Contre LOPPSI en Ariège, on investit la préfecture, on cadenasse la grille et on escalade des terrasses pour déployer des banderoles
Foix : Tapage protestataire des militants du Raal
Onze militants du Réseau Actions Ariège Liberté (RAAL) ont été entendus par autant d'enquêteurs du commissariat de Foix, renforcés par des collègues de Pamiers, hier après-midi. Des bureaux avaient réquisitionné pour que les onze auditions puissent se dérouler simultanément.
Ils sont sortis au compte-gouttes des locaux de l'hôtel de police, sous les applaudissements, les vivats les roulements de tambour et les sifflets d'une cinquantaine de manifestants rassemblés sur le bitume, qui les attendaient au rythme des percussions, sous l'œil impassible d'une vingtaine de policiers en tenue de maintien de l'ordre, casques et matraques au côté.
Parmi ces militants se trouvaient deux élus ariégeois : le maire de Montagagne, Dominique Masset, et l'adjoint au maire de Laroque d'Olmes, Jean-Charles Sutra. Tous ont participé, le 19 janvier dernier, à l'occupation de la préfecture et à une manifestation contre la loi Loppsi 2. Les onze militants entendus hier faisaient partie d'un groupe qui avait investi les locaux, cadenassé la grille et escaladé deux terrasses pour déployer des banderoles. À la suite de cette action, une plainte a été déposée par la préfecture. Tranquillement, Jean-Luc Beraud, l'un des fondateurs du Raal, confirme, mais apporte quelques nuances : «Nous ne contestons rien. La manifestation n'était pas autorisée, mais nous n'aurions pas pu annoncer à l'avance nos objectifs. Les militants se trouvaient bien à l'intérieur des locaux. Mais nous n'avons empêché personne d'entrer ou de sortir. Notre seul but, c'est d'être visibles, de faire du bruit.»
Objectif atteint. Alors que la loi Loppsi 2 a été adoptée sans vacarme, l'association a réussi à attirer l'attention sur ce texte qualifié de «liberticide» par ses opposants. «Ce texte franchit un cap en diminuant le pouvoir de la justice et des maires, analyse Jean-Luc Beraud. C'est le cas dans le domaine des expulsions, par exemple. Et il a suscité une certaine mobilisation des gens qui ont choisi des habitats alternatifs. C'est le plus emblématique. Mais la loi permet aussi au préfet de valider l'installation de caméras de surveillance sans l'aval des élus. Il organise aussi la comparution des mineurs devant le tribunal sans passage obligatoire devant le juge des enfants.» Le Réseau annonce d'ailleurs de nouvelles actions sur ces différents thèmes. Mais en gardant le bénéfice de la surprise, bien sûr.
L'appel au «tapage» lancé par le Réseau Actions Ariège Liberté (RAAL) a bien été… entendu. Il a rythmé l'audition, au commissariat, des onze militants qui ont «occupé» la préfecture, le 19 janvier dernier.
«Je pense qu'il y aura des suites» — C'est le sentiment qu'a exprimé Dominique Masset, le maire de Montagagne, à la fin de son audition par les enquêteurs du commissariat de Foix. Comme les autres militants du RAAL, l'élu ariégeois n'a pas fait de commentaires sur l'action menée à la préfecture. «Je pense qu'il y aura des suites en justice, confiait-il à sa sortie de l'hôtel de police. Désormais, le dossier part entre les mains de la justice.» Les onze militants ont été entendus à la suite d'une plainte émanant de la préfecture, pour l'occupation des lieux, et pour l'organisation d'une manifestation non autorisée.
Le chiffre : 50 manifestants > En soutien aux militants de l'association. Tandis que les onze militants du Réseau Actions Ariège Liberté étaient entendus par les enquêteurs, ils étaient une cinquantaine, sur le bitume, à manifester bruyamment leur soutien, sous l'œil impassible d'une vingtaine de policiers. «Faire du bruit, c'est notre objectif. Le Réseau entend multiplier les actions visibles, médiatiques et non violentes, comme le 19 janvier, à la préfecture.»
Leur presse (Jean-Luc Beraud,
La Dépêche), 3 février 2011.
Foix : Convoqués au commissariat après la «réquisition» de la préfecture
Plus d'une dizaine de militants du Réseau action Ariège Liberté est convoquée au commissariat de Foix, cet après-midi, à la suite de la «réquisition» de la préfecture, voici quelques jours, «en protestation des lois liberticides et plus particulièrement de la loi Hortefeux dite Loppsi2». Ils sont onze, au total, à devoir être entendus par les enquêteurs : six militants du Raal qui se trouvaient à l'intérieur des locaux, trois qui étaient montés sur des terrasses du bâtiment, et deux qui en avaient escaladé une seconde.
«Ils ont cadenassé les grilles et ont empêché les gens d'aller et venir librement. C'est une entrave à la liberté du travail. D'autre part, leur manifestation n'était pas autorisée, c'est un attroupement sauvage» : voilà, selon nos sources, ce qui est reproché aux activistes du Réseau tout nouvellement créé.
Reste que cette convocation va fournir une nouvelle tribune pour leur cause. Sur les différents sites Internet qui relaient les idées du Raal, on trouve depuis quelques jours un appel à la mobilisation et au «tintamarre» : «Nous voulons transformer cette convocation en une dénonciation des lois liberticides et plus particulièrement de la loi Hortefeux dite Loppsi2. Pour cela, vous êtes cordialement invités à venir nombreux munis de panneaux, banderoles et matériel de tintamarre devant le commissariat, à partir de 14h45. Nous ne resterons pas silencieux ! Ça va faire du bruit !»
Le Raal, fondé voici peu, entend visiblement multiplier les actions pour se faire entendre, en opposition aux atteintes aux libertés qu'ils dénoncent dans la loi Hortefeux, en matière d'expulsions notamment.
Leur presse (La Dépêche), 2 février 2011.
Foix : La préfecture «réquisitionnée»
Au début des années «90», le préfet Frémont avait coutume de dire que la préfecture appartient aux citoyens de la nation. Il a été pris au mot, hier, par des manifestants pacifiques qui ont symboliquement mis en «réquisition» les locaux, à l'aide d'affiches et de banderoles. Il s'agissait d'une action du RAAL (Réseau Actions Ariège Libertés) qui proteste contre le projet de loi LOPPSI2, qualifié de liberticide par les opposants.
Actuellement devant le Sénat, LOPPSI2 est la onzième loi sécuritaire depuis 2002. Selon RAAL qui avait réuni une cinquantaine de personnes à la mairie de Foix, ce nouveau projet «cible les populations fragiles et veut généraliser les fichages et la surveillance vidéo, durcir le droit pénal, accroître les droits de toutes les polices tout en diminuant les garanties judiciaires et la notion de prévention». Le texte de loi fait 66 pages et touche de larges domaines. Notamment celui de l'habitat. Selon RAAL, le préfet aura quasiment les pleins pouvoirs pour expulser, au besoin par la force, qui il voudra «au nom de la salubrité, de la sécurité et de la tranquillité publique», le tout sans obligation de relogement.
En Ariège les gens qui vivent dans un habitat précaire, vétuste pourront être ciblés. RAAL qui prévoit d'autres «actions non violentes, mais visibles» invite les gens à dire non à ce processus qui nous mène «sur le chemin de la dictature». Une manifestation est prévue samedi à Toulouse, rue Frédéric-Mistral.
Leur presse (La Dépêche), 20 janvier.