Dans le monde arabe, ils font la révolution ! En France, l'Éducation nationale est en grève le 10 février !?!

Publié le par la Rédaction

 

La révolution en voie d'être victorieuse en Tunisie n'est pas qu'une révolution politique. Elle est aussi une révolution sociale. Elle trouve ses racines dans la haine bien légitime contre la dictature mais aussi dans une révolte contre la vie chère, contre la hausse des prix des biens alimentaires. Pour notre part, nous n'avons pas à nous battre pour nos libertés démocratiques mais nous avons tout comme eux à nous battre sur le terrain social, en particulier sur celui de la défense du service public.

 

En France, la liberté d'expression dont nous disposons est un bien précieux à ne pas négliger. Toutefois sa valeur est fortement diminuée si ce droit de s'exprimer ne se traduit jamais en changement d'orientation politique de la part des gouvernants. Lors du mouvement d'octobre 2010, nous étions plus de deux millions dans les rues contre les réformes des retraites et nous n'avons strictement rien obtenu. Les Égyptiens, eux, entamaient au Caire la marche du million la semaine passée. Ce million symbolique était un objectif à atteindre pour ébranler Moubarak. Avons-nous ébranlé Sarkozy grâce à nos deux ou trois millions ?

 

La question de la stratégie à adopter pour combattre le gouvernement actuel se pose plus que jamais. La défaite lors d'octobre 2010 n'est pas sans rapport avec les suppressions massives de postes dans l'Éducation nationale qui sont annoncées pour la rentrée prochaine. Sarkozy et sa clique savent qu'ils ont les mains libres : suite à pareille défaite, il ne va pas être évident de reconstruire une mobilisation capable d'obtenir gain de cause. Et ils comptent bien attaquer la Sécurité sociale dans la foulée.

 

Pourtant, lors de ce mouvement contre la «réforme» des retraites, tout n'est pas à jeter, loin s'en faut. Un certain nombre de syndicalistes, ou de militants non encartés ont compris qu'il était nécessaire de mettre en œuvre un véritable blocage de l'appareil économique pour faire entendre nos revendications. Tout le monde a compris que les blocages de raffineries étaient le nerf de la guerre lors de ce conflit social. Sans le soutien des millions de manifestations, ces blocages n'auraient pas eu le même sens. Mais on ne peut pas compter sur les seules balades en centre-ville que sont trop souvent nos manifestations pour faire plier un quelconque pouvoir.

 

La CNT 21 a appelé à la grève d'aujourd'hui … mais pour y participer sur un mode qui ne peut être que critique. Comment peut-on concevoir que cette journée de grève isolée soit porteuse de perspectives ? C'est pourquoi nous pensons que l'essentiel est d'organiser des AG par établissement (surtout en cette période de vote de DHG !), par secteur, par ville … car une mobilisation radicale est à reconstruire par la base. On ne peut pas recommencer à faire une journée de grève tous les deux mois comme s'il ne s'était rien passé en octobre, comme si il n'y avait pas aujourd'hui des mouvements sociaux dans le monde nous montrant ce qu'est une réelle détermination.

 

Certes, nous n'avons pas, ici, à subir la même répression que dans les dictatures arabes vaguement maquillées en démocratie. Mais nous avons également un pouvoir corrompu qui favorise sa clique à travers, par exemple, le bouclier fiscal pendant qu'il s'attaque aux acquis sociaux, aux services d'éducation et de santé pour tous. D'ailleurs, Sarkozy, MAM et consorts ne s'y sont pas trompés puisqu'ils ont clairement laissé entendre que leur vrai ami était Ben Ali et non le peuple tunisien.

 

Aujourd'hui, les mouvements de révolte arabe nous montrent la voie.

 

Nous n'aurons que ce que nous prendrons !

 

Tract de la CNT 21, 10 février 2011.

 


Publié dans Colère ouvrière

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