous n'avons pas encore fait tomber son système» poursuit-il avec inquiétude.
Les écoutes téléphoniques de certains opposants ont vite repris, les surveillances, certes beaucoup moins visibles ont également repris, après quelques jours de répit.
Le quotidien La Presse, a dénoncé dans son édition du samedi 22 janvier, un filtrage d'internet, notamment de Facebook.
Un jeune artiste qui a créé sur le réseau social un compte «Tunisie, la Suisse Arabe» a été enlevé en pleine rue par la police politique qui l'a interrogé et brutalisé pendant de longues heures. D'autres militants font face, de nouveau aux intimidations et aux menaces de la police politique.
Pendant ce temps, des partis politiques de l'opposition, des personnalités politiques, des membres de l'UGTT, des représentants de la société civile, négocient pour mettre en place une institution extra-constitutionnelle, on parle d'un «Conseil de la révolution» mais le nom peut changer, qui prendrait en charge la transition en chapeautant le gouvernement et en élaborant les lois, notamment la loi électorale, pour préparer les élections, avec comme objectif une assemblée constituante.
Toutes la journée de samedi et de ce dimanche, les négociations se poursuivent pour déterminer les différentes étapes, construire un cahier des charges et obtenir l'accord du plus grand nombre.
Yahia Bounouar
Radio Kalima Tunisie, 22 janvier.
Les larmes de crocodiles
… et les tentatives visant à réduire la souveraineté du peuple
L’annonce de trois jours de Deuil national, est une manœuvre politique, menée par les apparatchiks du gouvernement BEN ALI bis, qui tend à récupérer une crédibilité anéantie. Ceux-ci, et jusqu’à la chute de leur maître, tentaient d’obtenir l’appui de puissances étrangères, pour préserver la dictature et leurs privilèges. Leur complicité dans une des plus meurtrières dictatures du monde arabe, ainsi que la complicité avérée, d’au moins un membre de l’actuel gouvernement, dans la spoliation des biens publics, affecte ce deuil d’une connotation politicienne irrecevable.
Notre peuple a réussi l’exploit de se libérer, sans interférence étrangère, sans aucun parti et sans Zaïm, d’une des plus horrible machine sophistiquée d’avilissement et de soumission d’un peuple. Il nous a, de ce fait, adressé deux messages :
Le premier, concerne son refus définitif de vivre sous le joug d’aucun pouvoir, et d’aucune élite qui ne respecte pas sa volonté. Ce faisant, il rétablit la prééminence de l’article fondamental de notre constitution, qui a trait à la souveraineté du peuple, laquelle été violée dès les premières années de l’indépendance !
Le deuxième message historiquement inédit, et dont la portée sera décisive pour l’avenir du pays, est le rejet par le peuple de tout ZAÏM (ou «homme fort») qui est à l’origine de toute les dérives dictatoriales et néo coloniales, qu’a connu notre pays depuis 56 ans !
Il appartient donc à l’élite digne de notre pays, de se mettre au service de son peuple pour la concrétisation de sa volonté, et pour couper court à toute tentative intérieure ou étrangère, de le déposséder de sa victoire, pour la liberté et la dignité ! Toute manœuvre ou tergiversation, au nom du réalisme politique, de se situer au dessous de ce niveau d’exigence, relève de la cécité égocentrique, ou de la trahison des martyrs. Martyrs, sur lesquels les ministres de l’ancien régime (encore en poste ?!), versent à présent des larmes de crocodile, alors qu’ils n’ont pris aucune distance du pouvoir criminel durant les massacres et viols, perpétrés sous leurs yeux !
Il n’y a pas de concession à tolérer, au sujet de la dissolution de l’assemblée nationale fantoche, ainsi que du sénat (dont la plus haute autorité, représentée par Kallel, a tenté la fuite) en vue de la mise en place de l’assemblée constituante (formée par des représentants de toutes les villes et villages qui se sont insurgés, et qui doivent occuper la majorité des sièges ; ainsi que des représentants des associations et partis politiques, clairement opposés à l’ancien régime, et des personnalités, y compris du RCD après sa dissolution) qui doit exercer son autorité sur le gouvernement (lequel n’aura pour mission que de conduire les affaires courantes) et de rédiger la nouvelle constitution, qui verrouillera toute possibilité de dérive anti-démocratique, ou de spoliation de la volonté populaire. Cette voie qui doit aboutir à un régime parlementaire, en rupture avec le régime présidentiel, permettra de couper court aux ambitions incongrues de certains «leaders», et de limiter les dissensions dans le rang des opposants, qui ne peuvent que parasiter le débat de fond.
Cette future constitution tunisienne qui doit garantir la souveraineté du peuple, sera bâtie sur les valeurs de justice, de liberté et d’équité ; elle doit être aussi innovante et aussi avant-gardiste, à l’image de la révolution du peuple tunisien ; dont la culture multimillénaire autorise ce rêve. Il appartient donc aux juristes, de ne pas s’enfermer dans leur savoir académique redondant, et d’être à l’écoute du peuple, pour la conception des articles de la constitution, qui doit intégrer toutes les subtilités, garantissant l’éclosion d’un développement culturel, matériel et moral, digne de notre patrimoine culturel. Il faudrait, pour ce faire, un effort de la part de l’élite tunisienne, pour combler le lourd déficit d’humilité qu’elle traine, en raison d’une culture mégalomaniaque, qui a gagné son inconscient collectif, après 56 ans de culte de la personnalité.
Il n’y a pas de concession à tolérer sur la revendication du peuple concernant le limogeage de tous les complices actifs ou passifs du régime de BEN ALI, dans le gouvernement actuel ; à L’exception, peut être, de Kamel MORJANE, qui est le seul à avoir démissionner avant la chute du chef mafieux (témoignant de son indignation pour les massacres perpétrés contre nos concitoyens). Garder MBAZAA et GHANNOUCHI, peut faire l’objet d’une concession, à la condition que GHANNOUCHI ne soit pas premier ministre, mais membre du gouvernement, ailleurs que dans un ministère de souveraineté ; tous les ministères de souveraineté doivent être entre des mains de personnalités, qui ont la confiance du peuple.
Il n’y a pas de concession à l’exigence de la demande populaire d’extradition de BEN ALI (et de sa famille en fuite) pour être jugé dans notre pays. À cette occasion, le peuple tunisien offrira une leçon de civilité et de respect des droits humains (dont notre peuple est profondément imprégné) en offrant à BEN ALI ce qu’il n’a jamais accordé a son propre peuple, à savoir le respect de son intégrité physique ainsi que celle des siens, et un procès équitable sans condamnation à la peine de mort, malgré ce que prévoit la loi (qu’il faut abroger) et les crimes contre l’humanité dont il est coupable. Ce procès, outre sa légitimité, aura une double valeur symbolique (l’une pour le futur de la Tunisie, et l’autre pour les gouvernements et «penseurs», qui nous considèrent culturellement inaptes, pour bâtir une démocratie).
J’entends ici et là des appels au refus de l’exclusion. Je partage avec conviction ce principe fondamental d’une vraie république citoyenne, mais je m’élève contre les amalgames et les généralités vidées de leur sens ! Jusque là c’est les islamistes et les citoyens dignes qui ont été exclus, et nous nous battrons jusqu’au bout, contre les relais tunisiens de la propagande occidentales (qui n’ont jamais été inquiétés par BEN ALI !!!) se présentant comme défenseurs des droits de l’homme ou de la femme, et qui réclament l’exclusion des islamistes du champ politique. Les islamistes sont les victimes du régime dictatorial et sont représentatifs d’une frange non négligeable du peuple tunisien, qu’il serait scandaleux d’exclure ! Cessez donc de les craindre, car, outre leur poids, garantissant la non ingérence étrangère dans nos affaires, ils ne représentent aucun danger dans le cadre d’un régime parlementaire, où tous les droits individuels seront consacrés par la nouvelle constitution. Quant au RCD (dont le peuple réclame la disparition !), exclure la machine qui a consolidé la dictature et généralisé l’exclusion, n’est pas faire preuve d’exclusion, mais lutter efficacement contre l’exclusion ! Si nous avions appelé à interdire toute nouvelle formation politique, fondée par les membres de l’ancien régime, ç’aurait été, en l’occurrence, faire preuve d’exclusion.
Quant au «vide politique» agité comme épouvantail par les requins de l’ancien régime, réveillez-vous, il ne date pas d’aujourd’hui, mais du temps de BEN ALI, où seule l’administration fonctionnait et continue de fonctionner aujourd’hui ! Il faut simplement nommer à leur tête des personnalités susceptibles de ne pas trahir la volonté populaire, et qui préserveront ces mêmes administrations des pillages de documents compromettants.
L’étape cruciale que nous vivons aujourd’hui, exige de chacun d’entre nous de retrouver la sérénité d’esprit, dans l’accomplissement de nos devoirs individuels et communs ; sans perdre de vue la hiérarchie des priorités, de ce moment historique.
La civilité exemplaire dont fait preuve notre peuple, autant que sa maturité exceptionnelle et sa vigilance étonnante, sont les gages d’une réussite certaine, si nous saurons éviter toutes querelles subalternes et tout attentisme, dans la réalisation des objectifs de l’heure.
P.-S. : L’interview de FRIAA, qui vient de se dérouler à l’instant où j’achève la rédaction de ce texte, ne modifie en rien la nécessité de son limogeage (pour inadéquation au poste, doublé de non adhésion manifeste à cette révolution populaire), malgré des progrès significatifs particulièrement au niveau du contenu et du ton, où, dans un exercice acrobatique (il parle enfin de la révolution !!!), il tente de se métamorphoser, en conformité avec l’actualité, en restant bien en deçà des priorités (démantèlement de tout le staff de BEN ALI, à commencer par GANZOUI, nomination de fonctionnaires propres à la tête des différentes administrations clé du ministère de l’intérieur, neutralisation de toute la police politique, qui continue son activité, même si elle se fait très discrète… etc.).
Dr. Lamjed Ben sedrine
Radio Kalima Tunisie, 21 janvier.