Copenhague : La répression qui vient (2)
Les Black blocs menacent Copenhague
Rappelons que le Black Bloc ne désigne pas un groupe politique, mais un mode d’action : celui d’émeutiers qui affrontent la police en «blocs» compacts, masqués et vêtus de noir, et s’attaquent aux «symboles» du capitalisme (vitrines de banques, de fast-food…). Depuis le sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en novembre 1999, les Black Blocs s’invitent à la plupart des rencontres internationales.
De nombreux Black Blocs au Danemark
Selon Julien, militant anarchiste et Black Bloc à ses heures, il y aura peu de Français à Copenhague : «C’est un peu loin… Et les flics risquent de filtrer les entrées dans le pays», explique à VSD ce vétéran des émeutes de Gènes en juillet 2001. «Mais il est évident que les militants danois et allemands seront nombreux.» Hambourg et Berlin — la ville où sont nés les Black Blocs en 1980 — ne se trouvent qu’à quelques heures de route. Le contingent d’émeutiers danois devrait également être conséquent : le pays connaît une solide tradition révolutionnaire (Lénine et Rosa Luxembourg y séjournaient) ; les squatts sont nombreux à Copenhague, le plus célèbre étant le quartier autogéré de Christiania, fondé en 1971 sur une ancienne base militaire.
Les anarchistes danois savent se montrer virulents : en mai 1993, l’entrée du pays dans l’Union européenne — approuvée de justesse par référendum — provoque une véritable insurrection. Des centaines de jeunes dressent alors des barricades dans le quartier de Norrebro (proclamé «dernière zone libre d’Europe» !) Les émeutes feront des dizaines de blessés — des policiers ayant tiré à balles réelles. Les mêmes scènes de guérilla urbaine se reproduisent entre décembre 2006 et mars 2007, lors de la fermeture du squatt de Ungdomshuset, où la police affronte plusieurs centaines de Black Blocs scandinaves et allemands.
Le sommet est accusé de simple «greenwashing»
Pourquoi s’en prendre à ce forum historique ? Pour le réseau militant «Never trust a cop» («ne jamais croire un flic» : jeu de mot sur le nom anglais de la conférence, COP15), Copenhague ne constitue qu’une opération de «greenwashing» des États et des multinationales responsables du changement climatique, davantage pour se donner une image écologique que pour changer le monde. Contre le «capitalisme vert», Never Trust A Cop appelle à «passer à l’action», désignant même sur son site web certaines cibles : «les hôtels… bureaux et magasins des profiteurs du climat» au cœur de la capitale danoise, mais aussi le salon international Bright Green, organisé non loin. Au pays des éoliennes, 170 entreprises doivent y exposer les dernières innovations environnementales pour faire face au changement climatique.
Hélicoptères de combat contre Black Blocs
Reste que les Black Blocs feront face aux policiers danois, vétérans des émeutes de 1993 et de 2006-2007, rompus aux techniques de contre insurrection : en mars 2007, ils n’avaient pas hésité à utiliser des hélicoptères de combat pour mieux se déployer et venir à bout des Black blocs, en interpellant plusieurs centaines ! Prudent, Wombles, fameux site anarchiste anglophone, publie la liste des droits légaux du manifestant arrêté au Danemark…
Descente chez des militants en marge du sommet de Copenhague
La police danoise fait tout pour prévenir d’éventuels débordements en marge du sommet de Copenhague. Elle a effectué dans la nuit de mardi à mercredi une descente dans un bâtiment de la ville où des militants étrangers passaient la nuit et saisi du matériel pouvant servir à des actes de désobéissance civile. La police n’a pas précisé la nature du matériel confisqué ni les détails de cette opération durant laquelle elle n’a procédé à aucune interpellation.
Les forces de l’ordre danoises, qui ont mobilisé la moitié de ses effectifs pendant la durée de la conférence des Nations unies sur le climat, craint des débordements de la part de groupuscules, en marge des manifestations prévues à la fin de la semaine et lors de la venue des chefs d’État, le 18 décembre.
Une action «disproportionnée» pour les ONG
Pour Tannie Nyboe, porte-parole du groupe Climate Action Justice, cette action «disproportionnée» «donne une mauvaise image du Danemark, qui a envoyé 300 policiers en tenue de combat, réveillant en pleine nuit une centaine de visiteurs étrangers de notre mouvement et d’autres ONG». Ce dortoir, situé à Noerrebro, quartier populaire de Copenhague, est «gratuit, ouvert à tous ceux qui ne peuvent pas payer une chambre d’hôtel», a-t-elle précisé.
La police a saisi, selon elle, «des outils utilisés pour mettre en état le bâtiment, des échelles destinées à placer des détecteurs anti-incendie, des affiches et des guides pour les visiteurs prodiguant des conseils pendant les manifestations». Ce lieu perquisitionné «n’abrite pas» des locaux de réunion de Climate Action Justice ou d’autres groupes, a-t-elle ajouté. «Nous avions eu une réunion avec la police où nous avions indiqué à quoi il allait servir. Il suffisait qu’elle nous appelle pour le confirmer, au lieu de faire cette action de force inutile et désagréable pour nos invités», a jugé Tannie Nyobe.
Un arsenal de «désobéissance civile» découvert à Copenhague
Sous le mot d’ordre «Reprenons le pouvoir !», plusieurs mouvements se sont jurés de perturber l’événement, qui s’est ouvert le 7 décembre et qui doit s’achever le 18 en présence d’une centaine de chefs d’État et de gouvernement.
La cache, voisine du lieu où sont logés plusieurs centaines de militants écologistes, contenait 58 tubes de néons remplis d’un mélange de peinture et d’huile, 193 boucliers en bois, neuf casiers métalliques à roulettes et 200 caisses de bouteilles de lait en plastique, autant d’objets utilisables «dans le cadre d’un mouvement de désobéissance civile pendant des manifestations», assurent les forces de l’ordre.
Selon un représentant de la police danoise, des néons remplis de peinture ont déjà été jetés sur les pare-brise de véhicules de police pour aveugler les conducteurs.
Quant aux caisses de lait, fixées aux casiers métalliques, «elles servent évidemment d’escaliers pour franchir des clôtures», a-t-il expliqué, ajoutant que l’un des boucliers en bois portait le slogan «Reprenons le pouvoir».
La police n’a procédé à aucune arrestation, mais l’un des mouvements visés s’est indigné de ses méthodes.
«Il est totalement incroyable que la police fasse irruption à 03h00 du matin dans un dortoir et intimide les hôtes», déclare Tannie Nyboe, membre de Climate Justice Action, dans un communiqué.
À Copenhague, les commerçants craignent les casseurs
«Ceux qui ont vu par le passé leurs vitrines brisées s’inquiètent de l’éventualité d’un déferlement de casseurs dans les rues et nous ne pouvons que leur conseiller de protéger leurs devantures si leurs boutiques se trouvent sur le parcours de la manifestation», a déclaré à l’AFP Lars-Christian Borg, un des porte-parole de la police.
Des enseignes américaines comme 7-Eleven et McDonald’s ainsi que des banques, cibles préférées des casseurs, ont été victimes par le passé d’actes de vandalisme. Les plus exposées ont déjà pris des mesures pour couvrir leurs façades ou engager des vigiles pour patrouiller à leur proximité.
La manifestation du 12 décembre, qui devrait réunir entre 40'000 et 80'000 personnes, selon les estimations respectives de la police et des organisateurs, devrait être «pacifique», espèrent les organisateurs.
Mais des groupuscules violents d’extrême-gauche ont déjà menacé sur internet de fondre sur la ville pour protester contre des négociations qui ne répondent pas, selon eux, aux inquiétudes réelles des pays pauvres les plus menacés par le réchauffement climatique.
Les forces de l’ordre ont mis en garde contre toute violence en se déclarant prêtes à y répondre avec «fermeté».
«Nous ne tolérerons pas que les casseurs fassent la loi», a affirmé M. Borg, rappelant aux visiteurs que les durées de garde à vue ont été prolongées jusqu’à 12 heures et les amendes et peines de prison pour troubles à l’ordre public alourdies.
Les autorités danoises ont également réinstauré le contrôle aux frontières terrestres et maritimes avec l’Allemagne, la Suède et la Norvège, afin «d’empêcher des fauteurs de troubles potentiels d’entrer sur le territoire».
Ce contrôle «durera aussi longtemps que nous le jugerons nécessaire», a prévenu le porte-parole.
«Tous et toutes à Copenhague», «RDV à Copenhague», «See you on the barricades!»… Des sites web anarchistes appellent à des actions violentes de type «Black Blocs» samedi 12 et dimanche 13 décembre dans la capitale danoise, en marge du sommet des Nations Unies sur le climat.
Rappelons que le Black Bloc ne désigne pas un groupe politique, mais un mode d’action : celui d’émeutiers qui affrontent la police en «blocs» compacts, masqués et vêtus de noir, et s’attaquent aux «symboles» du capitalisme (vitrines de banques, de fast-food…). Depuis le sommet de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle en novembre 1999, les Black Blocs s’invitent à la plupart des rencontres internationales.
De nombreux Black Blocs au Danemark
Selon Julien, militant anarchiste et Black Bloc à ses heures, il y aura peu de Français à Copenhague : «C’est un peu loin… Et les flics risquent de filtrer les entrées dans le pays», explique à VSD ce vétéran des émeutes de Gènes en juillet 2001. «Mais il est évident que les militants danois et allemands seront nombreux.» Hambourg et Berlin — la ville où sont nés les Black Blocs en 1980 — ne se trouvent qu’à quelques heures de route. Le contingent d’émeutiers danois devrait également être conséquent : le pays connaît une solide tradition révolutionnaire (Lénine et Rosa Luxembourg y séjournaient) ; les squatts sont nombreux à Copenhague, le plus célèbre étant le quartier autogéré de Christiania, fondé en 1971 sur une ancienne base militaire.
Les anarchistes danois savent se montrer virulents : en mai 1993, l’entrée du pays dans l’Union européenne — approuvée de justesse par référendum — provoque une véritable insurrection. Des centaines de jeunes dressent alors des barricades dans le quartier de Norrebro (proclamé «dernière zone libre d’Europe» !) Les émeutes feront des dizaines de blessés — des policiers ayant tiré à balles réelles. Les mêmes scènes de guérilla urbaine se reproduisent entre décembre 2006 et mars 2007, lors de la fermeture du squatt de Ungdomshuset, où la police affronte plusieurs centaines de Black Blocs scandinaves et allemands.
Le sommet est accusé de simple «greenwashing»
Pourquoi s’en prendre à ce forum historique ? Pour le réseau militant «Never trust a cop» («ne jamais croire un flic» : jeu de mot sur le nom anglais de la conférence, COP15), Copenhague ne constitue qu’une opération de «greenwashing» des États et des multinationales responsables du changement climatique, davantage pour se donner une image écologique que pour changer le monde. Contre le «capitalisme vert», Never Trust A Cop appelle à «passer à l’action», désignant même sur son site web certaines cibles : «les hôtels… bureaux et magasins des profiteurs du climat» au cœur de la capitale danoise, mais aussi le salon international Bright Green, organisé non loin. Au pays des éoliennes, 170 entreprises doivent y exposer les dernières innovations environnementales pour faire face au changement climatique.
Hélicoptères de combat contre Black Blocs
Reste que les Black Blocs feront face aux policiers danois, vétérans des émeutes de 1993 et de 2006-2007, rompus aux techniques de contre insurrection : en mars 2007, ils n’avaient pas hésité à utiliser des hélicoptères de combat pour mieux se déployer et venir à bout des Black blocs, en interpellant plusieurs centaines ! Prudent, Wombles, fameux site anarchiste anglophone, publie la liste des droits légaux du manifestant arrêté au Danemark…
Leur presse (Dominique Sanchez, VSD), 10 décembre 2009.
Descente chez des militants en marge du sommet de Copenhague
Les quelque 300 policiers danois présents sur les lieux n’ont interpellé personne…
La police danoise fait tout pour prévenir d’éventuels débordements en marge du sommet de Copenhague. Elle a effectué dans la nuit de mardi à mercredi une descente dans un bâtiment de la ville où des militants étrangers passaient la nuit et saisi du matériel pouvant servir à des actes de désobéissance civile. La police n’a pas précisé la nature du matériel confisqué ni les détails de cette opération durant laquelle elle n’a procédé à aucune interpellation.
Les forces de l’ordre danoises, qui ont mobilisé la moitié de ses effectifs pendant la durée de la conférence des Nations unies sur le climat, craint des débordements de la part de groupuscules, en marge des manifestations prévues à la fin de la semaine et lors de la venue des chefs d’État, le 18 décembre.
Une action «disproportionnée» pour les ONG
Pour Tannie Nyboe, porte-parole du groupe Climate Action Justice, cette action «disproportionnée» «donne une mauvaise image du Danemark, qui a envoyé 300 policiers en tenue de combat, réveillant en pleine nuit une centaine de visiteurs étrangers de notre mouvement et d’autres ONG». Ce dortoir, situé à Noerrebro, quartier populaire de Copenhague, est «gratuit, ouvert à tous ceux qui ne peuvent pas payer une chambre d’hôtel», a-t-elle précisé.
La police a saisi, selon elle, «des outils utilisés pour mettre en état le bâtiment, des échelles destinées à placer des détecteurs anti-incendie, des affiches et des guides pour les visiteurs prodiguant des conseils pendant les manifestations». Ce lieu perquisitionné «n’abrite pas» des locaux de réunion de Climate Action Justice ou d’autres groupes, a-t-elle ajouté. «Nous avions eu une réunion avec la police où nous avions indiqué à quoi il allait servir. Il suffisait qu’elle nous appelle pour le confirmer, au lieu de faire cette action de force inutile et désagréable pour nos invités», a jugé Tannie Nyobe.
Leur presse (20 Minutes), 9 décembre.
Un arsenal de «désobéissance civile» découvert à Copenhague
La police de Copenhague, où se déroule le sommet sur le réchauffement climatique, a mis la main dans la nuit de mercredi à jeudi sur un arsenal de «désobéissance civile» à l’usage, dit-elle, de manifestants désireux d’en découdre.
Sous le mot d’ordre «Reprenons le pouvoir !», plusieurs mouvements se sont jurés de perturber l’événement, qui s’est ouvert le 7 décembre et qui doit s’achever le 18 en présence d’une centaine de chefs d’État et de gouvernement.
La cache, voisine du lieu où sont logés plusieurs centaines de militants écologistes, contenait 58 tubes de néons remplis d’un mélange de peinture et d’huile, 193 boucliers en bois, neuf casiers métalliques à roulettes et 200 caisses de bouteilles de lait en plastique, autant d’objets utilisables «dans le cadre d’un mouvement de désobéissance civile pendant des manifestations», assurent les forces de l’ordre.
Selon un représentant de la police danoise, des néons remplis de peinture ont déjà été jetés sur les pare-brise de véhicules de police pour aveugler les conducteurs.
Quant aux caisses de lait, fixées aux casiers métalliques, «elles servent évidemment d’escaliers pour franchir des clôtures», a-t-il expliqué, ajoutant que l’un des boucliers en bois portait le slogan «Reprenons le pouvoir».
La police n’a procédé à aucune arrestation, mais l’un des mouvements visés s’est indigné de ses méthodes.
«Il est totalement incroyable que la police fasse irruption à 03h00 du matin dans un dortoir et intimide les hôtes», déclare Tannie Nyboe, membre de Climate Justice Action, dans un communiqué.
Leur presse (Reuters), 9 décembre.
À Copenhague, les commerçants craignent les casseurs
De nombreux commerçants du centre-ville de Copenhague se sont adressés à la police pour exprimer leur crainte du vandalisme lors de la grande manifestation prévue samedi en marge du sommet mondial sur le climat, a indiqué mardi un responsable policier.
«Ceux qui ont vu par le passé leurs vitrines brisées s’inquiètent de l’éventualité d’un déferlement de casseurs dans les rues et nous ne pouvons que leur conseiller de protéger leurs devantures si leurs boutiques se trouvent sur le parcours de la manifestation», a déclaré à l’AFP Lars-Christian Borg, un des porte-parole de la police.
Des enseignes américaines comme 7-Eleven et McDonald’s ainsi que des banques, cibles préférées des casseurs, ont été victimes par le passé d’actes de vandalisme. Les plus exposées ont déjà pris des mesures pour couvrir leurs façades ou engager des vigiles pour patrouiller à leur proximité.
La manifestation du 12 décembre, qui devrait réunir entre 40'000 et 80'000 personnes, selon les estimations respectives de la police et des organisateurs, devrait être «pacifique», espèrent les organisateurs.
Mais des groupuscules violents d’extrême-gauche ont déjà menacé sur internet de fondre sur la ville pour protester contre des négociations qui ne répondent pas, selon eux, aux inquiétudes réelles des pays pauvres les plus menacés par le réchauffement climatique.
Les forces de l’ordre ont mis en garde contre toute violence en se déclarant prêtes à y répondre avec «fermeté».
«Nous ne tolérerons pas que les casseurs fassent la loi», a affirmé M. Borg, rappelant aux visiteurs que les durées de garde à vue ont été prolongées jusqu’à 12 heures et les amendes et peines de prison pour troubles à l’ordre public alourdies.
Les autorités danoises ont également réinstauré le contrôle aux frontières terrestres et maritimes avec l’Allemagne, la Suède et la Norvège, afin «d’empêcher des fauteurs de troubles potentiels d’entrer sur le territoire».
Ce contrôle «durera aussi longtemps que nous le jugerons nécessaire», a prévenu le porte-parole.
Leur presse (AFP), 8 décembre.